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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

18 juillet 2022

Tramways de Marseille : de l'art délicat du consensus politique

La Ville de Marseille et la Métropole ne cachent plus leurs divergences concernant le développement du réseau de tramways de Marseille.

Deux objets de clivage

Premier cas, l'extension au nord vers le quartier de la Castellane (à ne pas confondre avec la place Castellane, déjà desservie, située en lisière du centre, en haut de la rue de Rome). Après avoir desservi le lycée Saint Exupéry, le tracé privilégié par la Métropole longe l'autoroute A55, empruntant la traverse Pradel, pour rejoindre le pôle d'échanges de la future gare de Saint André. La Ville souhaiterait faire un crocher, d'environ 1200 m, rejoignant le littoral afin de desservir au plus près le quartier de Saint André. Le premier présente en revanche l'avantage d'être un peu moins onéreux et d'esquiver en partie les questions de circulation automobile et de stationnement. Outre le coût supplémentaire et l'allongement d'environ 5 minutes du trajet, le second impliquerait 2 franchissements des voies ferrées, mais élargirait la chalandise de la ligne.

Pour l'instant, le tramway devrait être prolongé en 2028 dans une première phase d'Arenc jusqu'au lycée Saint Exupéry ce qui pourrait laisser le temps de calmer le jeu. Le quartier de La Castellane ne serait atteint qu'en 2030.

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Marseille - Boulevard de Dunkerque - 14 février 2014 - La reconquête de la Joliette est accompagnée par le tramway. Le prolongement vers les quartiers nord se fera-t-il au plus court ou par un crochet longeant le front de mer à Saint André ? Et pourquoi pas les deux ? © transporturbain

Sur le fond, le besoin est tel qu'on pourrait suggérer de pacifier le débat en ne choisissant pas, avec un tracé direct vers La Castellane et une antenne, qui ferait terminus à la future gare de Saint André, desservant le quartier.

Deuxième cas (difficile de savoir à ce stade si c'est le second...), la section entre la Préfecture et les Catalans : la Ville ne veut pas entendre parler de ce projet, ne lésinant pas sur les qualificatifs excessifs - donc sans valeur - pour le critiquer, alors qu'il fait lui aussi partie de l'accord conclu avec l'Etat pour essayer de rattraper le retard abyssal de développement des transports en commun. La mairie dénonce cette branche du réseau, qui selon lui imposerait de lourds travaux sur le cours Pierre Puget et l'avenue de Corse. En réalité, le différend porterait plus sur l'ordre de réalisation des prolongements, la Ville voulant assurer la priorité à la branche nord.

Pas besoin de Pastis dans la ratatouille : que les élus de la Ville et de la Métropole se mettent d'accord dans un Ferry Boat et rangent leurs ego au vestiaire pour l'intérêt de leurs administrés !

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Marseille - Boulevard de la Corderie - 15 février 2014 - Un cliché à messages multiples. D'abord la desserte de cet axe important au pied de Notre Dame de la Garde, qui draine les différentes lignes du quartier, posant à terme la question de l'organisation de la complémentarité entre les bus et le futur tramway (correspondance ou itinéraire complémentaire jusqu'au Vieux Port ?). Ensuite rappeler l'utilité du trolleybus à Marseille, avec le souvenir des lignes aériennes, démontées peu de temps après ce cliché. © transporturbain

D'autres projets semblent avancer plus calmement

Pour l'instant, la desserte de la Belle de Mai semble à l'abri de ces joutes marseillaises. Elle arriverait par le boulevard National, passant sous les voies de la gare Saint Charles, et se brancherait sur les actuelles voies du boulevard Longchamp. Les études envisagent aussi une branche rejoignant Arenc pour un maillage avec le réseau existant.

Enfin, les études se poursuivent sur un autre projet entre la gare de la Blancarde et Sainte Marguerite - Dromel : l'usage partiel de l'emprise ferroviaire semble confirmé, avec maintien néanmoins du trafic fret (déchets ménagers) moyennant des exclusions temporelles (pas de tram pendant le passage du train et réciproquement) et une adaptation de l'infrastructure : le tram devra rouler sur une infrastructure ferroviaire, mais il est probable que la ligne aérienne 750 V soit utilisée uniquement par le service voyageurs. Dans le quartier de La Capelette, le tramway quittera l'emprise existante et rejoindra les voiries d'un quartier transformé.

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La question de l'exploitation du réseau

Il faudra rapidement envisager le nouveau schéma d'exploitation intégrant le prolongement au sud en cours de réalisation depuis la place Castellane vers La Gaye puis La Rouvière de sorte à éviter des lignes trop longues, notamment dans la perspective d'une ligne La Castellane - La Rouvière. Sur cette diamétrale nord-sud, il ne faudrait pas écarter la possibilité de services partiels faisant terminus au métro : venant du nord à Capitaine Gèze et au sud soit à Sainte Marguerite - Dromel soit place Castellane (cette dernière ayant l'avantage de donner accès aux 2 lignes).

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Marseille - Rue de Rome - 3 juillet 2015 - La ligne T3 constituera la future grande diamétrale nord-sud dont il faudra tout de même examiner les modalités d'exploitation, tant pour des raisons de régularité que d'adéquation au trafic selon les différentes sections. © transporturbain

A ce stade, la ligne T2 devrait abandonner la desserte d'Arenc pour rejoindre les Catalans. Les projets en cours d'étude ne sont pas encore attribués. On peut supposer que T2 pourrait être prolongée de la gare de La Blancarde vers Sainte Marguerite - Dromel par l'ancienne voie ferrée, à condition de trouver une solution sur le parvis de la gare de La Blancarde. C'est donc plutôt autour de la desserte de la Belle de Mai que pourraient se concentrer les réflexions.

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Marseille - Canebière - 20 janvier 2020 - Cette rame de la ligne T2 quitte la Canebière et rejoint le cours Belsunce en direction de la Joliette et d'Arenc. A terme, il est probable qu'elle prenne l'autre bretelle pour emprunter la rue de Rome jusqu'à la Préfecture et desservir ensuite la nouvelle section vers les Catalans, objet de tensions entre la Ville et la Métropole. © transporturbain

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16 juillet 2022

Petite comparaison des tramways modernes européens

Les dossiers de transporturbain vous proposent de nombreuses pages consacrées aux principaux modèles de tramway circulant en Europe.

Il fallait, un peu comme dans un magazine automobile, procéder à un comparatif entre les différents matériels. Nous avons mis de côté le point de vue du conducteur (mais si certains passent par là, nous les invitons à commenter notre publication) dans ce nouveau dossier qui vous permettra (du moins on l'espère) de rester un peu à l'ombre voire au frais !

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Prague - Nemesti Republiky - 28 mai 2019 - Les ForCity Alfa circulant à Prague et à Riga disposent d'une qualité de roulement de haut niveau et d'une insertion en courbe qui n'altère que modérément la vitesse du fait de bogies réellement pivotants et d'un double étage de suspension. Ce matériel au gabarit 2,50 m et à caisses de longueur intermédiaire est en revanche adapté à des gabarits relativement généreux. Un sérieux prétendant dans ce comparatif ! © transporturbain

13 juillet 2022

Genève : le Tramlink remplacera les DAV

Les TPG ont notifié à Stadler l'attribution d'un marché assez conséquent puisque la tranche ferme porte sur 38 rames de 44 m, au gabarit 2,30 m, offrant 250 places. Les Tramlink remplaceront les DAV Be 4/8 du réseau genevois, parvenant en fin de vie et surtout d'une capacité qui ne correspond plus aux besoins de l'exploitation. Une tranche conditionnelle de 25 rames est également prévue, destinée à couvrir les extensions du réseau.

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L'architecture du Tramlink apparaît plus adaptée que celle des Tango, pénalisés par de nombreux escaliers à bord, aux extrémités mais aussi en milieu de rame, soit au-dessus des bogies moteurs. Le Tramlink ici présenté propose une configuration plus classique, mais on notera la subsistance de portes simples aux extrémités, ce qui apparaît un peu dommage (mais il doit y avoir des questions de gabarit en courbe).

Après Berne, Bâle Zurich (pour le Limmatalbahn) et Lausanne, le Tramlink l'emporte à Genève : ce tramway désormais suisse mais venu d'Espagne serait-il en passe de devenir la nouvelle plateforme de référence ?

A cette occasion, transporturbain reconfigure son dossier consacré aux matériels roulants particuliers - et désormais pour partie réformés - de Suisse.

10 juillet 2022

Les transports urbains à Turin

Cela fait bien longtemps que transporturbain avait inscrit sur ses tablettes le réseau de la capitale du Piémont italien... mais il aura fallu être patient. A Turin, le métro est bien connu des français puisque c'est un VAL tout ce qu'il y a de plus classique (et d'efficace), mais c'est à vrai dire la seule ligne de transports en commun présentant une qualité de service incitant à leur usage. Le réseau de surface procure une impression particulière car le potentiel est réel, mais l'exploitation reste assez chaotique du fait d''aménagements assez peu favorables aux tramways et aux autobus, d'une information plus que minimaliste (et pas toujours cohérente) et de lignes de tramways dotés d'un matériel obsolète, d'une propreté douteuse et d'un agrément des plus limités.

Turin jouit d'une réputation assez singulière car, depuis 40 ans, un tiers du réseau de tramways n'est pas exploité... mais ce n'est pas toujours le même tiers ! Ajoutez des expériences malheureuses sur le matériel roulant, une offre irrégulière et de consistance à la fois limitée et assez erratique. C'est le résultat d'une politique qui, en apparence, préserve les tramways, mais sans réellement les défendre ni les développer : la gouvernance n'est pas nécessairement en cause, car il faut souligner que le Gruppo Torinese di Transporti assure aussi la gestion du stationnement dans la ville et peut donc réguler en partie le trafic automobile par ce biais.

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Turin - Piazza dell Statuto - 23 mai 2022 - Terminus de la ligne 10, cette place est un carrefour assez important du réseau de tramways encore exploité. La motrice 5052, avec son allure taillée à la serpe, va faire le tour du terre-plein orné de cette statue avant de repartir vers les faubourgs sud de la ville. Bien que déjà obsolète, cette série devra jouer les prolongations. Peut-être pas comme les Peter Witt recarrossées, quand même... © transporturbain

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Turin - Porta Palazzo - 21 mai 2022 - Le GTT engage lentement la transition énergétique de son parc d'autobus : illustration ici en plein milieu de l'important marché occupant toute la place (sauf les voies du tram, quand même !) avec un modèle électrique de BYD arborant la nouvelle livrée du réseau, plus seyante que l'ancienne à dominante grise (et a fortiori l'orange unifié des années 1970). © transporturbain

Si le parc d'autobus est renouvelé plus fréquemment, et avec une amélioration assez constante d'une génération à l'autre, du fait d'une durée de vie plus courte, le réseau de tramways est peut-être quand même à l'aube d'une amorce de renouveau avec l'arrivée de rames modernes, mais qui ne remplaceront pas - encore ? - totalement le matériel ancien.

En outre, parmi les 8,5 MM€ de crédits destinés par le gouvernement pour soutenir les projets de transports urbains en Italie, Turin obtient l'une des plus importantes dotations, avec 1,828 MM€ pour la deuxième ligne de métro entre Novara et Rebaudengo, 35 M€ afin de prolonger la ligne 1 du métro de Fermi à Cascine Vica et la doter d’un nouvel atelier de maintenance, et 9 M€ pour la modernisation de la ligne 15 des tramways.

Comprenant 4 chapitres, le nouveau dossier de transporturbain consacré au réseau de Turin est désormais en ligne. Bonne lecture !

8 juillet 2022

La Spezia : nouveaux trolleybus, nouvelles lignes

Le petit réseau de trolleybus de La Spezia, mis en service en 1951 en remplacement des tramways, a commandé 19 nouveaux véhicules, dont 14 standards et 5 articulés, à Solaris, avec la gamme Trollino. Il s'agira d'abord de renouveler les 7 Breda-Menarini type 4001, datant de 1988, circulant sur les lignes 1 et 3 existantes, complétés par 7 Trollino 12 réceptionnés en 2013. Cette nouvelle commande équipera 2 lignes supplémentaires, en direction de Lerici et de Porto Venere, actuellement assurées par autobus.

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La Spezia - Via Fiume - 25 mai 2022 - Depuis 2013, 8 Trollino circulent sur les lignes 1 et 3. Une nouvelle série va donc être réceptionnée, avec batteries, pour étendre le périmètre exploité en trolleybus sur ce petit réseau. © transporturbain

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La Spezia - Via dei Mille - 28 mai 2022 - Les 14 anciens trolleybus Breda-Menarini série BB4001 à 4 portes seront réformés à la réception de la nouvelle commande de Trollino. Leur longévité est assez remarquable puisqu'ils circulent sur le réseau depuis 34 ans ! © transporturbain

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La Spezia - Via Fiume - 25 mai 2022 - Marquant l'arrêt en contrebas de la gare centrale, ce Lion's City fonctionnant au gaz naturel sur la ligne L sera à terme remplacé par des trolleybus qui circuleront partiellement sur batteries. © transporturbain

Ils profiteront des batteries qui les équiperont pour circuler en traction électrique hors bifilaires. La motorisation sera de facture assez classique avec 2 moteurs de 80 kW sur les Trollino 12 et 4 moteurs soit 320 kW sur les Trollino 18. La capacité des batteries sera de 45 kWh.

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6 juillet 2022

Reims : tout un symbole

Cet été, le tramway des tramways de Reims est intercepté entre la rue de Vesles et Neuchâtel pour des travaux à hauteur du Palais de Justice.

On pourra commencer par constater, une nouvelle fois, que les réseaux français sont assez peu résilients, et que l'organisation des travaux affecte lourdement le périmètre exploité. Ainsi, ce fait en apparence banale révèle des caractéristiques communes à bien des réseaux français :

  • évidemment le faible maillage des réseaux, ce qui peut se comprendre dans une agglomération de taille moyenne comme Reims, avec un seul dépôt situé à une extrémité de la ligne ;
  • généralement une non-specialisation de l'alimentation électrique par voie qui limite la possibilité d'exploitation - même partielle - sur une seule voie qui pourrait quand même être utile lors d'aléas de durée suffisamment longue pour qu'une interception complète soit quand même très pénalisante pour les voyageurs ;
  • une organisation des travaux qui intercepte complètement les 2 voies durant toute la période.

Dans le cas rémois, il ne s'agit que du remplacement les équipements APS manifestement victimes d'obsolescence anticipée, dans la courbe entre le cours Jean-Baptiste Langlet et la place Myrron Herick. A cette occasion, les appareils de voie amorçant une bifurcation, posés en prélude d'un possible axe est-ouest en tramway, ont été déposés.

Leur disparition symbolise la fin des réflexions sur ce nouvel axe : Reims Métropole ne souhaite plus développer le tramway. L'amorce de bifurcation à l'ouest, place de la Comédie, devrait logiquement disparaître à son tour... à moins de lancer la réalisation d'une branche vers Tinqueux, mais cela semble peu probable : il faudrait plutôt parier sur sa suppression à la faveur d'une prochaine interception.

Reims - Place Myrron Herick - 4 juillet 2022 - Les appareils de voie préfigurant une future antenne dans l'axe de la rue de Vesles ont donc disparu. Point final aux extensions du réseau rémois ? © transporturbain

C'est aussi l'illustration d'une période bien moins favorable aux transports publics. Reims doit à la fois manoeuvrer la fin prématurée du contrat avec le concessionnaire MARS et créer des lignes de BHNS dont la consistance sera à évaluer, mais il est probable que les aménagements seront minimalistes. Dans ces conditions, le tramway est condamné au statu quo...

29 juin 2022

Rennes : 5 BHNS en complément du métro

Destinées à compléter le maillage de la métropole rennaise par les 2 lignes de métro, 5 lignes de BHNS sont étudiées. Il n'est pas question de nouvelles lignes de métro, car le potentiel de trafic ne le justifie pas, ni de tramway, compte tenu de l'aversion historique de Rennes pour ce mode de transport. Ces lignes reprennent le tracé de lignes de bus déjà labellisées Chronostar, avec une fréquence régulière et des aménagements favorisant leur circulation : il s'agit d'aller plus loin avec des sections en site propre et peut-être une augmentation de capacité en passant à des véhicules bi-articulés, simple supposition de transporturbain. Evidemment, il est aussi envisagé de décarboner leur motorisation. La solution n'est pas encore avancée, mais on peut se douter qu'elle sera électrique.

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Rennes - Place de la République  - 21 août 2015 - Labellisée Chronostar, la ligne C4 constitue l'épine dorsale de l'axe est-ouest qui devrait accueillir 2 lignes de BHNS à l'issue de la restructuration du réseau de surface rennais. Reste à savoir quels seront les aménagements retenus pour améliorer la performance de ces lignes, et quel matériel sera employé, car l'objectif est aussi de développer le trafic. Et comme Rennes fait une allergie au tramway... © transporturbain

Dans ce schéma, il apparaît quand même un absent : le réseau ferroviaire et le potentiel RER rennais, objet lui aussi de discussions, entre la Région Bretagne et la Métropole de Rennes, notamment autour de la fréquence recherchée. Un service à la demi-heure serait relativement aisé à assurer avec des infrastructures nécessitant peu d'adaptations. Le cadencement au quart d'heure est probablement le plus attractif, mais le plus coûteux, en investissement et en coûts d'exploitation. Une solution intermédiaire aux 20 minutes est esquissée mais présente de notables inconvénients quant à l'intégration dans une trame nationale à l'heure ou à la demi-heure, et peu lisible car l'allègement en journée donnerait un intervalle irrégulier en 20 / 40 minutes.

Pourtant, l'amélioration du réseau de bus pourrait être le moyen de mieux tisser les liens entre les principales gares périurbaines et leur bassin de chalandise, ajoutant une dimension à la réflexion sur la définition des corridors complémentaires. A ce stade, la réflexion de la Métropole reste un peu trop cantonnée aux interactions entre modes urbains.

27 juin 2022

Tours : les platanes font trébucher le tramway

Nous avions déjà évoqué la situation du projet de deuxième ligne du tramway de Tours avec ce débat, enflammé, quant au tracé dans le centre de Tours : le passage par la gare, l'Hôtel de Ville et donc le boulevard Béranger, et ses alignements d'arbres sur lequel se sont cristallisés toutes les attentions. Ce tracé, logique car répondant à un maximum de fonctionnalités, avait été adopté. L'affaire semblait donc réglée.

Hélas, la contestation a renversé la situation et une nouvelle étude reportant le tramway hors du centre ville en empruntant le boulevard Jean Royer va être menée à la demande de la Métropole. Le climat est assez houleux, car les élus qui ont porté la première ligne de tramway considèrent que Tours serait la seule ville où on ne saurait pas faire cohabiter ce mode de transport et les alignements d'arbres. Les écologistes - ou se prétendant comme tels - à l'origine de ce renversement se soucient peu de l'intérêt général :

  • la prévision de trafic de la nouvelle ligne via le boulevard Jean Royer est inférieure de 20% à celle du tracé par le centre ;
  • le tracé par le boulevard Jean Royer entraînerait un report de trafic des voyageurs de la ligne B vers la ligne A pour accéder à la gare ou au centre, qui pourrait être difficile compte tenu du trafic déjà important sur la ligne A ;
  • cette orientation, si elle était confirmée, ferait jurisprudence sur la future ligne C, qui emprunterait le même axe, à l'est de la gare, sachant que le boulevard Heurteloup est agrémenté des mêmes alignements d'arbres ;
  • l'abandon du tracé central du tramway laisserait probablement le champ libre au trafic automobile dans cette zone centrale de Tours.

Par ordre de priorité, il semble donc essentiel de revenir à la raison pour que le tramway passe par le boulevard Béranger selon le tracé initialement adopté : il serait surréaliste de ne pas trouver de solution d'insertion compatible avec la préservation des alignements d'arbres. 

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Strasbourg - Boulevard de la Victoire - 12 mai 2022 - La preuve qu'on peut préserver les alignements d'arbres lors de la construction d'une ligne de tramway. Les riverains strasbourgeois de cette artère avaient eux aussi souhaité qu'ils soient maintenus. Le résultat est très réussi avec une promenade centrale qui accueille les stations bien intégrées sur l'allée centrale arborée. Voici ce qui doit être réalisé à Tours sur le boulevard Béranger... et ensuite sur le boulevard Heurteloup. © transporturbain

Si malheureusement le projet était définitivement remis en question, la solution évitant les fausses manoeuvres pourrait être la suivante :

  • préserver la section sud de la ligne B entre l'avenue de Grammont et l'hôpital Trousseau, qui serait connectée à la ligne A ;
  • anticiper la section nord-ouest de la ligne C entre la place de La Tranchée et Saint Cyr sur Loire, qui pourrait alors être associée à la branche de l'hôpital Trousseau.

De la sorte, seule les sections d'orientation est-ouest, empruntant ces boulevards sur lesquels certains considèrent qu'on ne peut y réaliser un tramway sans abattre des platanes centenaires (encore une fois, les accros à la voiture seront ravis), devront encore un peu plus patienter pour bénéficier d'un service de transport moderne, efficace et vecteur d'un aménagement urbain modérant l'espace accordé aux modes individuels.

21 juin 2022

Retour sur les 40 ans du MTUB

Il y a un mois, le petit monde des amateurs de tramways avait rendez-vous à Bruxelles pour les 40 ans du Musée des Transports Urbains Bruxellois. Une nouvelle fois, l'organisation fut remarquable et le spectacle grandiose. Ce n'est pas la première fois que transporturbain vous propose un dossier Culture et Patrimoine sur le MTUB, mais c'est une gourmandise à laquelle il nous est difficile de résister, d'autant que l'amateur n'est jamais déçu. C'est aussi l'occasion de réfléchir au rôle sociétal d'un tel musée vivant dans un contexte où les transports publics constituent plus que jamais une réponse centrale face aux défis énergétiques et climatiques. Quand l'aspect ludique peut rejoindre des sujets beaucoup plus sérieux !

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Woluwe-Saint-Pierre - Avenue de Tervueren – 22 mai 2022 - Convoi à deux essieux remis en état de guerre avec le phare central occulté portant juste le numéro de ligne : la collection du MTUB s'attache évidemment à présenter les différents états de certaines séries. © Th. Assa

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Woluwe-Saint-Lambert – Rue Duc – 22 mai 2022 - Une des merveilles de la collection du MTUB : la motrice n° 5025 remise en état d’origine. Les motrices dites « 5000 » ont représenté la modernité des Tramways bruxellois en 1935. D’un confort remarquable, très rapides et puissantes, ces élégantes voitures ont circulé jusqu’en 1976. Pour l’anecdote, le réseau parisien avait envisagé de se doter dès 1930 de motrices similaires. La massacre des tramways parisiens ne l’a  - hélas ! - pas permis … © Th. Assa

Présentez votre ticket pour parcourir ce nouveau dossier de transporturbain,

Cadeau bonus : un autre événement mémorable auquel nous avions assisté, comme nombre d'amateurs (et de professionnels) mais sans le relater dans nos colonnes (un oubli impardonnable !) : les 125 ans de l'Union Internationale des Transports Publics en 2010

18 juin 2022

CAF : succès à Montpellier

L'important marché de la Métropole de Montpellier, portant sur un volume de 77 tramways, est donc pour le constructeur d'origine espagnole, pour un montant de 223,6 M€ soit 2,89 M€ par rame. Il devra fournir dans un premier temps 22 rames pour la ligne 5 en construction, puis 30 rames pour remplacer les Citadis 401 de la ligne 1, le solde étant destiné à augmenter la réserve et l'effectif engagé en vue de l'augmentation du trafic attendu lors du passage à la gratuité complète du réseau.

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C'est donc un net succès pour CAF, bien au-delà de ceux remportés à Nantes et Besançon, et qui devra être concrétisé en améliorant encore l'Urbos, notamment pour tirer les enseignements des quelques tracas rencontrés sur divers réseaux, et pas uniquement en France. Il n'en demeure pas moins que l'Urbos est un sérieux compétiteur sur les appels d'offres, même si les succès en France ont été jusqu'à présent limités, en dépit d'un coût maîtrisé et d'une approche frugale intéressante compte tenu des marges de manoeuvre limitées des budgets des collectivités. Les rames devraient être en partie assemblées à Bagnères de Bigorre qui fournira 2 rames par mois à partir de 2024.

C'est aussi un revers pour le Citadis d'Alstom car c'est la première fois qu'il n'est pas reconduit pour le développement d'un réseau. C'est aussi la première fois qu'il s'agit de préparer la succession de celui qui a quand même incarné le retour vigoureux du tramway en France.

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