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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

A travers la falaise du Tréport

Après l’arrivée du chemin de fer, Le Tréport put s’enorgueillir de faire partie de ces petites villes dotées d’un tramway (déjà évoqué dans un dossier de transporturbain) : le développement du tourisme balnéaire à la fin du 19ème siècle avait procuré à la cité une certaine renommée, d’autant qu’elle était parmi les plus proches de Paris par le train.

Développer les hauteurs de la ville

Pour les premiers plaisanciers, l’attrait du Tréport (n’oublions pas la ville jumelle de Mers les Bains) restait relativement limité compte tenu d’un front de mer des plus limités : environ 400 m. Il fallait alors diversifier les lieux de promenade, et les élus locaux pensèrent évidemment aux hauteurs des falaises. Mais l’accès n’était pas aisé : un escalier de 365 marches y donnait accès, mais il était jugé rébarbatif pour une population venant se détendre au bord de mer.

L’option d’une nouvelle ligne de tramway fut alors esquissée, mais le tracé aurait été trop long afin de rattraper un dénivelé de 76 m. En 1905, un conseiller général, maire de la commune voisine d’Eu, terminus du tramway, proposa un funiculaire. L’affaire était entendue et rondement menée puisque les travaux étaient engagés dès 1907 et les installations étaient inaugurées le 1er juillet 1908. D’une longueur de 155 m avec une pente de 63%, il donnait immédiatement satisfaction : sans peine, on pouvait ainsi se promener en surplombant la ville et la mer. L’Hôtel Trianon, ouvert en 1913 il disposait de 300 chambres de luxe et d’un golf.

CP-funiculaire-treport

CP-funiculaire-treport2

CP-funiculaire-treport3

Trois cartes postales illustrant la création du funiculaire du Tréport, avec sa pente prononcé et ses deux gares. Notez l'inscription très visible au-dessus du tympan du tunnel côté ville, comme pour mieux signaler l'existence de cet instrument du progrès, qui devait matéraliser une nouvelle étape d'expansion de la ville, neutralisée par la guerre.

 

 

La fin du funiculaire

La première guerre mondiale mit en difficulté le funiculaire – et l’hôtel – par l’effondrement de la fréquentation. Le Trianon devint un hôpital de guerre et les cimetières voisins accueillent 2797 soldats du Commonwealth. L’hôtel ne s’en releva pas lui non plus : autour du bâtiment, apparaissaient des jardins ouvriers. Le funiculaire ne servait alors plus qu’à aller contempler les vestiges ou aux jardiniers résidant dans la ville.

Les progrès du chemin de fer offraient une plus grande diversité de destinations à temps de parcours équivalent. Le Tréport commençait à décliner. Quant au quartier haut, la municipalité y renonçait, du fait des difficultés économiques.

Le funiculaire cessa toute activité avec la deuxième guerre mondiale puisque l’armée allemande transforma en 1941 la gare haute pour installer un canon de défense à longue portée. Le funiculaire avait vécu : le Trianon aussi, dynamité en 1942 car servant de point de repère aux troupes alliées.

Comme un petit goût de montagne ?

Les installations furent ensuite réutilisées en 1958 par un système de télécabines, entraînant la suppression des équipements du funiculaire. L’exploitation cessa à son tour en 1980. Les installations tombèrent à l’abandon alors que les hauteurs commençaient à être urbanisées.

télécabines-le-treport

Les télécabines du Tréport donnaient un petit goût de séjour en montagne aux visiteurs : leur capacité était de 2 places. Le manège utilisait les deux voûtes de l'ancien funiculaire dont on voit que les installations avaient été déposées sans ménagement, sans même prévoir un itinéraire de secours en cas d'évacuation : les normes de sécurité n'étaient pas les mêmes. (cliché X)

Les ascenseurs horizontaux

En 1992, la ville du Tréport les rachetait en prévision d’une future transformation, mais la solution ne fut définie qu’en 2005. Des ascenseurs inclinés ont été installés, par paire dans chaque tunnel à travers les falaises, soit 4 cabines. Le tube ouest a été mis en service le 26 août 2006 et le tube est en 2009.

021217_funiculaire-treport1

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Le Tréport - 2 décembre 2017 - Les ascenseurs sont montés sur un truck à roues pneumatiques. Les 4 nacelles ont chacune leur propre voie. Le fonctionnement est sur demande comme tout ascenseur. © transporturbain

Les nouvelles installations relient les hauteurs en 1 minute 55 secondes à la vitesse de 1,7 m/s. Elles sont gratuites. Un parking a été créé aux Terrasses pour limiter la circulation automobile dans Le Tréport. Les ascenseurs permettent aux habitants des lotissements plus récents d’accéder facilement à la ville, sans prendre la voiture. Pour les visiteurs, c’est assurément un lieu de destination, pour contempler la mer et une partie de la côte du haut de cette falaise.

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