Urbanisme et choix modaux de déplacements

Les transports participent à l’organisation spatiale du territoire. A chaque étape dans l'évolution des moyens de se déplacer est associée une évolution de la ville : la traction animale est naturellement la plus ancienne et la traction mécanique est évidemment la plus remarquable, non seulement par les progrès dans les techniques successives (de la vapeur à l'électricité) que par l'impact sur la fabrication de la ville. Le chemin de fer et le tramway sont indissociables de la ville industrielle.

L'apparition de la voiture au cours du 20^ème siècle, et surtout son essor après la deuxième guerre mondiale, a non seulement transformé un moyen de transport en extension naturelle du domicile voire du corps humain, mais aussi l’organisation spatiale des villes, et il n'est pas exagéré d'employer le terme de déstructuration : on peut aller partout et vite, avec un minimum de contraintes.

L’automobile est donc le cavalier d’un modèle urbain très extensif, lié à l’augmentation de la population des villes (par la poursuite de l’exode rural et la croissance démographique) ainsi qu’à la quête de logements plus agréables, plus spacieux et moins chers. De ce fait, toute contrainte exercée sur la circulation et le stationnement fut progressivement considérée à la fois comme une restriction de liberté avec des conséquences sur l’activité économique.

Cette dépendance extrême à l’automobile d’une grande partie de la population est aussi la source d’une sensibilité économique et sociale toute aussi forte, qui a été le facteur déclenchant du mouvement des Gilets Jaunes en 2018, sur fond de hausse du prix du carburant, de limitation de la vitesse sur les routes et d’une propension affichée de l’Etat à privilégier les grandes métropoles au détriment d’une vision plus équilibrée du territoire.

Ce modèle spatial et social est aujourd’hui en crise de boulimie : il provoque une dégradation de l’environnement et contribue à la réduction de la biodiversité, au dérèglement climatique et à l’augmentation des problèmes de santé publique par la pollution de l’air. Une réorientation s’impose, mais elle impliquera des ruptures parfois brutales, du fait de l’engagement quasiment sans limite pendant plus d’un demi-siècle. Que de temps déjà perdu !

Ce dossier de transporturbain s'interroge sur cette crise écologique, économique et sociétale de l’urbanité au travers de 6 chapitres :

• Chapitre 1 : Charte d'Athènes, une théorie et des excès
• Chapitre 2 : Urbanisme, choix modal et dérèglement climatique
• Chapitre 3 : Maîtriser l'étalement urbain pour reconquérir la ville
• Chapitre 4 : A propos du prix des carburants
• Chapitre 5 : Les transports en commun et le néo-individualisme urbain
• Chapitre 6 : Pas de ZFE ni de ZTL sans bons transports en commun

Il a été en partie inspiré par les livres d'Olivier Razemon, Comment la France a tué ses centres-villes ? et du duo Jérôme Fourquet - Jean-Laurent Cassely, La France sous nos yeux, dont nous vous recommandons la lecture.