La Ville de Marseille et la Métropole ne cachent plus leurs divergences concernant le développement du réseau de tramways de Marseille.
Deux objets de clivage
Premier cas, l'extension au nord vers le quartier de la Castellane (à ne pas confondre avec la place Castellane, déjà desservie, située en lisière du centre, en haut de la rue de Rome). Après avoir desservi le lycée Saint Exupéry, le tracé privilégié par la Métropole longe l'autoroute A55, empruntant la traverse Pradel, pour rejoindre le pôle d'échanges de la future gare de Saint André. La Ville souhaiterait faire un crocher, d'environ 1200 m, rejoignant le littoral afin de desservir au plus près le quartier de Saint André. Le premier présente en revanche l'avantage d'être un peu moins onéreux et d'esquiver en partie les questions de circulation automobile et de stationnement. Outre le coût supplémentaire et l'allongement d'environ 5 minutes du trajet, le second impliquerait 2 franchissements des voies ferrées, mais élargirait la chalandise de la ligne.
Pour l'instant, le tramway devrait être prolongé en 2028 dans une première phase d'Arenc jusqu'au lycée Saint Exupéry ce qui pourrait laisser le temps de calmer le jeu. Le quartier de La Castellane ne serait atteint qu'en 2030.
Marseille - Boulevard de Dunkerque - 14 février 2014 - La reconquête de la Joliette est accompagnée par le tramway. Le prolongement vers les quartiers nord se fera-t-il au plus court ou par un crochet longeant le front de mer à Saint André ? Et pourquoi pas les deux ? © transporturbain
Sur le fond, le besoin est tel qu'on pourrait suggérer de pacifier le débat en ne choisissant pas, avec un tracé direct vers La Castellane et une antenne, qui ferait terminus à la future gare de Saint André, desservant le quartier.
Deuxième cas (difficile de savoir à ce stade si c'est le second...), la section entre la Préfecture et les Catalans : la Ville ne veut pas entendre parler de ce projet, ne lésinant pas sur les qualificatifs excessifs - donc sans valeur - pour le critiquer, alors qu'il fait lui aussi partie de l'accord conclu avec l'Etat pour essayer de rattraper le retard abyssal de développement des transports en commun. La mairie dénonce cette branche du réseau, qui selon lui imposerait de lourds travaux sur le cours Pierre Puget et l'avenue de Corse. En réalité, le différend porterait plus sur l'ordre de réalisation des prolongements, la Ville voulant assurer la priorité à la branche nord.
Pas besoin de Pastis dans la ratatouille : que les élus de la Ville et de la Métropole se mettent d'accord dans un Ferry Boat et rangent leurs ego au vestiaire pour l'intérêt de leurs administrés !
Marseille - Boulevard de la Corderie - 15 février 2014 - Un cliché à messages multiples. D'abord la desserte de cet axe important au pied de Notre Dame de la Garde, qui draine les différentes lignes du quartier, posant à terme la question de l'organisation de la complémentarité entre les bus et le futur tramway (correspondance ou itinéraire complémentaire jusqu'au Vieux Port ?). Ensuite rappeler l'utilité du trolleybus à Marseille, avec le souvenir des lignes aériennes, démontées peu de temps après ce cliché. © transporturbain
D'autres projets semblent avancer plus calmement
Pour l'instant, la desserte de la Belle de Mai semble à l'abri de ces joutes marseillaises. Elle arriverait par le boulevard National, passant sous les voies de la gare Saint Charles, et se brancherait sur les actuelles voies du boulevard Longchamp. Les études envisagent aussi une branche rejoignant Arenc pour un maillage avec le réseau existant.
Enfin, les études se poursuivent sur un autre projet entre la gare de la Blancarde et Sainte Marguerite - Dromel : l'usage partiel de l'emprise ferroviaire semble confirmé, avec maintien néanmoins du trafic fret (déchets ménagers) moyennant des exclusions temporelles (pas de tram pendant le passage du train et réciproquement) et une adaptation de l'infrastructure : le tram devra rouler sur une infrastructure ferroviaire, mais il est probable que la ligne aérienne 750 V soit utilisée uniquement par le service voyageurs. Dans le quartier de La Capelette, le tramway quittera l'emprise existante et rejoindra les voiries d'un quartier transformé.
La question de l'exploitation du réseau
Il faudra rapidement envisager le nouveau schéma d'exploitation intégrant le prolongement au sud en cours de réalisation depuis la place Castellane vers La Gaye puis La Rouvière de sorte à éviter des lignes trop longues, notamment dans la perspective d'une ligne La Castellane - La Rouvière. Sur cette diamétrale nord-sud, il ne faudrait pas écarter la possibilité de services partiels faisant terminus au métro : venant du nord à Capitaine Gèze et au sud soit à Sainte Marguerite - Dromel soit place Castellane (cette dernière ayant l'avantage de donner accès aux 2 lignes).
Marseille - Rue de Rome - 3 juillet 2015 - La ligne T3 constituera la future grande diamétrale nord-sud dont il faudra tout de même examiner les modalités d'exploitation, tant pour des raisons de régularité que d'adéquation au trafic selon les différentes sections. © transporturbain
A ce stade, la ligne T2 devrait abandonner la desserte d'Arenc pour rejoindre les Catalans. Les projets en cours d'étude ne sont pas encore attribués. On peut supposer que T2 pourrait être prolongée de la gare de La Blancarde vers Sainte Marguerite - Dromel par l'ancienne voie ferrée, à condition de trouver une solution sur le parvis de la gare de La Blancarde. C'est donc plutôt autour de la desserte de la Belle de Mai que pourraient se concentrer les réflexions.
Marseille - Canebière - 20 janvier 2020 - Cette rame de la ligne T2 quitte la Canebière et rejoint le cours Belsunce en direction de la Joliette et d'Arenc. A terme, il est probable qu'elle prenne l'autre bretelle pour emprunter la rue de Rome jusqu'à la Préfecture et desservir ensuite la nouvelle section vers les Catalans, objet de tensions entre la Ville et la Métropole. © transporturbain