Non, nous ne parlons pas du TVR, qui, à Nancy, ne saurait être considéré comme un tramway puisqu'il n'est pas à guidage permanent...
Le sort du TVR semblait scellé, avec une fin de vie en 2022. Cette hypothèse semble remise en question et le projet de tramway qui doit le remplacer, incluant des extensions intéressantes, se retrouve passablement malmené par les élus de l'agglomération. Et on peut être perplexe, voyant cette remise en question après la validation du projet et l'obtention de sa Déclaration d'Utilité Publique.
Le projet de tramway est contesté principalement sur 2 points : son coût et les modalités d'insertion du tracé dans le domaine universitaire entre le Vélodrome et l'hôpital de Brabois.
Sur le coût, disons-le franchement : si Nancy n'avait pas commis la bêtise de se fourvoyer dans l'aventure du TVR, on n'en serait certainement pas à disserter sur la pertinence à le remplacer par un tramway. Nancy a loupé le coche, succombant aux sirènes absurdes expliquant qu'avec un rail au lieu de 2, on allait réduire de 30% le coût d'une ligne en site propre... qui de toute façon ne l'est pas totalement. Au banc des accusés, les élus nancéiens qui ont fait le mauvais choix à la fin des années 1990.
Nancy - Avenue Foch - 19 septembre 2019 - Mais quand va-t-on se débarrasser du TVR ? Le projet de tramway - un vrai - est mis au point mort par les élus nancéiens alors que le dossier est déclaré d'utilité publique : une situation difficilement compréhensible, d'autant que la solution de repli ressemble fort à une forme de statu quo... le guidage en moins... et encore, rien ne dit que l'usage des lignes aériennes en ferait partie. © ortferroviaire
Certes, le projet avait été aux origines devisé à environ 250 M€, et il est aujourd'hui évalué à plus de 500 M€. Cependant, dans ce coût, figurent non seulement les nouvelles antennes d'une part et la rénovation du viaduc Kennedy d'autre part : est-il logique d'imputer au projet de tramway le coût de cette opération qui répond à bien d'autres besoins ? Même question que celle qui se pose en banlieue parisienne avec l'extension Noisy le Sec - Val de Fontenay, dont une partie du pacours transforme une branche d'autoroute inutile en un axe plus urbain.
Dans ce cas, il faudrait phaser le projet, se concentrer sur le tracé de l'actuel TVR, quitte à envisager des scénarios intermédiaires... et naturellement réexaminer le dossier, car il faut quand même reconnaître que 515 M€, c'est un peu beaucoup. Si Nancy s'inspirait de Besançon, qui avait réalisé un tramway à 17 M€ / km à l'époque, soit environ 19 M€ aujourd'hui. Puisque Nancy Métropole considère que le tramway réduirait sa possibilité d'investir dans d'autres domaines, qu'elle fasse preuve de frugalité. D'autres villes ont su le faire avant elles !
Sur le tracé, le débat sur le passage délicat dans le campus et en lisière du jardin botanique a été validé.
Quant aux travaux, jugés difficilement acceptables pour le commerce central, encore une fois, il fallait y penser avant : les positions contre le TVR n'étaient pas seulement un caprice de techniciens mais une anticipation lucide de la situation à laquelle l'agglomération est aujourd'hui confrontée.
L'alternative serait en quelque sorte un statu quo. Il faudra remplacer le TVR et il serait remplacé - si le tramway était abandonné - par 4 lignes de bus à haut niveau de service (dont rien ne dit qu'il s'agira de trolleybus). Or l'actuelle ligne de TVR est arrivée en limite de capacité avec des véhicules bi-articulés de 150 places. Les remplacer par des véhicules de même capacité ne changerait donc absolument rien. Le maillage du réseau n'est pas un argument totalement suffisant, car il oublie une dimension : l'évolution du trafic dans les années à venir, entre la mise en oeuvre de projets d'urbanisme et une contrainte accrue sur le transport individuel motorisé. Le corridor de l'actuel TVR justifiait déjà un tramway en 2000. C'est encore vrai aujourd'hui... mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas intérêt à utiliser des trolleybus pour des lignes complémentaires à moindre potentiel de trafic.
Nancy - Rue Raugraff - 19 septembre 2019 - Parti comme c'est, voici l'alternative la plus probable au tramway pour remplacer le TVR. Des autobus articulés. Peut-être seront-ils bi-articulés, mais la capacité d'emport n'augmentera pas par rapport à l'actuel trolleybus partiellement guidé. © ortferroviaire
Toujours en est-il que notre article de mars dernier était empreint d'une certaine dose d'optimisme... Décidément, Nancy continue de se singulariser...
Déjà avec l'ancienne majorité, les planètes n'étaient pas vraiment alignées pour remplacer le TVR par un tram : vision très "full T1" du dossier et non à l'échelle du réseau, des incertitudes sur le tracé (montée de Brabois, viaduc Kennedy -déjà à l'époque-, l'état des ponts de l'avenue du XXème Corps), un phasage absurde et bien sûr de précieux M€ dilapidés dans autre chose que les transports.
Au vu du curriculum vitae du nouvel exécutif, les feux passent sérieusement au rouge. MK a sérieusement dégraissé l'offre du réseau TED (à périmètre constant) à la tête du CD 54, quant à PH il a transféré 4 ou 5 lignes TER sur route en tant que VP de la Région Lorraine. Il n'en fallait pas tant pour que ces amoureux du transport public s'engouffrent à dessein dans les failles béantes du dossier du tram.
Autant le dossier était objectivement fragile, autant certains arguments utilisés sont d'une mauvaise foi insondable. Au rang desquels "si on lance les travaux du tramway fer, il faudrait mettre en place une ligne de substitution avec des bus au gaz". Oui, et ?
Aujourd'hui, Nancy se retrouve avec un PDU vieux de 15 ans, un projet de tramway abandonné de facto (même si officiellement "reporté" à 2028)... et aucun plan B !
Le TVR, dont déjà 4 exemplaires donnent des cheveux blancs au SRMTG, ne sont pas éternels et il faudra un jour ou l'autre les arrêter, avant longtemps. Et par conséquent mettre en place une ligne de substitution. Les travaux actuels du viaduc Kennedy prouvent que l'actuelle plate-forme TVR est incompatible avec une conduite manuelle, puisque la piste a été élargie à la hâte en supprimant une voie de circulation générale et les fameux poteaux centraux ont été retirés (spoil : on ne peut donc pas mettre des trolleys "normaux" à la place des trolleys TVR).
Si ce n'était pas forcément vrai en 1982 ou même en 2000, le T1 est aujourd'hui de loin l'axe le plus fréquenté du réseau, avec une (sur)concentration d'équipements publics ou assimilés le long de son parcours ces dernières années, en particulier côté Vandoeuvre. Un réseau nancéien performant pourrait (et se devrait de) voir passer des tramways sur le T1, et des trolleys en site propre sur grosso modo les lignes 2 à 4.
Attendons septembre et les résultats des "assises de la mobilité du Grand Nancy"... certainement le prochain épisode de ce vaudeville.
Néanmoins, une idée intéressante a ressurgi (un serpent de mer depuis plus de 10 ans) : la prise de compétence de l'actuel SMTS sur l'ensemble du bassin de vie, qui comprend aujourd'hui 5 réseaux urbains plus ou moins harmonisés, auxquels s'ajoute l'intégration tarifaire des Fluo 54 et TER.