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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains
9 septembre 2021

Lyon : les 30 ans de la ligne D du métro

Le 9 septembre 1991, les lyonnais pouvaient enfin découvrir la quatrième ligne du métro de l'agglomération, sur une première section entre Gorge de loup et Grange Blanche. Ce nouvel axe est-ouest était attendu : le quartier de Vaise commençait déjà sa transformation, l'ancienne Manufacture des Tabacs allait devenir une université et la population augmentait dans les arrondissements de la rive gauche du Rhône. Le terminus provisoire de Grange Blanche desservait l'important hôpital Edouard Herriot.

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Lyon - Station Grange Blanche - 2 septembre 1991 - Derniers essais avant le grand jour : le lendemain aura lieu l'inauguration politique. La rame 361 est équipée d'un poste de conduite provisoire : on aperçoit la cloison vitrée séparant le conducteur des passagers et on peut remarquer la dépose de 2 banquettes. (archives municipales de Lyon)

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 Lyon - Place d'Arsonval - 7 avril 2012 - La ligne D, c'est aussi une nouvelle identité pour les stations de métro : inspiré d'une libellule, ce modèle a eu une existence éphémère car ils sont assez mal vieilli. Tous n'ont cependant pas disparu. © transporturbain

A cette occasion, le réseau de bus et trolleybus était largement remanié et les TCL avaient réussi le tour de force à changer toute la signalétique en une seule nuit, même si les nouvelles indications avaient été le plus souvent installées dès l'été aux arrêts, mais cachés par le maintien des drapeaux orange et marron apparus en 1978. Pour l'ouest lyonnais, l'arrivée de la ligne D allait radicalement améliorer les conditions de transport avec le rabattement de nombreuses lignes de bus à Gorge de loup, proposant une solution bien plus rapide que les itinéraires au départ de Perrache voire des quais de Saône... ou des correspondances entre ligne de bus à l'horloge de Tassin. De son côté, la SNCF renforçait la desserte sur les lignes de chemin de fer de l'ouest lyonnais au départ de Lyon Saint Paul, profitant de la correspondance à Gorge de loup, avec la réouverture de la desserte Tassin - Brignais et un financement des services par le Département du Rhône.

Dans le centre de Lyon, les réorganisations étaient un peu plus discutables : par exemple, les lignes 13 et 44, exploitées en trolleybus, étaient limitées à l'hôtel de ville, les privant de la correspondance avec la ligne D possible avec leur ancien parcours (le 13 reliait alors Montessuy à Bellecour et le 44 Les Sources à Perrache via Bellecour). La ligne 11 était déviée vers Perrache pour remplacer le 4 orienté vers Gerland en remplacement du 18 limité à Saxe-Gambetta. Surtout, le grand axe des cours Gambetta et Albert Thomas disparaissait : depuis 1989, les lignes d'autobus 1 Saint Jean - Grange Blanche et 24 Cordeliers - Bron Sept Chemins avaient été fusionnées en une ligne 1/24 Saint Jean - Sept Chemins exploitée en autobus articulés, après la fin des travaux de construction de la ligne, essentiellement opéré en tranchée ouverte en rive gauche.

A Saint Jean, la station était en correspondance avec les funiculaires, dans un nouvel ensemble intégré dans le bâti du Vieux Lyon, et qui avait nécessité 3 ans de travaux avec leur raccourcissement temporaire.

Entre la place Gabriel Péri et Gorge de loup, le passage sous le Rhône puis sous la Saône avait été réalisé au tunnelier, en bitube, non sans quelques déboires. La première machine avait été lourdement endommagée après avoir percuté les profondes fondations de l'ancien pont médiéval de la Guillotière. Une partie de la place Bellecour s'était effondrée et le passage sous la colline, gorgée d'eau, avait été pour le moins délicate. Le tunnel entre Saint Jean et Fourvière a été réalisé en méthode classique, à l'explosif.

Mais surtout, cette mise en service se déroulait en mode dégradée. Le projet initial en 1984 avait prévu une exploitation conventionnelle avec des rames de 4 voitures en conduite manuelle. Suite au succès du VAL lillois, les élus lyonnais voulurent leur métro automatique, mais pas un VAL. Ainsi devait naître Maggaly (Métro Automatique à Grand Gabarit de l'Agglomération Lyonnaise), dont la mise au point fut particulièrement laborieuse au point que le projet faillit capoter suite à un coup de colère de Michel Noir, alors fraichement élu maire de Lyon. Ainsi, il fallut bricoler à la hâte les nouvelles rames MPL85, composées de 2 voitures, afin de les munir d'un poste de conduite provisoire, séparé du public par une simple cloison vitrée.

La section Grange Blanche - Gare de Vénissieux était alors quasiment achevée mais servait à la finalisation de la mise au point du pilotage automatique. Le 31 août 1992, l'exploitation automatique débutait entre Gorge de loup et Grange Blanche : les voyageurs pouvaient embarquer dans la ligne D depuis les stations Laënnec, Mermoz-Pinel, Parilly et Gare de Vénissieux le 11 décembre suivant., avec à la clé une nouvelle réorganisation du réseau de bus, concernant surtout le sud-est de l'agglomération.

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Bron - Station Mermoz-Pinel - 17 avril 2008 - La rame 305 dans sa configuration quasiment d'origine : au fur et à mesure de l'augmentation du trafic, les TCL ont retiré quelques banquettes pour faciliter la circulation des voyageurs, avant de changer complètement l'aménagement en plaçant de nouvelels (et inconfortables) banquettes longitudinales. © transporturbain

La ligne D du métro lyonnais est une pionnière au niveau mondial puisqu'elle est la première ligne sur laquelle fut adopté le principe du canton mobile déformable avec une communication permanente entre les trains et avec le poste de commande centralisé. Rétrospectivement, les difficultés de mise au point de Maggaly sont finalement peu de chose par rapport à la révolution que ce système a procuré à l'exploitation des métros dans le monde entier. Au passage, la ligne D se distingue aussi de la plupart des métros automatiques par l'absence de façades de quai : un système de faisceau laser couvre les voies en station pour arrêter les trains en fonction de la taille de l'élément coupant le faisceau.

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Lyon - Station Monplaisir-Lumière - La ligne D dispose désormais de MPL85 modernisés, ayant abandonné leur couleur orange. Les trains de 2 voitures sont d'une capacité souvent insuffisante en heures de pointe, malgré un intervalle de 2 minutes. La ligne transporte près de 300 000 voyageurs par jour. © transporturbain

La prochaine étape, c'est l'exploitation à 4 voitures, pour augmenter la capacité et le confort de la ligne. En 2018, des essais ont eu lieu avec les MPL85, en utilisant les fonctionnalités du pilotage automatique existant. Le SYTRAL envisage à terme une exploitation panachée MPL85 + MPL16 avec des formations de 4 voitures, mais pour cela, il faudrait arriver à fiabiliser le fonctionnement du nouveau système en cours de déploiement sur la ligne B. Finalement, Maggaly, le premier CBTC du monde, aura été relativement rapide à concevoir et déployer sachant qu'on partait d'une feuille blanche.

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Commentaires
V
Il est tout de même dommage que la ligne D n'ait pas été prolongée à La Duchère. L'idée sera sûrement remise sur la table à l'automne lors du débat public organisé par la municipalité.<br /> <br /> <br /> <br /> Certes un tunnel pour les bus a été réalisé dans les années 1990 comme alternative, mais la densité du secteur justifie amplement le métro. Je me dis même qu'on pourrait ensuite continuer jusqu'à la Porte de Lyon, avec un parcours en aérien au milieu de l'autoroute A6. Ce serait une superbe occasion de desservir ce secteur assez déshérité et à l'écart du TTOL.
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B
Pour la petite histoire le syndicat STCRL (prédécesseur du SYTRAL) et la SEMALY avaient effectué des études comparatives entre plusieurs solutions (6 solutions métro, 4 solutions tramway) pour la "Desserte du Sud-Est".<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite les études plus détaillées se polarisèrent sur le seul tracé Bellecour - Grange Blanche - Vinatier - Rond Point de Parilly - gare de Vénissieux - Minguettes <br /> <br /> <br /> <br /> Elles furent publiées en 1977 (avant la mise en service du métro A !), avec :<br /> <br /> <br /> <br /> 1 - Une solution TRAMWAY, entièrement en surface, comprenant :<br /> <br /> <br /> <br /> - Un terminus Bellecour en boucle rue de la Barre -> Bellecour Est -> Antonin Poncet -> quai Gailleton -> pont de la Guillotière,<br /> <br /> - un parcours sur le côté sud des Cours Gambetta, Albert Thomas et Rockfeller,<br /> <br /> - et le côté ouest du boulevard Pinel jusqu'au carrefour Mermoz Pinel,<br /> <br /> - passant ensuite côté Est du boulevard Pinel,<br /> <br /> - la section terminale Gare de Vénissieux / Minguettes sur le tracé actuel du T4, mais refermée en boucle au sud du quartier par l'avenue des Martyrs de la Résistance.<br /> <br /> <br /> <br /> Les matériels roulants illustrant l'étude sont ceux issus du concours Cavaillé, c'est à dire le tramway de La Brugeoise et Nivelle et le "Métro léger" Alsthom CIMT (le Citadis à plancher bas de Francorail n'y figure pas)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 2 - Une solution PRE-METRO <br /> <br /> <br /> <br /> - comportant un souterrain amorcé par une trémie entre le Rhône et la place Gabriel Péri et finissant par une autre juste avant le carrefour Rockfeller / Pinel.<br /> <br /> - Les sections terminales étaient en surface et identiques à celles du tramway.<br /> <br /> <br /> <br /> (pour la vraiment très petite histoire, je me souviens d'avoir lu que le maire Francisque Collomb avait déclaré "Moi vivant, il n'y aura pas de tramway sur le Pont de la Guillotière !" - Il est mort en 2009.)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 3 - Une solution METRO <br /> <br /> <br /> <br /> - avec station terminale sous la place Antonin Poncet en Presqu'Ile,<br /> <br /> - passage sous le Rhône (au même endroit que le MD réalisé), - <br /> <br /> l'absence de station Guillotière Gabriel Péri, <br /> <br /> - le passage sous le centre du village de Vénissieux remanié par une opération d'urbanisme,<br /> <br /> - et le terminus sud au centre des Minguettes sous le croisement Jean Cagne / 8 mai 1945.<br /> <br /> <br /> <br /> La solution tram était estimée à 500 millions de francs, le pré-métro environ au double, le vrai métro au triple.
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D
En fait lors de la mise en service du premier tronçon de la ligne D, les rames circulaient en mode manuel la semaine, et en mode automatique le week end mais sans passager. C'était assez amusant de voir le métro qui s'arrêtait et repartait tout seul depuis la mezzanine de la station Bellecour.
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B
Pour des détails techniques, il existe un article intéressant sur le site "zeste de savoir" .<br /> <br /> https://zestedesavoir.com/articles/1309/le-metro-d-de-lyon/
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C
Jeudi 09.09.21.<br /> <br /> J'ai emprunté la ligne D pendant quinze ans pour raisons professionnelles, et j'ai toujours apprécié les temps d'attente qui se sont réduits, au fil des ans, ce qui est vraiment très bien... mais la composition des rames à 2 voitures ne convient plus. Pourquoi le Sytral, mis à part pour des raisons financières, ne met-il pas en ligne rapidement des rames à 4 voitures... comme le petit réseau Marseillais en a sur ses 2 lignes depuis...1977 ? Et pour un trafic moindre ! Cette transversale qui transporte aujourd'hui quotidiennement plus de passagers que la ligne A, ne le mériterait-elle pas ? Il y a bien un plan d'amélioration : ligne B prolongée aux Hôpitaux Sud avec nouvelles rames automatiques d'ici 2023, ligne A recevant les anciennes de la B en plus de celles qu'elle a déjà, mais je ne me souviens pas avoir lu un réel changement pour la D... Ai-je raté un épisode ?
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