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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains
1 avril 2020

Le Métro de Moscou : une œuvre architecturale, politique et culturelle

Rien n’est (n’était) trop beau pour le bonheur du Peuple

Mercredi 15 mai 1935 : l’URSS est une réalité depuis un peu plus de douze ans ; Staline tient le pays d’une main de fer. Quelques jours plus tôt, le 2 mai, la France et l’URSS signaient le traité d'assistance mutuelle. En Allemagne, Hitler renforçait le régime nazi. Ailleurs, les dictatures s’affirmaient, l’Europe s’avançait vers le gouffre qui l’engloutirait cinq ans plus tard.

A Moscou, Staline inaugurait ce jour le premier tronçon du Métro de la capitale soviétique, amorce de ce qui deviendrait un des plus grands réseaux du Monde et un des plus connus. Palais souterrain conçu pour le Peuple moscovite, symbole de la grandeur de l’URSS, pour l’apprécier, il est bon de conserver en mémoire le contexte de ses origines pour en comprendre les symboles, les choix et, jusqu’à maintenant, les tendances maintenues.

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15 mai 1935, une date historique pour Moscou : le premier train entre en service dans ce qui deviendra un des plus grands réseaux du Monde. Malgré le contexte politique et de propagande de l'époque, il est indéniable que la population moscovite accueillit avec ferveur cet événement marquant la modernité de la capitale soviétique. Un palais souterrain à la gloire du transport naissait. (Cliché X)

Un palais à la gloire de l’URSS

Il a fallu quatre ans pour construire la première ligne d’une longueur de 11,2 km, avec treize stations entre Sokolniki et Park Kultury et Smolenskaya. L’effet fut retentissant dans la capitale. Il s’agissait de soulager le réseau de tramways, saturé dans cette ville de 4,5 millions d’habitants.

La construction de la première ligne a été faite à une profondeur relativement limitée (8 à 35 m environ), parfois en tranchée ouverte. Il s’agissait d’aller vite mais la composition du sol et surtout, les moyens mis en œuvre ne facilitaient pas les choses. L’URSS avait beau être une puissance industrielle (ou qualifiée comme telle), les moyens de construction du Métro étaient souvent basiques avec une main d’œuvre à bas coût. La propagande de l’époque glorifiait ces ouvriers mais la réalité fut mitigée avec des conséquences physiques que le régime ne voulait pas forcément mettre en évidence.

Au-delà, il était acquis que le métro de Moscou devait être la vitrine de la puissance de l’URSS et symboliser la Gloire du Peuple. Il s’agissait outre d’avoir un moyen de transport lourd à l’échelle de la capitale, d’offrir aux Moscovites un véritable palais souterrain, pendant des palais de l’Empire russe renversé en 1917. Rien n’était trop beau. Il faut reconnaître que ce fut une réussite et l’est toujours.

Le 30 mars 2020, une nouvelle extension du réseau a d'ailleurs été mise en service, avec 6 stations supplémentaires sur une section de 14,4 km sur la ligne 15, avec l'établissement d'un nouvel atelier de maintenance. Mise en chantier en 2012, la ligne avait été inaugurée en juin dernier avec un premier tronçon de 7,9 km. Elle porte la longueur du réseau à plus de 420 km.

Attardons-nous sur un aspect particulier des transports urbains : l’architecture au travers de ce réseau gigantesque. Vous l'aurez compris, à transporturbain, on vous fait voyager ! Et sait-on jamais, cela pourrait donner des idées... et pas seulement pour un voyage !

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Kievskaya – 17 mai 2016 – Grandeur et plais souterrains, les stations du Métro de Moscou ont dès les origines fait l’objet d’une conception particulière qui deviendra avec le temps une véritable marque de fabrique. Kievskaya, ouverte en mars 1937 est un bel exemple des premières stations somptueuses construites à la gloire du régime soviétique. (© Thierry ASSA)

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Commentaires
L
Une bonne occasion de rappeler que chaque station (pour celles de l'ère soviétique tout du moins) est un abri anti-atomique et que cette caractéristique est au cœur de la saga de romans et de jeux vidéos post-apocalyptique "Metro" présentant une Russie ravagée par le feu nucléaire.
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V
Merci pour ce superbe reportage.
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R
Splendide reportage, il restitue parfaitement l'impression visuelle qu'on retire de l'exploration du réseau moscovite, qui est le plus travaillé (et le plus vaste, ça aide) des réseaux ex soviétiques. J'ajoute que certaines stations ont une décoration très spécifique directement liée à leur nom, par exemple Mendeleyevskaya qui voit des ornements allégoriques des atomes et des molécules.<br /> <br /> Les couloirs sont sensiblement moins décorés, et ceux de correspondances sont peu agréables à utiliser (surtout à cause des escaliers et de l'impression d'exigüité, en particulier aux heures de pointe, en comparaison avec la majesté des stations).<br /> <br /> Il y a un contraste saisissant entre l'architecture plaisante des stations et le très fort bruit des rames (cela est valable pour tous les réseaux), même avec des matériels plus récents. Cependant, la toute dernière génération de matériel roulant (2017) tranche spectaculairement avec ce qui précède par son bruit réduit et son éclairage intérieur (blanc très franc, avec coloration à LED fonctionnelle des portes; il y a même des prises USB); c'est la génération qui s'accorde enfin aux stations.
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G
Tout de même, ces merveilles palissent en comparaison de la station Les Halles rénovée.
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T
Sympa.<br /> <br /> C'est le cas de la plupart des reseaux d'Union sovietique effectivement.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai pu visiter le reseau de Bakou et Tbilisse l'ete dernier, les stations sont magnifiques (mais les rames assez deglinguees)
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