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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Histoire des trolleybus à Lyon (1973-2017)

Le revirement de 1973

La crise pétrolière de 1973 modifia la donne économique et énergétique : au congrès de l'Union des Transports Publics de Tours, le maire de Lyon balaya les projets futuristes et relança l’idée du trolleybus, en associant Berliet et la Sovel, deux entreprises lyonnaises, pour développer un nouveau trolleybus basé sur l'autobus PR100. Ainsi naissait l’ER100, que les TCL commandèrent à 136 exemplaires, livrés entre 1978 et 1981 : ils incarnèrent eux aussi la politique de modernisation du réseau illustrée au premier plan par la mise en service du métro le 2 mai 1978. Le 11 mars 1978, les ER100 lui damaient le pion en assurant leurs premiers services sur la ligne 4.

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Lyon - Avenue Foch - 1978 - L'arrivée des ER100 symbolisait le renouveau du trolleybus mais aussi du réseau de transports en commun lyonnais puisqu'ils ont précédé de quelques semaines la mise en service du métro. © J.H. Manara

Le 2 mai, la ligne 44 Perrache – Les Sources témoignait à son tour du renouveau du trolleybus : c’étaitla première électrification de ligne depuis plus de vingt ans, en réutilisant pour partie des itinéraires délaissés, même si le prolongement de la ligne 6 à Montessuy en 1976 avait amorcé cette renaissance. En 1979, la ligne 11 Bellecour – Bonnevay retrouve la traction électrique. Le réseau comprend alors les lignes :

  • 1 Saint-Jean – Bellecour - Cours Gambetta - Cours Albert Thomas - Grange Blanche - Vinatier ;
  • 3 Gorge de loup - Pont Mouton - Terreaux - Cordeliers - Cours Lafayette - Cours Tolstoï - Grandclément - Laurent Bonnevay, avec un service partiel sur la place Sathonay ;
  • 4 Perrache - Jean Macé - Avenue de Saxe - Avenue Foch - Parc Tête d'Or ;
  • 6 Place Aristide Briand - Place Gabriel Péri - Place de la République - Terreaux - Place Colbert - Croix Rousse - Montessuy ;
  • 11 Bellecour - Cours Gambetta - Avenue Félix Faure - Maisons Neuves - Grandclément - Laurent Bonnevay ;
  • 13/18 Gerland – Place Jean Macé - Avenue de Saxe - Cordeliers - Terreaux - Clos Jouve - Place ou Cimetière Croix Rousse ;
  • 44 Perrache - Bellecour - Quais de Saône - Pont Mouton - Rue Marietton - Duchère - Balmont - Les Sources.

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Pont Bonaparte - 1979 - L'arrivée de la série 3900, comptant 69 exemplaires, a permis l'équipement des lignes 1, 3 et 11, limitant l'emploi des VA3B2 à la seule ligne 13/18. Les clichés des ER100 sur la ligne 1 historique sont rares : voici la 3959 venant de quitter le terminus de Saint Jean. © B. Simpson

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Lyon - Place du Pont Mouton - 7 juin 1979 - L'importante ligne 3 Gorge de loup - Laurent Bonnevay reçut une importante dotation d'ER100 à équipements conventionnels pour commencer. L'arrivée des 26 ER100H lui permit de libérer des voitures pour éliminer les derniers VA3B2 de la ligne 13/18. © A. Knoerr

Le prolongement de la ligne B du métro de la Part-Dieu à Jean Macé modifia l’exploitation des lignes 4 et 13/18 : si la première, exploitée en ER100, put emprunter des itinéraires de déviation en utilisant leur groupe d’autonomie, la seconde dut être déviée par le cours de la Liberté et la rue de Marseille (où les bifilaires des lignes 6, 23 et 26 étaient toujours en place), puisqu’assurée en VA3B2 dépourvus d’un tel appareillage. Leurs prestations cessèrent le 13 septembre 1981, avec le prolongement du métro jusque place Jean Macé et grâce à la livraison de 26 ER100H sur la ligne 3 libérant autant d'ER100 à équipement de traction conventionnel.

Au tournant de la décennie 1980, il était sérieusement question de nouvelles commandes pour équiper (ou rééquiper) les lignes 2 (Gare de Vaise – Montchat), 9 (Saint-Paul – Bron Libération), 23 (Cordeliers – Monplaisir La Plaine), 39 (Perrache – Bron Parilly) et 53 (Perrache – Saint Priest), notamment avec des trolleybus articulés pour les axes à fort trafic. Le choix de lancer la quatrième ligne de métro eut raison de cette perspective : en 1984, la ligne 1 fit les frais des travaux, mais en compensation, les TCL électrifièrent la ligne 23 en réutilisant les ER100 libérés.

Le prolongement du métro à Cuire le 8 décembre 1984 modifia à son tour l’organisation de la desserte de la Croix-Rousse : la ligne 6 fut limitée au parcours Hôtel de Ville – Croix Rousse avec 7 des 21 VBH85 rénovés, et les lignes 13 (Bellecour – Montessuy) et 18 (Gerland – Cimetière Croix Rousse retrouvèrent leur indépendance. Dès lors, avec les lignes 3, 4, 6, 11, 13, 18, 23 et 44, le réseau était stabilisé.

Des années de transition

La mise en service de la ligne D du métro le 9 septembre 1991 modifia fortement la consistance du réseau : la ligne 4 délaissait le terminus de Perrache pour celui de Gerland, lui même abandonné par la ligne 18 (limitée à Saxe-Gambetta), tandis que la ligne 11 était dévié depuis Saxe-Gambetta vers Perrache pour y remplacer la ligne 4. La ligne 3 était quant à elle scindée en deux axes : 1 Saint-Paul – Bonnevay et 3 Gorge de loup – Part-Dieu, mais cette dernière eut une existence éphémère d'une seule année. Les lignes 13 et 44 ne profitaient pas de la possibilité de correspondance à Bellecour avec la ligne D, en étant limitées à Hôtel de ville.

Dans une certaine incertitude, les TCL engageaient cependant la modernisation des ER100, en commençant par les ER100H de la ligne 1. Sièges en velours, radio, nouvelle livrée mettaient au goût du jour ces trolleybus fortement sollicités.

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Lyon - Place de la Croix-Rousse - Juillet 1991 - Premier essai de rénovation, légère des ER100 avec la 3937 arborant l'évolution de la livrée apparue à la fin des années 1980 avec les derniers PR180.2 et surtout les R312. Peu heureuse, cet essai resta sans lendemain. © A. Knoerr

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Lyon - Place Saint Paul - Septembre 1997 - Le vert est plutôt une couleur stéphanoise ou parisienne mais cette couleur imprima assez nettement la livrée adoptée sur les ER100 rénovés, en particulier la première opération destinée à la nouvelle ligne 1, concernant les 27 ER100H (dont le prototype 2901) et un unique ER100R (3909). © A. Knoerr

En 1993, un programme de rénovation pour 7 ans fut lancé pour 30 trolleybus, prélevés sur la série 3900 et renumérotée 2600 à l'issue du programme. Enfin, 13 des 29 ER100 série 2900 et 37 ER100 série 3900 néficièrent d'une rénovation lourde avec nouvelle face avant Safra, achevée en 1995. A cette époque, le SYTRAL lançait un appel d’offres pour la fourniture de nouveaux trolleybus à petit gabarit pour la ligne 6. Attribué au groupement MAN – Kiepe – Hess, les 7 NMT222 livrés en 2000 amorcent le renouveau du trolleybus.

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Lyon - Place des Terreaux - 30 avril 2006 - Le NMT222 a pris la relève des VBH85 en 2000. Ses aptitudes sur un parcours sinueux fait de petites rues en forte pente en font un véhicule très apprécié de l'exploitant et des voyageurs. © transporturbain

L'année 1995 vit aussi l'abandon de la desserte de Gerland avec le début des travaux de prolongement du métro, à peine compensés par le prolongement de la ligne 4 sur le quai Achille Lignon vers la nouvelle Cité Internationale.

Toutefois, la fin de la décennie 1990 allait être marquée par le retour du tramway à Lyon, bousculant le réseau de surface. La ligne 23, reprise pour l’essentiel par le projet, fut convertie à l'autobus au soir du 4 janvier 1998. Cette même année, la ligne 44 perdit aussi ses trolleybus alors que les lignes aériennes sur le nouveau tracé par la gare de Vaise (au prolongement du métro D en avril 1997) venaient d'être mises en service, y compris sur le site propre combinant viaduc et tunnel entre Vaise et Balmont. Les travaux importants dans le quartier de Vaise mais aussi la rénovation du plateau de La Duchère motivèrent de choix. Les trolleybus n'allaient revenir qu'en 2002 sur la ligne 44... mais de façon éphémère et ne les retrouva réellement qu'en 2011.

Ainsi, le réseau de trolleybus se retrouva limité au début de la décennie 2000 aux seules lignes 1 (Saint-Paul – Bonnevay), 4 (Jean Macé – Cité internationale), 6 (Hôtel de ville – Croix Rousse), 11 (Jean Macé – Bonnevay), 13 (Hôtel de ville – Montessuy) et 18 (Jean Macé – Croix Rousse Deleuvre).

Nouveau matériel, nouvelles lignes : le renouveau ?

Cependant, l’arrivée en mars 2002 des premiers trolleybus modernes, les Cristalis, donnait un signal favorable à ce mode de transport. Dans un premier temps, 69 voitures de 12 m, de type ETB12, furent engagés sur le réseau et d'abord sur la ligne 1. Les derniers ER100 furent retirés du service en 2005. D’autre part, une deuxième tranche de 12 Cristalis articulés ETB18 arriva sur la ligne 1 : une première à Lyon.

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Lyon - Rue de la République - 8 octobre 2007 - Deux ETB18 de la ligne 1 (aujourd'hui C3) se croisent sur l'artère mixte piétons - trolleybus située juste au-dessus du tunnel de la ligne A du métro. © transporturbain

La politique de développement des transports en commun issue du Plan de Déplacements Urbains prévoyait l’essor du tramway et du trolleybus. Toutefois, dès 2001, le projet de conversion en tramway de la ligne 1, la plus chargée du réseau, fut abandonné lors du changement de municipalité par crainte des réactions des automobilistes et des commerçants, d’où l’arrivée des trolleybus articulés.

En 2006,  l’amorce d’une nouvelle ligne, dite C1, entre la gare de la Part-Dieu et la Cité internationale, était mise en service. Elle dispose de voies réservées et d’un système de priorité aux intersections. Quatre ans plus tard, elle était prolongée sur le plateau de la Croix Rousse par la montée des Soldats et le quartier de Montessuy pour rejoindre le terminus du métro à Cuire, formant une ligne au tracé peu lisible en forme de S replié sur lui-même. Parallèlement, en mars 2007, la ligne 51 Bonnevay – Vaulx-en-Velin Grappinière fut électrifiée et fusionnée six mois plus tard avec la ligne 1 sous l’indice C3 Saint Paul - Vaulx en Velin. Enfin, le 29 août 2011, la ligne 59 Part-Dieu – Rillieux Semailles était elle aussi électrifiée sous l’indice C2. Pour équiper ces trois lignes à fort trafic, le SYTRAL commandait 43 Cristalis articulés supplémentaires portant l'effectif total à 124 Cristalis, soit 12 voitures de moins que le parc maximal d'ER100.

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Rillieux la Pape - Avenue de l'Europe - 3 septembre 2011 - La ligne C2 succède à l'ancien bus 59. Elle bénéficie d'aménagements facilitant la circulation des trolleybus. © transporturbain

A cette date, la restructuration du réseau de surface modifiait la consistance des lignes et crée une nouvelle numérotation :

  • C1   Part Dieu - Cité internationale - Cuire
  • C2   Part Dieu - Charpennes - Rillieux Semailles
  • C3   Saint Paul - Part Dieu - Bonnevay - Vaulx Grappinière
  • C4   Jean Macé - Foch - Cité Internationale
  • C11 Saxe-Gambetta - Grandclément - Bonnevay
  • C13 Montessuy - Cuire - Croix Rousse - Hôtel de ville - Part Dieu - Grange Blanche
  • C14 Jean Macé - Cordeliers - Hôtel de ville - Gare de Vaise - Les Sources
  • C18 Hôtel de ville - Croix Rousse Nord
  • S6   Hôtel de ville - Place Croix Rousse

Dans un premier temps, la ligne C13 fut exploitée par autobus en attendant le retour des lignes aériennes sur l'avenue Lacassagne et la rue du professeur Florence. Cependant, l'exploitation par trolleybus sur l'intégralité du parcours fut de courte durée puisque, du fait des importants travaux de reconfiguration du quartier de la Part-Dieu, la ligne fut scindée en deux demi-lignes : Hôtel de Ville - Montessuy, assurée en trolleybus, et Grange Blanche - Hôtel de Ville en autobus.

Cependant, l'abandon du Cristalis par Irisbus et Alstom, remit en difficultés le trolleybus à Lyon, étant entendu que l'achat d'autres modèles était politiquement inenvisageable.

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Lyon - Rue du Jardin des Plantes - 13 avril 2013 - Un ETB12 sur la courte ligne C18 Croix Rousse Nord - Hôtel de ville, vu au bas de la montée de l'Annonciade. On aperçoit la convergence avec la ligne 6. © transporturbain

En 2016, le SYTRAL et les TCL ont tout de même fait l'essai d'un trolleybus bi-articulé Swisstrolley prêté par Lucerne, en vue d'équiper C3 dont la charge élevée (55 000 voyageurs par jour) ne peut être correctement gérée par des trolleybus de 110 places. Cependant, aucune suite n'a été donnée et il fut un temps question de réformer par anticipation les Cristalis.

Néanmoins, le réseau lyonnais n'a pas succombé aux sirènes de l'autobus électrique, ni de l'autobus hybride... du moins jusqu'en 2017.

Vers Les trolleybus à Lyon en 2018Nos propositions de développement

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