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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains
translohr
29 juin 2012

Alstom reprend Translohr

Le Tribunal de Grande Instance a donc confirmé la reprise pour 35 millions d'euros de l'activité "tramway sur pneus" de l'entreprise alsacienne.

On noterera - non sans amusement - que le nouveau ministre du redressement productif s'est félicité de la consolidation en France de cette technologie... à laquelle seul notre pays s'intéresse puisqu'aucun autre constructeur ne s'est lancé dans pareille aventure depuis que Bombardier a tiré les leçons du TVR.

Néanmoins, 20 villes françaises sont déjà équipées de tramways, et n'ont donc aucun intérêt - si ce n'est prendre un risque technologique majeur et dépense bien plus que de raison pour un produit moins performant d'autant qu'il est incompatible avec l'existant - à s'intéresser à ce produit. Quant aux autres villes, cinq ont déjà fait le choix du tramway classique et au-delà, le nombre de villes pouvant justifier un tramway commence à sérieusement se réduire...

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11 avril 2012

Alstom reprendrait Translohr

La presse économique indique qu'Alstom reprendrait 85% du capital de la division tramway de Lohr Industries. On sait que l'Etat a fortement pressé l'industriel pour ne pas voir disparaître cette entreprise alsacienne.

Préserver le site de production, oui. Le produit, c'est à voir : quel est l'intérêt d'Alstom d'intégrer dans sa gamme et de commercialiser un produit concurrent, mais dont l'infériorité technique, économique et commerciale est aujourd'hui connue de tous (sauf de ceux qui ne veulent pas le comprendre, par exemple à Paris et à Strasbourg), et peut par conséquent nuire à l'image des productions du groupe, alors que les Citadis bénéficient d'un niveau de satisfaction élevé de ses détenteurs ?

Bref, de la même façon que les lobbies automobiles et pétroliers avaeient dans l'entre deux guerres racheté les compagnies de tramway aux Etats Unis (mais aussi en France) pour mieux les supprimer, l'arrivée d'Alstom est-elle réellement un signal de pérennité pour le Translohr ? Pas sûr.

En revanche, Alstom pourrait avec cette opération prendre pied dans le projet Neoval puisqu'aujourd'hui, Lohr est en contrat avec Siemens pour le guidage et la constitution de la caisse.

13 décembre 2011

Lohr vend sa division tramway

En recherche de liquidités à court terme, Lohr Industries s'apprête à mettre en vente sa division tramways pour redonner de l'air à cette entreprise qui, historiquement, construisait des porte-chars et des porte-autos pour le transport routier et le transport ferroviaire. Au début des années 2000, elle s'est lancée dans un concept de tramway sur pneus, et a remporté trois marchés en France (Clermont Ferrand, Paris T5 et T6), quatre en Italie et un en Chine.

Lohr a aussi assemblé les 12 rames Avanto du tram-train de Mulhouse, pour le compte de Siemens, avec lequel un partenariat a été développé pour le Neoval, qui reprend le système de guidage du Translohr.

Le produit n'a cependant pas percé et n'a pas réellement concurrencé les tramways iques conservant de solides atouts, que ce soit du point de vue économique, industriel (pas de dépendance technologique) voire sécuritaire. En dix-huit mois, les tramways sur pneus ont fait l'objet d'un rapport du Commissariat Général à l'environnement et au développement durable, d'un audit sur la maintenance et la sécurité à Clermont Ferrand après le déraillement de janvier dernier, et d'un rapport du Bureau Enquête Accidents sur l'incendie d'une rame en 2009.

Autant dire que les conditions pour un repreneur présentent quelques difficultés.

7 décembre 2011

Clermont Ferrand : un nouvel audit à charge

Après le rapport de SYSTRA sur la maintenance du Translohr, c'est le Bureau Enquêtes Accidents des Transports Terrestres qui publie son rapport sur l'incendie d'une rame le 26 décembre 2009.

Cet incendie est né sur un essieu dont les freins sont restés serrés pendant la circulation de la rame, provoquant un échauffement du disque dont la température a atteint 850 degrés avant l'embrasement de la rame. Il est également apparu que l'étrier de frein était particulièrement corrodé, semble-t-il provoqué par des projections d'eau salée du fait du salage des voiries pour le déneigement. L'étanchéité des étriers de frein semble à ce titre pointée par l'audit car elle concernerait l'ensemble du parc. Par ailleurs, le système de graissage présente des différences d'une rame à l'autre, différences radicales puisque certaines rames n'en sont pas munies : ce système est en principe destiné à éviter le grippage mécanique du système de serrage des freins.

Le BEA souligne aussi les faiblesses conceptuelles du matériel Translohr dans le chapitre 3.6 du rapport. D'abord, l'utilisation d'essieux de type routier répondant aux normes routières. Or il avait déjà été pointé que cette transposition brute présentait des risques sur un véhicule de type tramway dont les sollicitations ne sont pas celles d'un véhicule routier. Ensuite, le risque lié à la proximité entre cette source potentielle de chaleur et l'intercirculation avait été mis en avant par le bureau Véritas. Sur ces deux points, le constructeur n'a semble-t-il pas tenu compte de l'organisme qualifié agréé lors de l'expertise précédant la mise en service du matériel.

Par ailleurs, plusieurs matériaux de constitution du matériel roulant, notamment le garnissage intérieur et les plafonniers, ne répondent pas aux normes feu-fumée appliquées au matériel ferroviaire, mais aux véhicules routiers.

Le BEA émet six recommandations pour réduire les risques d'incendie, notamment en demandant une amélioration de la protection entre les roues et l'intercirculation, installer un système de détection de l'échauffement du système de freinage et utiliser des matériaux plus résistants au feu. Etant donné que sur le T6 parisien, le Translohr circulera en tunnel entre Vélizy et Viroflay, il vaudrait mieux... car si l'incendie de Clermont n'a fait aucune victime, qu'en serait-il si pareil événement arrivait dans le souterrain de cette ligne ? Sans aller jusqu'à rappeler la catastrophe de 1903 à la station de Métro Couronnes (84 morts), on pourrait redouter un bilan plus lourd.

Quoi qu'il en soit, cela souligne un peu plus la légèreté de la conception du Translohr d'une part, et de la crédibilité des décideurs ayant choisi ce produit...

5 octobre 2011

Clermont Ferrand : un audit peu élogieux

Suite à l'accident du 10 janvier dernier au cours duquel un Translohr avait quitté son rail de guidage et percuté le muret longeant la plateforme dans la descente du viaduc Saint-Jacques, le Préfet du Puy-de-Dôme avait demandé un audit sur la sécurité et la maintenance du tramway sur pneus. Cet audit intervient dans une période complexe dans les transports clermontois, marqué par des tensions d'ordre budgétaire entre le SMTC (autorité organisatrice) et T2C (la société d'économie mixte exploitante du réseau) et les discussions pour une éventuelle arrivée au capital de T2C de RATP Dev pour apporter une expertise sur ce fameux Translohr.

L'audit a relevé plusieurs problèmes sur la maintenance du matériel et des non conformités par rapport aux préconisations du constructeur. Certains composants essentiels sur le roulement, le guidage et le freinage sont victimes d'une usure prématurée. Les auditeurs ont ainsi retrouvé des bandages des galets de guidage sur la voirie ou sur la piste d'essai de l'atelier : les galets présentent une usure prononcée, y compris sur la partie métallique, mettant clairement en risque la fonction de guidage.

De son côté, le constructeur pointe ces carences de maintenance, et rappelle les courriers déjà adressés sur le sujet après ses propres constatations. Néanmoins, il apparaît en filigrane que le fonctionnement correct du Translohr nécessite un niveau de maintenance très poussé, ce que semblent confirmer plusieurs expertises d'exploitants ou de services ministériels sur les coûts réels de la maintenance du matériel par rapport aux véritables tramways. Par ailleurs, l'audit pointe une surestimation de la résistance de certains composants, notamment les bandages des galets.

Bref, cet audit ne remet pas en cause les fondements du tramway sur pneu, ce qui aurait été considéré comme prise de position très tranchée, impossible - malheureusement ? - dans le contexte clermontois, mais pointe "par en-dessous" ses points faibles par rapport aux tramways classiques dont les coûts sont aujourd'hui connus et maîtrisés.

On rappellera en guise de conclusion qu'en 1990, l'agglomération avait adopté un projet de tramway classique, avec le TFS d'Alsthom pour matériel roulant.

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16 septembre 2011

Caen va-t-elle se mettre au tramway ?

Vous allez dire "mais Caen a déjà un tramway !" Que nenni : Caen est desservie par une ligne de TVR, sorte de tramways sur pneus dont la fiabilité n'a jamais été au rendez-vous depuis sa mise en service en 2002 sur deux lignes nord-sud totalisant 15,7 km avec un long tronc commun central : la ligne A relie les deux campus et la ligne B assure le trajet Hérouville - Les Ifs. Les deux lignes totalisent 34 stations.

Après la parution de l'expertise du Commissariat Général à l'Environnement et au Développement Durable, l'agglomération a pris la mesure de la difficulté dans laquelle elle s'était plongée en choisissant un mode de transport à la technologie brevetée par le constructeur et d'une fiabilité incertaine. Concédée pour 30 ans, l'exploitation et la maintenance du TVR devrait finalement prendre fin en 2022, soit dix ans plus tôt que prévu. Pour le remplacer, deux solutions sont envisagées : le tramway ou le Translohr.

Ce dernier choix présente politiquement un avantage : ne pas renier la stratégie sur pneumatiques. Elle présente pourtant de notables inconvénients. La fiabilité particulièrement médiocre du matériel, son coût prohibitif (deux fois supérieur au tramway par place offerte), et surtout une quantité de travaux non négligeables :

  • le profil de rail n'est absolument pas le même entre le TVR et le Translohr le gabarit non plus : 2,55 m pour le TVR, 2,20 m pour le Translohr
  • la reprise des stations avec d'une part le décalage du rail de guidage pour s'approcher des quais, et leur allongement pour augmenter la capacité : le TVR fait 25 m de long et offre 150 places. A iso-longueur, le Translohr n'offre que 120 places. Il faudra donc passer à une longueur de 32 m pour atteindre 170 places
  • la transformation de l'atelier de maintenance, morceau de choix s'il en est

Evidemment, ces travaux auraient un impact majeur sur les voyageurs puisque lors du renouvellement du rail de guidage, les sections en chantiers ne pourraient plus être desservies.

Par conséquent, le passage au vrai tramway serait probablement d'un niveau de complexité supplémentaire marginal par rapport au "minimum syndical" requis par le passage au Tranlohr... à ceci près que la pérennité technologique du Translohr reste au moins aussi incertaine que celle du TVR, et les conclusions de l'audit en cours de réalisation à la demande de la Préfecture du Puy-de-Dôme suite aux accidents du début d'année à Clermont-Ferrand seront un signal intéressant sur ce sujet.

Caen fera par ailleurs le choix du mode de transport de son second axe en site propre est-ouest cette fois-ci : le coup double du tramway est-il possible ? Du moins, c'est ce qu'on espère !

1 septembre 2011

Strasbourg : le Translohr fait débat

Le 19 février dernier, nous vous faisions part des premières réactions sur le projet de tramway strasbougeois sur pneus porté par la Communauté Urbaine pour l'ouest de l'agglomération strasbourgeoise, entre Vendenheim et Eckbolsheim par la gare centrale. Nous nous étions alors étonné de cette orientation de la CUS, dont la politique avait été globalement exemplaire (mis à part la desserte de Neudorf sans passer par la place du Marché) et apporté notre contribution à l'association TC-Alsace.

Cela n'a pas manqué, les réactions ont été nombreuses. Du côté des promoteurs du projet, le propos pourrait être résumé par la formule "dormez braves gens" : tout va bien, le Translohr n'a pas de problème de fiabilité, il est moins cher qu'un tramway tant du point de vue de l'acquisition du matériel que celui de la construction de la ligne, et en plus, il peut être réalisé plus vite qu'un tramway classique, beaucoup plus vite : cinq ans de moins selon les promoteurs du projet...

Du côté des observateurs lucides, évidemment, le propos est nettement moins enthousiaste : les Translohr exploités (quatre réseaux, ce qui fait un panel plutôt maigre !) ne sont pas si exemplaires que cela et le seul cas clermontois suffit à égratigner sérieusement la confiance en cette technologie. On pourrait par exemple rappeler qu'un audit sur la sécurité est en cours suite à l'incendie d'une rame, et qu'après le déguidage du début de l'année, la vitesse des rames est limitée à 40 km/h au lieu de 60, sachant qu'un relèvement à 30 a été opérée sur le viaduc où s'est produit le dernier accident... après une période de ralentissement à 10 km/h.

Concernant les coûts d'investissement, il suffit d'une petite comparaison entre les différentes réalisations françaises (Paris mis à part pour les raisons qu'on sait...) pour comprendre que ce n'est pas l'épaisseur de la dalle de béton ni le nombre de rails qui fait le coût au kilomètre de la ligne de tram. Pour le matériel, on se limitera à six chiffres :

  • 3,4 millions d'euros pour 120 places sur le STE3 du T5 parisien soit 28 333 euros par place
  • 5,2 millions d'euros pour 250 places sur le STE6 du T6 parisien soit 21 800 euros par place
  • 2 millions d'euros pour 220 places pour les Citadis de Brest et Dijon soit 9090 euros par place

Sur les coûts d'exploitation, différentes études officielles ont été menées et elles aboutissent à identifier des surcoûts manifestes pour le Translohr par rapport au tramway : d'une part, le Translohr étant sur pneumatiques, la surface d'adhérence du pneu entraîne une consommation d'énergie à la tonne supérieure de 30% ; d'autre part, les coûts de maintenance évalués par la RATP pour les deux projets de Translohr qui lui ont été imposés prévoient un écart de plus de 40% par rapport à ceux des tramways classiques.

Ensuite, la dépendance technogique et l'incertitude sur sa pérennité. Qui dit tramways sur pneus dit Translohr, avec donc une mise en concurrence plus que limitée du fait du brevetage de la technologie de guidage. Qu'en sera-t-il dans 20 ans ? On exploite des tramways depuis 1854 sur des rails (le puriste dira qu'entre le tramway de Loubat et les rames actuelles, il y a quelques différences, mais les principes sont les mêmes). D'autre part, au vu des difficultés déjà rencontrées en cinq annes à Clermont-Ferrand, peut-on raisonnablement penser que les Translohr auront une durée de vie de 40 ans comme les tramways ? Pour les TVR, l'audit récent du CGEDD mise sur une durée de vie de 20 ans environ, c'est à dire celle d'un trolleybus.

Au passage, ce point viendrait renchérir le coût d'investissement comparé à celui d'un tramway. Si sur 40 ans il faut financer le renouvellement à 20 ans de la flotte de Translohr, l'addition devient franchement indigeste.

Alors il reste aussi la largeur : 2,20 m pour le Translohr et 2,40 m pour le tramway de Strasbourg. Argument employé pour emprunter certaines voiries. Cependant, les travaux d'un des pères du tramway de Strasbourg (Georges Muller) ont établi une largeur de plate forme de 5,24 m pour deux voies au gabarit 2,40 m. Autant dire qu'un tramway à double voie passe à peu près partout... et que l'argument de la largeur de la route des Romains n'en est pas vraiment un...

Enfin, et c'est gênant à Strasbourg qui a été exemplaire jusqu'à présent de ce point de vue, l'impossibilité de maillage avec les lignes et les sites de maintenance existants. Cet enclavement conduit donc à construire un atelier de maintenance plutôt que d'étendre un site actuel, et aussi à ne pas mutualiser les réserves (d'autant plus excluse que les technologies sont incompatibles) donc à augmenter le parc nécessaire.

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