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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Saint Malo : du tramway au bus... et au bateau

L'histoire des transports en commun de Saint Malo est assez étonnante quoiqu'on y retrouve la plupart des ingrédients habituels des principales villes de France... mais dans un bassin urbain de taille nettement plus réduite.

Plusieurs tramways... et même un électrobus

Au comencement était donc un tramway... ou plutôt des tramways. Le 25 août 1889, la concession Wilmart, des investisseurs belges, accordée un an plus tôt mettait en service un premier réseau à voie métrique en Y entre Paramé et la porte de Dinan d'une part et Saint Servan d'autre part, cette dernière desservant au passage la gare de Saint Malo. Chaque branche était desservie à la demi-heure et même au quart d'heure en été. La Société des Tramways Bretons était fondée en 1892 pour développer le service autour de la cité malouine, générant déjà un trafic important de tourisme balnéaire. Il fallait à la fois étendre le service pour répondre aux besoins de la population et des touristes, mais aussi de l'industrie locale, d'où l'apparition d'un service de marchandises sur la ligne de Saint Servan en 1897. Le tramway fut prolongé de Paramé à Cancale et La Houle le 3 août 1898, formant ainsi un réseau de 24 km, exploité en traction vapeur.

CP-tram-saint-malo

Le départ du tramway de Paramé, devant les remparts, avec une rame composée de 4 voitures et un fourgon.

Pour desservir la plage et le bourg de Rothéneuf, un petit chemin de fer Decauville, long de 3,7 km, à écartement de 60 cm et en traction vapeur fut déclaré d'utilité publique le 16 novembre 1895 et confié à une compagnie indépendante. L'exploitation débuta le 28 juin 1896 avec une cadence horaire. Les 3 locomotives souffraient d'une puissance insuffisante et furent donc épaulées par une machine Blanc-Misseron et une Decauville plus nerveuse pour affronter les rampes de 20 pour mille à Rothéneuf. Déposée en septembre 1914 par l'Armée qui cherchait ce type de voies pour pourvoir à ses besoins pendant la guerre. Ainsi disparut ce petit tramway littoral, en dépit de la tentative de reconstruire la ligne à voie métrique pour l'intégrer au réseau Saint Servan - Paramé - Cancale.

CP-tram-rotheneuf

Les employés du tramway de Rothéneuf prennent la pose devant un convoi bigarré avec 2 voitures ouvertes et 2 voitures fermées. On imagine la stabilité des circulations, même à allure réduite, avec la voie de 0,60 m...

Entre 1905 et 1906, un très éphémère service de trolleybus primitif a circulé avec des véhicules Lombard-Gérin sur un itinéraire parallèle au tramway entre Saint Malo et Saint Servan. La fiabilité plus que médiocre de ce service entraina sa disparition très rapide.

CP-electrobus-saint-servan

L'éphémère trolleybus a tout de même été pris en photo apparaissant sur cette carte postale, avec le chariot de captage du courant bien visible, et dont la chute régulière provoqua le retrait rapide de ce service.

Après guerre, la crise économique et l'inflation entrainèrent une reprise du réseau par la régie départementale d'Ile et Vilaine, qui lança d'emblée les études d'électrification pour en diminuer les coûts d'exploitation et éliminer une traction vapeur de moins en moins compatible avec une cité historique et balnéaire... Le fil aérien alimenté en 550 V était mis en service le 17 avril 1927 ainsi que 12 motrices à 2 essieux des Constructions Electriques de France, assez évoluées compte tenu de leur construction tardive par rapport aux autres réseaux urbains. Ensuite, les Tramways d'Ile et Vilaine établirent une liaison à Rocabey entre le réseau urbain et les lignes départementales.

  • un tramway à voie métrique, mis en service en 1889, sur une longueur de 7,3 km, d'abord en traction vapeur puis électrifié en 1927 ;
  • l'abandon du tramway en 1948 au profit du trolleybus par pénurie de moyens face à un réseau obsolète et endommagé par la guerre ;
  • le remplacement des trolleybus par des autobus en 1959.

CP-tram-saint-malo

Saint Malo - Esplanade Saint Vincent - Vers 1910 - Pas moins de 4 remorques derrière la locomotive à vapeur sans foyer du tramway de Saint Malo à Cancale. Forte affluence de voitures de louage et autres fiacres profitant de l'éloignement de la gare et de la clientèle du casino et des bains de mer. A comparer avec la photo ci-après un siècle plus tard...

CP-tram-saint-malo2

Les vues de tramways électriques à Saint Malo sont rares, pas plus qu'il ne semble pas exister de vues des éphémères trolleybus Somua SW102 : voici donc cette rare carte postale illustrant la traction électrique sur ce réseau, à l'aide de motrices de conception classique sur truck à deux essieux mais avec plateformes vestibulées.

Les transports urbains à Saint Malo aujourd'hui

La ville est aujourd’hui desservie par un réseau d’autobus, exploité par Keolis, comprenant 4 lignes principales cadencées aux 20 minutes. S’y ajoutent une dizaine de lignes à moindre service assurant la desserte de l’agglomération, y compris de Cancale. En dépit de la taille de l’agglomération (83 000 habitants) et de son importante fréquentation touristique, le service du dimanche est des plus réduits. En outre, la gare, nettement excentrée (et en plus reculée de 260 m en 2005 pour l'arrivée du TGV), n'est pas desservie de façon commode car si les 4 lignes principales la desservent, seul la ligne circulaire assure la liaison directe dans le sens Remparts - Gare. Résultat, les voyageurs du train sont souvent contraints à 20 minutes de marche dans une zone industrialo-portuaire... surtout le dimanche, jour où l'offre est limitée à un bus par heure sur quelques lignes. Dommage dans une ville qui accueille près de 8 millions de touristes chaque année et qui mise sur les 3 allers-retours de TGV.

Le service est assuré par une quarantaine de véhicules dont 33 standards (Heuliez GX217, GX317, GX327, Irisbus Citélis, Mercedes Citaro, Volvo 7900) et 7 minibus, auxquels s'ajoutent des autocars pour les services spéciaux.

Le 1er juin 2018, la nouvelle identité du réseau MAT (Malo Agglo Transport) a été dévoilée, succédant à Keolis Saint Malo Agglomération (KSMA), avec pour priorité le passage à la billétique sur la carte régionale Korrigo.

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Saint Malo - Esplanade Saint Vincent - 10 juin 2016 - Non non, ce n'est pas L'Etoile du Roy qui vous emmènera de Saint Malo à Dinard... mais vous pourrez le visiter ! Les autobus font leur terminus au même endroit que les tramways un siècle plus tôt. A comparer avec les cartes postales ci-avant, même si le casino n'a plus vraiment la même allure. © transporturbain

Le bateau, transport (inter)urbain entre Saint Malo et Dinard

En revanche, plus étonnante est l'histoire de la liaison par bateau entre Saint Malo et Dinard. Les deux cités balnéaires touristiques, chacune dans leur style, sont reliées tous les jours de l'année depuis 1858. A l'époque, c'est un bateau à vapeur, La Ranche, qui était engagée par la Compagnie Fichet.

Le service de la compagnie Corsaire assure aujourd'hui la liaison en 10 minutes. En basse saison, un seul bateau assure un départ toutes les 40 minutes entre 7h et 20h. En haute saison, un second navire permet de doubler l’offre.

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Saint Malo - Cale de Dinard - 10 juin 2016 - Quand le transport urbain prend l'eau pour plus d'efficacité : pas besoin d'avoir le pied marin - du moins par temps calme - pour emprunter les navettes Saint Malo - Dinard ! © transporturbain

La voie d’eau (difficile de dire si elle est « fluviale » ou « maritime »… assurément un peu des deux) constitue en effet le moyen le plus rapide de relier les deux villes. Il faut en effet 22 minutes en voiture pour relier les deux villes, en faisant un important détour dans l’estuaire : le franchissement de la Rance s’effectue par la route départementale implantée sur le barrage de la célèbre usine marémotrice de production électrique.

Si la traversée est rapide, elle vous procurera un panorama remarquable sur la cité malouine (un de plus serait-on tenté de dire). Une petite croisière pour 7,70 € l’aller-retour, qui vous offrira aussi l’occasion de croiser une grande diversité de bateaux, du plus petit au plus grand : bateaux de pêche, de plaisance, navires de croisière, navettes de liaison vers les iles anglo-normandes…

Bref, Saint Malo est un réseau de transport à l'histoire étonnamment riche et, avec la liaison maritime vers Dinard, un service urbain « vivifiant » !

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