1896-1908 : l'éphémère tramway d'Aix les Bains

Tramway, thermalisme et desserte des hôtels

Parmi les petits réseaux de tramways à l'existence éphémère, celui d'Aix les Bains ne fut exploité que durant 12 années seulement. Pourtant, la concession accordée à MM. Bastin et Grosset couvrait une période de 75 ans à compter du 11 mars 1895. Elle comprenait 4 lignes dont 3 au départ de la place de Genève, vers le Grand Port, le Petit Port et la cascade de Grésy. La dernière ligne reliait la place du Revard à Marlioz.

A l'époque, la ville ne comprenait que 8300 habitants. L'arrivée du chemin de fer facilita le développement du tourisme et du thermalisme : l'importante activité hotelière qui en résultait vit d'un mauvais oeil la concurrence du tramway sur les fiacres et omnibus d'hôtels alors très présents, stationnant devant la gare. Aussi, les hoteliers réussirent à interdire l'arrêt des tramways devant la gare pour éviter l'évaporation du trafic.

La place de Genève était le point central du réseau de tramways aixois : son service sporadique et éphémère en faisait une curiosité touristique plus qu'un véritable service de transport urbain, pas vraiment justifié dans une ville de 8300 habitants.

En outre, le réseau avait adopté la traction mécanique à air comprimé, système Mékarski, alors que les tramways électriques faisaient leur apparition dans nombre de villes depuis le début de la décennie 1890. Une série de 10 motrices avait été livrée, accompagnée de 4 remorques ouvertes, d'allure désuète et de technique obsolète dès leur livraison.

Le service était assuré uniquement d'avril à octobre, avec une offre des plus squelettiques, entre 1 et 3 allers-retours par jour. Dans ces conditions, la concurrence exercée sur les fiacres et omnibus d'hotels par le tramway était des plus limitées et l'exploitation extrêmement déficitaire. La Compagnie des Tramways d'Aix les Bains ne put obtenir la conversion à la traction électrique, précipitant la fin de ce petit réseau en 1908. Des cars Ripert, guère plus modernes, prirent la relève, gérés par l'entreprise de M. Martin de Grenoble. Peu modernes eux aussi, ils furent remplacés par des autobus à compter de 1927. 

Aix les Bains - Rue de Genève - 29 décembre 2017 - La ligne 1 du réseau Ondéa emprunte la rue de Genève comme le faisaient les éphémères tramways. Elle propose 22 allers-retours par jour, assurés en 2017 par des Crossway à plancher bas. © J.J. Socrate

Aix les Bains - Boulevard Charles de Gaulle - 16 juillet 2016 - La ligne 2 dispose de l'offre la plus consistante avec une cadence aux 20 minutes entre le collège de Grésy et le centre commercial de Drumettaz. © J.J. Socrate

Réflexions pour le retour du tramway

L'idée d'un tramway à Aix les Bains est réapparue en 2006, portée par l'association Revard Aix Technolac Chambéry, sous la forme d'une liaison entre Montmélian et Albens via Chambéry et Aix les Bains, intégrant la renaissance de la crémaillère du Mont-Revard. Estimé à 500 M€ mais non financé, le projet ne connut pas de suite en dépit d'un certain intérêt des élus aixois : dans la plaine, le tramway aurait assuré une liaison complémentaire à celle des TER en desservant l'aéroport et la zone d'entreprises Technolac avant d'engager l'ascension au Revard.

Une version allégée du projet, limité à une liaison entre le lac du Bourget et le Revard via Aix les Bains, a émergé en 2016 : évalué à 150 M€, ce tramway, toujours à voie métrique et à crémaillère, est resté sans suite, alors que ses promoteurs soulignent le potentiel touristique, en s'inspirant des résultats de la crémaillère du Puy de Dôme.