Le congrès 2015 du GART

Pour l’année 2015, les Rencontres Nationales du Transport Public s’étaient installées à Lyon : la seconde agglomération française était un choix assez évident puisque la constitution de la nouvelle métropole modifie la géographie administrative d’un bassin comptant 1,5 millions d’habitants. Probablement une façon de montrer le chemin aux autres villes, y compris à la capitale, où chaque maire de banlieue voudrait quasiment constituer sa propre métropole.

Le contexte n’était pas qu’administratif : il était aussi et surtout économique. Les collectivités locales sont contraintes à des économies sur tous les postes, et les transports n’y échappent pas alors que la demande est toujours aussi pressante. Lyon était d’ailleurs – encore une fois – un choix évident car le réseau souffre de plus en plus de son sous-dimensionnement : en dépit de ses 4 lignes de métro et ses 5 lignes de tramway, le bus reste encore un mode dominant et nombre de lignes combinent irrégularité et surcharge chroniques.

Faute de moyens suffisants, les projets de tramways sont beaucoup moins nombreux. Le BHNS semble devoir en profiter : ici un Créalis Neo sur base Urbanway pour le réseau du Mans.

L’approche de la conférence mondiale sur le climat offrait une excellente accroche aux élus du GART qui n’ont pas manqué de pointer les paradoxes du moment, entre d’une part l’aspiration à une rupture des sociétés dans le rapport à la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de l’air et, d’autre part, l’accumulation de signaux négatifs, cédant sans vergogne aux lobbies de l’automobile, du transport routier et de l’industrie pétrolière, avec comme symboles les plus manifestes de ce penchant la libéralisation de l’autocar et l’abandon de l’écotaxe.

Heuliez accentue son implantation en Ile de France avec plusieurs marchés remportés tant à la RATP que sur les réseaux du groupement Optile, ici un véhicule de Transdev.

Autant de sujets qui ne furent pas esquivés par les discours officiels, notamment celui de Louis Nègre, le Président du GART. Certes, pour la première fois, le Premier Ministre venait aux journées du GART. Son discours ne contenait pas d’éléments susceptibles d’affaiblir le doute persistant sur les réelles intentions de son gouvernement quant au financement des transports urbains, interurbains et régionaux, la menace sur l’équilibre des TER avec la libéralisation fulgurante des autocars de ligne et aux conséquences sur l’aménagement du territoire d’une contraction du servi ce public dont les bases seraient sapées par la concurrence des autocaristes.

Le Lion's City de MAN est probablement l'autobus hybride à ce jour le plus au point avec une réelle capacité à circuler en mode électrique jusqu'à 25 km/h. 

Autre thème du moment, la fraude plus globalement la tarification des réseaux : puisque les subventions sont plus maigres, les réseaux doivent maximiser leurs recettes en augmentant le taux de recouvrement des amendes, et leur montant. Compte tenu qu’en moyenne, le montant du PV est équivalent à celui d’un mois d’abonnement, il « suffit » de passer entre les mailles du filet pour s’en sortir gagnant dans le porte-monnaie. On est évidemment loin du niveau des PV en Suisse ou en Allemagne où le fraudeur devra débourser plusieurs centaines d’euros.

Dans le domaine de la tarification toujours, l’équité sociale a été discutée et il semble désormais acquis que les réductions devaient être accordées selon le niveau de ressources plutôt que selon la classe d’âge.

Enfin, en complément de l’augmentation des recettes, c’est la maîtrise des coûts d’exploitation qui est de plus en plus en jeu : faut-il par exemple desservir tous les territoires d’agglomérations de plus en plus étendues vers des zones de moins en moins denses, ou faire des choix de dessertes pour rester dans une enveloppe soutenable pour la collectivité ? L’égalité est un principe qui peut avoir ses limites budgétaires…

Dans les allées de l’exposition, les constructeurs d’autobus étaient tous venus avec des véhicules hybrides, technique qui semble s’imposer comme le meilleur compromis actuel entre la maîtrise technique et le bilan environnemental, en dépit des incertitudes sur le recyclage des batteries. La présence du chinois Yutong n’a pas manqué d’animer les conversations. Son autobus standard purement électrique est proche des canons européens (reste la finition…) et il est produit à 1500 exemplaires par mois : autant dire que son développement est amorti et sa production maîtrisée. Sa présence en France devient plus que probable, d’abord en essai avant des commandes qui poseront évidemment des questions sur la préférence au « made in France ».

L'autobus électrique Yutong : le constructeur chinois espère placer dans un premier temps des véhicules pour essai.

Dans le domaine ferroviaire, il n’y avait cette année que des maquettes. CAF présentait son tramway « sur mesure » pour Saint Etienne. Bombardier n’avait rien de nouveau, attendant toujours de nouvelles commandes de Régio2N. Alstom fait un lobbying puissant pour s’arroger le renouvellement des TET avec un Coradia Liner apte à 200 km/h qui peut apparaître comme une réponse mais pas forcément LA réponse la plus adaptée. Siemens n’était pas présent.

Maquette du nouveau tramway de Saint Etienne, qui sera fourni par CAF.