Strasbourg : les nouveaux tracés vraiment adoptés ?
L’Eurométropole de Strasbourg a adopté mi-décembre le tracé de la nouvelle ligne de tramway en direction de Schiltigheim et Bischheim. La solution la plus directe a été adoptée, par la route de Brumath, sans desservir le centre de Schiltigheim et la gare de Bischheim.
Sur la commune de Strasbourg, la création d’une liaison directe en tramway entre la gare et les institutions européennes (remplaçant l’actuelle ligne H assurée en autobus électriques) empruntera le boulevard Wilson, la place de Haguenau et l’avenue des Vosges (alors que la ligne H passe par le boulevard Clémenceau). Cependant, lors de la concertation, aucune des solutions proposées ne s’était réellement distinguée.
Strasbourg - Place de la Gare - 26 janvier 2022 - La ligne H entre la gare et le quartier européen est assurée en autobus électriques. Point d'Aptis en vue (ce qui laisse présager un usage des plus éphémères) mais les nouveaux Irizar ie12bus assurent la relève. Ils sont également engagés sur la longue ligne 2 et la ligne 10, la ceinture de l'hypercentre. Si la ligne H est tracée par le boulevard Clémenceau, le tramway prendrait l'avenue des Vosges (empruntée par la ligne 10). Notre proposition suggère un tramway sur une partie de la ligne 2 entre les stations Laiterie et Observatoire. © transporturbain
Résultat, les oppositions commencent à se faire jour, et avec des arguments qui sont à peine surprenant. Les riverains de l’avenue des Vosges n’ont manifestement pas envie d’avoir le tramway en bas de chez eux. Ils vont même plus loin, soutenus par quelques élus strasbourgeois, relativisant l’intérêt du projet puisque « de toute façon la voiture devent propre ! ». Une petite allusion qui en dit long… sur l’absolution donnée au transport individuel décomplexé : qu’importent la pollution exportée et la consommation unitaire d’énergie par voyageur transporté, qu’importe le fait que, même électrique, une voiture reste un objet de 8 à 10 m² transportant en moyenne 1,1 personne générant donc de la congestion. Décidément, le transport public n’est pas à la fête et le néo-individualisme continue de faire des ravages !
A ce sujet, transporturbain avait proposé un autre scénario, présentant l’avantage de pouvoir réellement desserrer le nœud central de l’Homme de Fer des tramways de Strasbourg.
Strasbourg - Boulevard de Nancy - 26 janvier 2022 - La section de la ligne F entre le Faubourg National et la Route des Romains admet sur le boulevard de Nancy la circulation des autobus de la ligne 2. La station est dotée de quais dissociées en quinconces entre bus et tramway. © transporturbain
En attendant, la CTS réceptionne la nouvelle tranche de 17 rames Citadis, destinées à augmenter la capacité du réseau et réformer une partie des Eurotram. Un nouveau marché est prévu pour la fourniture des rames destinées à la nouvelle ligne vers Bischheim et la recomposition du réseau.
Strasbourg - Route des Romains - 26 janvier 2022 - Un Eurotram court : une espèce en voie de disparition afin d'augmenter la capacité du réseau. Notez au passage la section à voie unique sur la route des Romains pour ménager la circulation automobile, le stationnement, les pistes cyclables, au prix de trottoirs étroits et d'une contrainte sur l'exploitation des tramways. © transporturbain
Strasbourg : le début de la fin pour les Eurotram
Arrivées voici bientôt 25 ans, une partie du parc des Eurotram quitte le réseau strasbourgeois : au cours de l'année 2018, un premier plan de réforme a concerné 11 rames courtes, issues de la première tranche de 16 rames livrées en 1994 et devenues insuffisamment capacitaires. La livraison de 22 Citadis a permis de libérer ces rames, qui avaient déjà été cantonnées aux lignes les moins fréquentées du réseau.
En revanche, les 27 autres Eurotram (10 rames courtes et 17 longues) sont concernées par un programme de rénovation mi-vie, concernant les planchers, la décoration intérieure (un peu datée), les sièges mais également la caisse et les bogies de ces rames. La rénovation a été confiée aux Ateliers de Construction du Centre à Clermont-Ferrand.
Strasbourg - Rue de la Première Armée - 31 janvier 2015 - La rame 1001, assurant un service sur la ligne D alors limitée au parcours Rotonde - Aristide Briand. Ces rames innovantes sont devenues insuffisamment capacitaires du fait du considérable succès du tramway strasbourgeois. © transporturbain
C'est le deuxième cas de réforme d'un matériel arrivé à la renaissance d'un réseau français de tramways : Rouen avait précédemment cédé ses TFS au réseau turc de Gaziantep.
Nantes : bientôt le nouveau Busway
Pour faire face à la saturation de la ligne 4, appelée Busway, entre la cathédrale de Nantes et le terminus de la porte de Vertou, la métropole nantaise a décidé de passer du bus articulé de 18 m et 110 places au bus bi-articulé de 24 m et 150 places... en ajoutant un volet supplémentaire : la traction électrique. Ces véhicules fournis par Hess avec une chaîne de traction conçue par ABB, dérivés du Swisstrolley, sont donc munis de batteries qui seront rechargées au dépôt, aux terminus et à certains arrêts par un dispositif de biberonnage rapide. Bref, Nantes adopte pour sa première ligne de BHNS le projet TOSA exploité à Genève sur la ligne 23.
Présentation du e-Busway devant le château de la duchesse Anne. (cliché Nantes Métropole)
Le premier des 22 e-Busway est arrivé à Nantes. La mise en service de la flotte aura lieu au premier trimestre 2019. Les actuels autobus articulés fonctionnant au GNV seront ainsi remplacés après 12 années de service intensif sur une ligne dont la fréquentation a largement dépassé les prévisions avec près de 40 000 voyageurs par jour sur un parcours de seulement 7 km.
Swisstrolley : dossier mis à jour
L'électricité est assurément l'avenir de l'autobus, reste à savoir comment. Les industriels rivalisent de solutions pour concevoir des chaines de traction capables d'assurer une autonomie comparable à celle des autobus thermiques. La question des batteries est centrale, tout comme celle de leur rechargement. Dans les allées de Busworld à Courtrai, le bus électrique était quasiment incontournable sur tous les stands, faisant même son apparition dans le domaine de l'autocar, où toutefois les moteurs GNV font une progression spectaculaire faute d'autonomie suffisante en électricité pour couvrir tous les besoins
On croyait le trolleybus rangé sur les étagères de l'histoire. Cependant, la question de l'autonomie des autobus électriques, du coût de possession d'une technologie à batteries et le risque de dépendance à une technologie de captage (ce qu'on appellera non sans malice l'effet Translohr) peuvent remettre en lumière le trolleybus.
Hess et son Swisstrolley apparaissent en pointe sur le sujet, notamment par des partenariats de recherche avec des industriels électriciens et des universités. C'est l'occasion pour transporturbain de mettre à jour le dossier consacré à ce trolleybus et à ses évolutions, TOSA, le projet d'ABB qui sera mis en service à Genève dans les prochains mois, et au Swisstrolley Plus qui nous semble particulièrement porteur d'avenir par son interface totalement standardisé et éprouvé.