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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Urbanisme, choix modal et dérèglement climatique

« Tu me pompes l’air ! »

Le modèle d’aménagement urbain en œuvre depuis les années 1950 est particulièrement consommateur d’espace notamment par la transformation de terres cultivables ou d’espaces boisés pour y développer zones commerciales, industrielles, lotissements et les multiples voies rapides et autres contournements de centres d’agglomérations pour la circulation automobile.

Il est désormais clairement pointé parmi les responsables de différentes expressions du dérèglement climatique : la pollution de l’air, l’artificialisation des sols, les effets de plus en plus importants de précipitations violentes, l’élévation de la température et la fournaise de plus en plus fréquente dans les grandes villes. La maîtrise de l’étalement urbain est une des clés de l’engagement des villes vers un modèle plus durable, en développant une forme de densité économiquement et écologiquement soutenable.

Un demi-siècle après le choc pétrolier de 1973, la dépendance à la voiture reste forte et surtout contrastée : elle diminue dans les grandes métropoles, mais surtout en leur cœur. En revanche, le périurbain et les zones rurales restent tributaires de ce moyen de transport, du fait de la croissance des flux tangentiels pour lesquels les réseaux de transports en commun n’apportent pas de réponses suffisamment efficaces (puisqu’il faut encore rattraper le retard d’équipement des radiales), ou de leur consistance beaucoup trop limitée dans les territoires moins denses.

On ne peut pas dire que « rien n’a été fait », surtout après l’adoption de la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie en 1996, mais il va falloir assurément changer de braquet. Le retour des tramways en France est un marqueur fort, mais pas suffisant.

Quelles tendances ?

La France a défini en 2003 un objectif en 2050 de division par 4 par rapport 1900 des émissions de gaz à effet de serre pour participer à la maîtrise du réchauffement climatique à une valeur de 2 degrés. Les transports représentent le tiers des émissions de gaz à effet de serre, soit le poste le plus important.

Une étude présentée par la SNCF en fin d’année 2015, associant la réflexion d’experts internationaux et un sondage auprès de 1800 français, a proposé 3 trajectoires théoriques.

emissions-gaz-effet-serre

Le scénario au fil de l’eau, baptisé « ultramobilité » poursuit la périurbanisation, la congestion des réseaux, l’augmentation des distances parcourues et la prédominance du déplacement individuel, avec une hausse de 30 % des voyageurs-km par rapport à 2015.

Le scénario « altermobilité » réduit l’usage de la voiture mais sans remise en question du modèle spatial ni du rythme d’augmentation des distances quotidiennes n’est pas questionné. Il suppose des investissements importants pour développer les réseaux de transports en commun (TCSP, RER autour des grandes villes notamment), les itinéraires cyclables pour capter notamment la part encore importante (50 %) de déplacements de moins de 3 km effectués en voiture.

Le scénario « proximobilité » va encore plus loin avec l’instauration de politiques publiques restrictives pour lutter contre l’étalement urbain et limiter tant le nombre que la longueur des déplacements. C’est un peu le concept de « la ville à 15 minutes ». Il repose d’abord sur la marche et le vélo. Les transports publics conservent un rôle important, mais l’objectif est d’éviter de changer de vecteur d’étalement urbain.

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Procrastination collective

La transition énergétique ne se fera pas sans douleurs parce qu’on a trop attendu. « Notre planète brûle mais nous regardons ailleurs » avait dit un ancien Président de la République : c’était en 2002 au sommet sur le climat de Johannesburg. Depuis, on n'a pas cessé de regarder ailleurs !

Les rapports du GIEC soulignent avec effroi que 60% des animaux sauvages ont disparu au cours des 40 dernières décennies, par l’action humaine pour l’essentiel, entre la déforestation et une addition de comportements (production d’énergie et moyens de déplacements) accélérant le réchauffement de la planète. La raréfaction des abeilles et autres insectes, essentiels à la pollinisation et donc à l’alimentation humaine, devrait en inquiéter plus d’un. Les canicules, les périodes de sécheresse, les orages de plus en plus violets sont autant de facteurs d’alerte, mais manifestement, cette crise est encore trop souvent considérée comme l’hystérie d’une frange écologiste extrémiste. Et pourtant…

Cette crise traduit une passivité collective, celle des gouvernements mais aussi de la grande majorité des citoyens face à la difficulté de remettre en cause des pratiques, en apparence confortables, mais en réalité d'une nocivité avérée. Cela ne se voit pas au quotidien, mais c’est largement perceptible à l’échelle de quelques décennies. Sur ce sujet, les générations se suivent et se transmettent la « patate chaude ». La transition énergétique, tout le monde est d'accord... mais les rangs deviennent clairsemés quand il s'agit de vraiment la mettre en pratique : si l’Etat a un rôle central à jouer, il ne faut pas attendre de « grand soir ». Chacun sera mis à contribution dans son quotidien.

Prendre sa voiture pour moins d’un kilomètre est un non-sens, mais on considère encore que c’est « la liberté de choix », quitte à en faire peser les conséquences sur la jeunesse actuelle… dont la capacité pulmonaire est en moyenne 25 % inférieure à celle de 1980, conséquence de la sédentarité et de l’usage presque systématique de la voiture…

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