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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Les tramways de Milan : un après-guerre contrasté

Bien qu’ayant subi de sérieux dommages de guerre, le réseau milanais fut pour l’essentiel restauré, mais la nouvelle planification urbaine décidée en 1953 devait marquer une rupture radicale par l’élimination des tramways dans le centre-ville, avec la construction du métro, dont il était question depuis une dizaine d'années. Si le réseau urbain fut assez épargné, les lignes suburbaines payèrent un lourd tribut par une accélération du démantèlement.

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Du matériel moderne... mais moins de lignes

L'essor des transports publics milanais comprenait aussi un important volet d'amélioration des tramways, avec la commande de nouvelles motrices, afin de rationaliser le parc, augmenter sa capacité et diminuer les coûts d'exploitation en éliminant les convois avec remorques. Il fallait aussi compenser les pertes liées à la deuxième guerre mondiale. Dans un premier temps, une partie du parc de la série 5000 a été reconstruite, donnant naissance à la série 5100.

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Milan - Via Vittor Pisani - 1967 - La motrice n°5132 assure le service de la ligne circulaire 26 reliant toutes les gares milanaises : elle arrive sur la piazza Repubblica avant de tourner d'une gare à l'autre dans le sens des aiguilles d'une montre. © J.H. Manara

Ensuite, le type Stanga des usines de Padoue fut retenu pour fournir 33 rames articulées à 2 caisses et 4 portes, série 4600/4700, tandis que 89 motrices séries 5200/5300/5400 venaient épauler les Peter Witt toujours incontournables. Moins évoluées que les PCC belges, les Stanga les devançaient sur l'aspect capacitaire avec une formation articulée arrivée dès le milieu des années 1950.

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Milan - Piazza Repubblica - 1er août 1969 - L'arrivée des 4600/4700 entre 1955 et 1960 poursuit la démarche de renouvellement du parc et de réduction des coûts d'exploitation, contribuant au retrait des motrices Edison d'origine, construites à 566 exemplaires. © H. Graalman

La mise en chantier de la première ligne de métro provoqua l'abandon de plusieurs lignes de tramway. Si le plan étudié en 1953, visant à les éliminer totalement était repoussé, le réseau allait perdre plusieurs itinéraires à fort trafic. Par ricochet, le renouvellement du parc était accéléré puisque le nombre de voitures nécessaires en ligne était moindre. C'est ainsi que les tramways disparaissaient de la Via Dante, du Corso Buenos Aires et du Corso Vittorio Emanuele.

Le 9 mars 1970, l’introduction du ticket horaire autorisant les correspondances provoqua une importante refonte du réseau de surface et la rationalisation des lignes en supprimant de nombreux troncs communs, fluidifiant au passage le trafic. L’extension du métro (6 prolongements dans la décennie) entraîna une nouvelle contraction du réseau de tramways dès 1970.

La décennie 1970, marquée par le développement de la ligne 2 du métro, écartait encore un peu plus le remplacement des tramways. A partir de 1971, les Jumbotram série 4800 venaient remplacer les séries 3000 et 4000 et les 4900, à l'allure réellement atypique avec leur face avant asymétrique pour faciliter l'insertion en courbe, procuraient à Milan un matériel de grande capacité et assez moderne, avec l'introduction des premiers équipements d'électronique de puissance. Elles devaient incarner le renouveau du tramway par l'équipement de la seconde ceinture (lignes 90 et 91) en remplacement des trolleybus. Les crédits ont manqué...

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Milan - Corso Buonaparte - 1977 - Les années 1970 sont incarnées par cette couleur orange qu'on a vu de partout ! En Italie, elle fut désignée couleur unique imposée aux transports en commun. La peinture semble bien fraiche sur la motrice n°5103. Il faut aussi noter le remplacement des perches par des pantographes pour améliorer les conditions de captage du courant. © J.H. Manara

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Milan - Duomo - 1977 - Les 4900 ne brillent pas par leur élégance, ce qui tranche évidemment avec la basilique en arrière-plan, dont la façade souffrait des outrages du temps. Mais le temps des tramways sur cette place est bientôt révolu : les voies seront déposées en 1981. © J.H. Manara

La quasi-élimination des lignes interurbaines

Si le réseau urbain a quand même résisté à la tentation du démantèlement, les lignes suburbaines ont connu un élagage en règle dans l'après-guerre. Il y avait de quoi avec la persistance de la traction à vapeur dans l'immédiat après-guerre !

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Milan - Viale Bligny - 1945 - Un côté passablement anachronique : un tramway à vapeur, des voitures à essieux brinquebalantes. C'était l'image de deux lignes interurbaines non modernisées dans les années 1930. La ligne de Vittuone était abandonnée en 1957 et celle de Trezzo en 1958. (archives municipales)

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Milan - Piazza Machiachini - Avril 1978 - Tractant 4 remorques, la motrice n°90 ne peut cacher son âge : il s'agit du matériel des origines de l'électrification de la ligne de Limbiate. Plateforme centrale et lanterneaux fleurent bon les années 1920... © T. Boric

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Milan - Via Valtellina - Juillet 1970 - Ambiance avec le terminus de la ligne de Limbiate. La rame à droite du cliché mentionne qu'elle assurera un service express brûlant les arrêts en zone urbaine. Les installations sont assez minimalistes. © T. Boric

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Ligne du val d'Adda - 1977 - L'état des installations sur ce cliché est à l'image du manque d'investissements sur les lignes suburbaines de tramway. La composition ici photographiée a sa motrice en position centrale, encadrée par deux remorques-pilote. A partir de 1972, le service a été limité à Gorgonzola, au terminus de la ligne M2 qui en reprenait l'emprise. Le tramway fut abandonné en 1978 avant le prolongement du métro à Gessate. © J.H. Manara

De ce passé interurbain, il ne restait plus que 2 lignes. Celle de Limbiate a été raccourcie en 1999 avec les travaux de la ligne M3 du métro, et son origine a été reportée au terminus de celle-ci à Comasina. Celle de Desio a survécu jusqu'en 2011, remplacée par un service d'autocars dans l'attente d'un projet de reconstruction de la ligne pour une exploitation par tramways modernes. Dès 2003, l'exploitation était limitée à la station Parco Nord en correspondance avec la ligne 4 des tramways.

Suite du dossier : le métro de Milan

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