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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Genève (3) : la relance du tramway

La reconstruction du réseau de tramways

La commande de nouvelles motrices DAV articulées à plancher surbaissé en 1982 auprès de Duwag-Vevey marqua le renouveau du tramway à Genève. La livraison d’une première tranche de 24 rames en 1987-1989 permettait le retrait des Normalisées et des Duwag.

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Genève - Place de Cornavin - 11 janvier 2007 - Un couplage de Be4/6 devant la gare Cornavin, arborant encore leur livrée d'origine orange et crème. Ce matériel a symbolisé la renaissance du tramway dans cette ville. On notera aussi le cousinage évident des rames stéphanoises qui dérivent des DAV genevoises. © transporturbain

Un nouveau dépôt était mis en chantier au Bachet de Pesay et une nouvelle ligne était décidée le 26 juin 1991. Une deuxième tranche de 22 rames DAV était commandée, d’abord à deux caisses puis allongées à trois caisses. La ligne 13 devait marquer le retour du tram en rive droite du Rhône, entre Plainpalais et Cornavin. La forte opposition du puissant lobby automobile genevois retarda les travaux de 2 ans. S'y greffaient les partisans du métro, puisque le principe d'une ligne entre la place de Rive, la gare Cornavin et Meyrin avait été approuvé le 12 février 1993, en incluant la perspective d'une extension à Annemasse.

La mise en service du 13 intervenait le 27 mai 1995, dans un contexte assez différent, puisque l'hypothèse d'un métro était cette fois clairement écartée. En effet, même si l'enquête publique s'était déroulée deux mois plus tôt, un autre projet s'était réinvité dans les débats : la jonction ferroviaire entre la gare française des Eaux-Vives et la gare suisse de Cornavin. Finalement, le schéma privilégié associait le tramway avec un RER, plutôt qu'un métro en guise de solution unique.

L’ouverture de la section Bachet – Palettes et de la création de la ligne 16, destinée à décharger la ligne 12 grâce une liaison directe Moillesulaz – Cornavin, achevaient  le 27 mars 1998 la première étape de la reconquête de Genève par le tramway.

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Lancy - Route du Grand Lancy - 28 juin 2008 - Parmi les premiers projets de reconstruction du réseau de tramways, la desserte de Lancy a adopté une implantation moderne en site propre séparé de la chaussée automobile. Une DAV allongée type Be 4/8 monte en direction des Palettes. © transporturbain

La deuxième étape de construction de la ligne 13 fut marquée par des oppositions puissantes et le prolongement Cornavin – Nations ne fut mis en service que le 13 décembre 2003. Le programme de reconstruction du réseau (terminologie officielle !) s’accéléra dans les années 2000, avec l’ouverture de la section Plainpalais – Grand Lancy en 2004 et Grand  Lancy – Palette en 2006, combinée à la mise en service de 21 rames Cityrunner de 42 m.

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Genève - Place de Cornavin - 11 janvier 2007 - Nés Cityrunner et devenus Flexity Outlook, les nouvelles rames Bombardier ont accompagné l'extension du réseau au début des années 2000. La nouvelle station de Cornavin propose une grande surface de quais sous une élégante couverture vitrée, mais la suspension des lignes aériennes n'est pas franchement discrète. Notez que les autobus circulent sur les voies du tramway pour faciliter les correspondances.© transporturbain

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Lancy - Avenue des Provinces Réunies - 21 décembre 2019 - Croisement entre un Cityrunner sur la ligne 15, symbole du développement du réseau de tramways, et d'un Citaro G sur la ligne 22, série de référence pour le parc d'autobus genevois. © transporturbain

L’année suivante, la première section du TCMC (Tram Cornavin – Meyrin – Cern) entre Cornavin et Avanchets ouvrait le réseau vers l’ouest. Fin  2009, le tram arrivait à Meyrin et le 2 mai 2011, le projet était achevé par l’ouverture de la branche du CERN. La nouvelle ligne 14 était alors envoyée au Bachet de Pesay.

Parallèlement, les travaux du TCOB (Tram Cornavin – Onex – Bernex) aboutissait à la mise en service de la nouvelle infrastructure le 11 décembre 2011 grâce à la livraison des nouvelles rames Tango. Ainsi, la longueur du réseau atteignait 33,1 km.

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Onex - Route de Chancy - 21 décembre 2019 - Les Cityrunner circulent sur l'ensemble des lignes genevoises et constituent un matériel de référence pour le réseau. La rame 873 dessert la maison paroissiale d'Onex en direction de Bernex. © transporturbain

Une restructuration malheureuse du réseau ?

Celui-ci était restructuré par les TPG selon le concept français « une infrastructure = une ligne ». Passant de 6 à 3 lignes, la mesure fut fortement contestée du fait de la diminution de l’offre et de la multiplication des correspondances. Avant le 11 décembre 2011, les lignes étaient organisées ainsi :

  • 12 Palettes – Moillesulaz par Bachet-de-Pesay
  • 13 Palettes – Nations par Bachet-de-Pesay
  • 14 Bachet de Pesay – Meyrin Gravière
  • 15 Palettes – Nations par Grand-Lancy
  • 16 Moillesulaz – Meyrin Gravière
  • 17 Moillesulaz / Gare de Chêne-Bourg – Lancy-Pont-Rouge

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Genève - Plainpalais - 28 juin 2008 - Une jonction entre les deux axes nord-sud qui n'est plus utilisée en service régulier suite à la restructuration "à la française" du réseau qui n'a pas fait que des heureux. Ce couplage de Be 4/6 arbore la nouvelle livrée TPG mais encore l'ancien logo de la compagnie. © transporturbain

A partir du 11 décembre 2011, aux côtés de la ligne 12 inchangée, la ligne 14 assurait le trajet de Bernex à Meyrin et au CERN. La ligne 15 prenait la liaison des Palettes à Nations. Devant les protestations, les TPG créaient le 9 décembre 2012 une nouvelle ligne 18 CERN – Augustins prolongée finalement à Carouge pour rétablir la liaison entre Carouge et Cornavin dont l'absence avait fortement mécontenté les usagers. L'année 2012 a été difficile dans les relations entre les usagers, les TPG et le Canton, autour de cette restructuration. En 2015, le réseau de tramways comprenait 36 km d’infrastructures, soit 3 fois plus qu'en 2003.

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Meyrin - Route de Meyrin - 16 janvier 2012 - Sur la nouvelle ligne 14 dont le terminus se situe pour quelques années encore juste avant la frontière française, l'implantation en site propre axial a été quasiment généralisée. Les motrices Bombardier sont fréquemment pelliculées à des fins commerciales pour améliorer les recettes du réseau. © transporturbain

Des extensions principalement vers la France

La poursuite de la réimplantation du tramway à Genève concerne aussi la France, si voisine. Le premier projet en ce sens concernait la ligne de Moillesulaz avec son retour dans les rues d'Annemasse, engagé en 2015. D'une longueur de 3,5 km, le projet a cependant été retardé et phasé. La première section jusqu'au parc Montessuits a été mise en service le 15 décembre 2019, dans l'ombre de Léman Express. Elle nécessita une coordination entre l'Office Fédéral des Transports suisses et le Service Technique des Remontées Mécaniques et Transports Guidés français pour la convergence des réglementations.

Revenant encore un peu plus sur le démaillage du réseau, les TPG créaient à cette occasion une nouvelle ligne 17 Annemasse - Lancy-Pont-Rouge, épaulant les lignes 12 et 15. La seconde section vers le lycée des Glières a été mise en chantier en 2022 pour une mise en service prévue en fin d'année 2025.

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Annemasse - Rue du Parc - 21 décembre 2019 - Arrivée d'une rame Tango au terminus provisoire de la ligne 17 à Annemasse. A noter le court tronçon de voie unique sur lequel s'engage la motrice 1801, dont la girouette indique déjà le terminus de Lancy Pont Rouge. © transporturbain

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Annemasse - Rue de Genève - 21 décembre 2019 - Aménagements classiques pour un tramway moderne en France, mais évidemment, la voie métrique, le matériel et la signalisation spécifique montrent bien que nous sommes sur un réseau de conception suisse ! © transporturbain

Les prolongements n'ont pas concerné que la France puisque la ligne 14 a été prolongée de 2,1 km dans Bernex jusqu'à Vailly le 4 juillet 2021.

Cependant, deux autres projets de la Loi Cantonale planifiant les investissements concernent la France. En 2021, après un retard d'environ 2 ans du fait de la crise sanitaire et de recours juridique contre certaines dispositions du projet, les travaux de prolongement de la ligne 15 de Palettes à la gare de Saint-Julien-en-Genevois (6 km dont 1,5 km en France) ont débuté, avec une première étape à la zone industrielle de Plan-les-Ouates (ZIPLO) prévue fin 2023 et un achèvement du projet courant 2025. La partie suisse mobilise 210 MCHF et la partie française 24,4 M€.

Au nord-ouest de Genève, une nouvelle section de 6,5 km sera engagée au-delà du terminus Nations, avec dans un premier temps un prolongement jusqu'au Grand-Saconnex (3,5 km, 125 MCHF), qui a été conditionnée à la réalisation d'une route souterraine destinée à compenser la perte de capacité du fait du tramway : démonstration est fait que le lobby automobile est puissant et impose de coûteux compromis. Elle passera ensuite sous l'aéroport et entrera en France pour desservir Ferney-Voltaire. Cette section sera empruntée par une nouvelle ligne 13, confirmant le retour à un réseau maillé : elle reliera Bernex Pré Marais à Ferney-Voltaire, pour renforcer la capacité sur la section nord de la ligne 15 et épauler la ligne 14 jusqu'à Bernex.

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Les tramways de Genève en 2022. Il manque sur cette carte la jonction entre les lignes 15 et 18 à Grand-Lancy, du fait des travaux préparatoires au prolongement de la ligne 15 vers Saint-Julien-en-Genevois.

Au-delà, un BHNS permettra de rejoindre Gex, reprenant le tracé de la ligne de bus F, amélioré de services express en pointe et d'un renfort jusqu'à Ferney-Voltaire. Tramway et BHNS seront donc ensuite connecté pour améliorer cet important axe transfrontalier, même si le BHNS sera le premier mis en service en fin d'année 2023. Son coût de 42 M€, financés par la France (Etat, Région, Département, communes) et la Confédération suisse.

En revanche, le prolongement de la ligne 18 du CERN à Saint-Genis-Pouilly a été abandonnée au profit de l'amélioration de la circulation des bus côté français jusqu'au terminus du tram. L'hypothèse d'une réutilisation de l'ancienne voie ferrée Bellegarde - Divonne-les-Bains est devenue d'autant plus caduque qu'elle a été transformée en piste cyclable.

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Bernex - 21 décembre 2019 - Sur ce cliché, on aperçoit les premiers travaux du prolongement de la ligne 14 dans Bernex, alors que la ligne faisait encore terminus au parc-relais situé à l'entrée de la localité, au droit de la rocade contournant la ville via l'aéroport, dans un environnement encore peu urbanisé. © transporturbain

Trolleybus : un revirement technologique ?

L’essor du TPG ne se limitait pas à la reconstruction du réseau de tramways puisqu’il concernait aussi les trolleybus, avec par exemple le prolongement de la ligne 7 au centre hospitalier général depuis le terminus historique de Rive.

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Plusieurs extensions du réseau ont été étudiées, appelant à électrifier certaines sections, avec recours à des trolleybus munis de batteries pour circuler également en mode électrique sans bifilaires.

Cependant, il est permis de s'interroger sur le devenir de ce mode de transport, car les orientations ont progressivement évolué. Certes, de nombreux véhicules modernes ont été acquis, mais l'expérimentation de la technologie TOSA sur la nouvelle ligne 23 Grand-Saconnex - Aéroport - Carouge Tours a créé une brêche en faveur de l'autobus électrique avec recharge en ligne à l'aide de bornes situées aux arrêts et d'un petit pantographe en toiture. Il s'agit d'un premier maillon d'une rocade Aéroport - Lancy - Eaux-Vives par le sud, prévue dans la Loi Cantonale.

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Onex - Route du Pont Butin - 21 décembre 2019 - La ligne 23 est équipée en bus électriques articulés à recharge en ligne TOSA, leur procurant des performances comparables à celles des trolleybus. Le rechargement s'effectue pendant l'arrêt moyennant un accostage précis du conducteur, comme pour utiliser un entonnoir afin de remettre les perches aux fils. Les aptitudes sont assez similaires... mais le véhicule est complètement tributaire de ses batteries. © transporturbain

La décision en décembre 2022 de commander 119 véhicules similaires marque certes la volonté des TPG d'engager une stratégie éliminant le gasoil, mais elle doit en outre pourvoir à l'équipement des lignes 6, 10 et 19 qui sont déjà exploitées en traction électrique... par trolleybus.

Quel développement du réseau ?

La Loi Cantonale prévoit différents projets au-delà de ceux déjà réalisés.

  • la desserte des communaux d'Ambilly par l’extension de la courte antenne de Chêne-Bourg inutilisée depuis la restructuration de la ligne 12 en lien avec les travaux de Léman Express ;
  • un axe Vernier – Cornavin – Pont du Mont-Blanc – Vésenaz ;
  • un axe Lignon – Bel-air – Thônex ;
  • une boucle Aéroport – Pont Butin – Carouge, correspondant à l'actuelle ligne 23.

En fin d'année 2022, l'hypothèse de nouvelles lignes tangentielles a été esquissée afin de délester les lignes radiales dont la congestion pose évidemment problème pour accroître le report modal et réduire encore l'usage de la voiture, en dépit d'un puissant lobbying favorable à cette dernière :

  •  Nation - Jonction - Eaux-Vives ;
  • Aéroport - Pont Butin - Carouge / Grand-Lancy ;
  • Onex Cité - Lancy-Pont-Rouge.

Suite du dossier

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