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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Genève (1) : jusqu'en 1938

Les premières lignes à voie normale

Le premier service de transport urbain, avec des omnibus hippomobiles apparut le 13 septembre 1833 entre la place de Neuve et le Rondeau de Carouge avec une cadence horaire. Les compagnies se multiplièrent pour desservir la plupart des localités autour de Genève. En 1855, l'Etat de Genève procéda à l’unification du réseau, en faisant appel à la Compagnie Générale des Omnibus de Paris qui fondait son homologue genevoise.

Les tramways firent leur apparition le 19 juin 1862 avec une première ligne à voie normale Place de Neuve – Rondeau de Carouge. Il s'agissait alors de la troisième ligne de tramway en Europe. Une nouvelle liaison était créée entre le Cours de Rive et Chêne-Bougeries le 12 septembre 1864. Elles étaient exploitées avec des voitures à impériale type Chemin de fer américain. Le service était ensuite prolongé à la frontière de Moillesulaz. La situation financière se révéla fragile malgré l'attrait du service.

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Genève - Place de Neuve - 1862 - Deux tramways hippomobiles avec impériale stationnent au pied de la vieille ville. Difficile de savoir si la couleur des chevaux doit être associée à une destination... (cliché X)

Une première tentative de fusion des concessions, officialisée le 4 janvier 1865, se solda par une séparation, avant un nouveau mouvement avec leur absoption en 1875 dans la Compagnie des Tramways du Nord aborbée l'année suivante par la Compagnie des Tramways de Genève, rebaptisée très rapidement Compagnie Générale des Tramways de Suisse. Dans ces conditions, les TS lancèrent la réalisation de nouvelles lignes vers Annemasse et Etrembières en France, et dans Genève vers la gare Cornavin ainsi que vers les faubourgs de Petit Saconnex et de Champel, formant progressivement un réseau de 20 km.

tram-geneve-neuve2

Sur la même place, une petite voiture d'été à voie normale, tractée par deux chevaux, assure une liaison entre Carouge et Chêne, sur ce qui reste encore la plus ancienne ligne de tramway encore en service en Europe. (cliché X)

Les Chemins de fer à Voie Etroite : un second réseau

A partir de 1888, une seconde compagnie apparut et reprit à son compte les différents projets délaissés par les TS, car devant être réalisés sans fonds cantonaux. De ce fait, elle adoptait la voie métrique - d'où son nom - et cherchait à réaliser les nouvelles lignes à moindre coût, exclusivement sur la chaussée, y compris pour les lignes interurbaines pour lesquelles des infrastructures dédiées avaient été initialement envisagées et souhaitées. La première ligne, entre le quai de la Poste et Saint-Julien-en-Genevois, mise en service le 1er juin 1889 inaugura une succession de constructions à un rythme très rapide, avec pas moins de 23 km sur cette seule année, qui ne dementait pas l'année suivante.

Cependant, les VE souffraient d'un handicap dans Genève, n'arrivant pas à réunir les différentes lignes pour former une continuité physique, concrétisée seulement en 1896 avec la pose de voies sur le nouveau pont de la Coulevrenière.

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Sur cette carte postale, prise à la fin du 19ème siècle, le terminus de la ligne suburbaine de Corsier : le tramway prend les allures d'un petit chemin de fer, mais les voies exclusivement posées sur la route n'ont pas tardé à devenir des obstacles du fait d'une vitesse limitée. Mais il ne fallait pas acquérir de terrain...

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Genève - Place du Rondeau de Carouge - 16 juin 2012 - Venu de Berne pour les 150 ans du tramway genevois, cet ensemble à vapeur tracté par une locomotive Winterthour est néanmoins assez représentatif de l'exploitation des tramways genevois avant l'électrification : comparez avec la carte postale ci-avant ! © transporturbain

Les TS avaient alors timidement engagé l'électrification de leurs lignes, à partir de 1894, alors que les VE conservaient ses locomotives à vapeur, du fait de trajets plus longs à caractère suburbain.

tram-geneve-neuve

Genève - Place de Neuve - Probablement en 1894 - Présentation des nouvelles motrices électriques des TS sur la ligne du Petit-Saconnex à Champel. Les caisses sont très courtes, avec une douzaine de places assises seulement et l'empattement des plus réduits d'où probablement une stabilité toute relative... (cliché X)

L'unification de l'exploitation

La fondation en 1899 de la Compagnie Genevoise de Tramways Electriques précéda le rachat des TS et des VE en 1900, l’unification du réseau, avec choix de la voie métrique et la généralisation progressive de la traction électrique déjà amorcée par les TS, le tout sous l’égide de la Société Générale des Tramways de Londres. L’opération fut menée en 2 ans, avec la réception de 99 motrices dont 50 à bogies.

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Genève - Place du Molard - Avant 1914 - Sur cette vue, deux motrices Schlieren en livrée d'origine se croisent devant l'édicule de la CGTE de cette place centrale de Genève. On notera la troisième voie où sont stationnés deux wagonnets de service. (cliché X)

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Genève - Place de Neuve - 16 juin 2012 - La motrice 80 type Schileren, de 1901, a retrouvé Genève en 2012 après plus de 50 ans passés en France dans les collections de l'AMTUIR. Ces motrices présentaient la particularité d'avoir un compartiment fermé et un autre ouvert, ce qui exposait une partie des voyageurs aux frimas hivernaux. Cette vue illustre la livrée d'origine de ce matériel, qui fut assez éphémère, le vert réapparaissant dès 1906. © transporturbain

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Croisement de deux motrices sur le pont de Carouge, toujours emprunté par les tramways, aux débuts de l'exploitation électrique. A l'époque, assurément avant 1914, il va sans dire que le tramway est le principal utilisateur de la chaussée...

Vingt ans plus tard, le réseau, fort de 15 lignes et 169,8 km de voies était desservi par 145 motrices et environ 120 remorques. Cependant, l'exploitation de la CGTE était aux risques et périls : l'essor de l'automobile, les pressions financières et la législation sociale créèrent des difficultés pour la compagnie : elle payait les conséquences de l'absence de contrat avec le Canton pour supporter le déficit de certaines lignes suburbaines à faible trafic.

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 Symbole de continuité, le tramway passe toujours sur cette avenue de Chêne-Bougeries en direction de Moillesulaz et d'Annemasse, mais l'environnement a bien changé. La motrice n°62 type Herbrand en version d'origine, avant sa rénovation dans les années 1930, revêt la livrée vert sombre appliquée dans les années 1920.

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Probablement au début des années 1930, deux motrices SIG-Sécheron type Be 2/2 traversent le rond-point de Plainpalais, dans une ambiance estivale et bien calme. Ces 10 voitures de capacité modeste pouvaient transporter 48 voyageurs à une vitesse maximale de 30 km/h.

La CGTE prononça ainsi la fermeture de la ligne de Versoix dès 1925. En 1927, la nouvelle convention entre l’Etat et la CGTE déchargeait la compagnie de l’entretien des voies vicinales en accotement de chaussée et autorisait l’exploitation par autobus des lignes les plus déficitaires, faute d'envisager sa prise en charge.

Du fait de ces moyens limités, la modernisation du parc passait essentiellement par l’amélioration du parc existant, et l’acquisition de 2 motrices et 6 remorques du réseau de Saint Etienne. Sur le réseau, les lignes 1 et 12 bénéficiaient d’une double voie sur l’intégralité du parcours.

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Genève - Place de Neuve - 16 juin 2012 - La motrice Herbrand n°67 de 1901 tracte une remorque à plateforme ouverte, à l'occasion du 150ème anniversaire des tramways genevois. Cette série de 10 motrices a été rénovée à partir de 1930, avec un nouvel équipement électrique Sécheron. © transporturbain

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Genève - Place de Rive - 16 juin 2012 - La motrice 125 de la série dite Ceinture fait partie d'une série livrée en 1920. Initialement munies de 2 moteurs de 35 chevaux, elle bénéficia à partir de 1947 de moteurs de 70 chevaux. Elle est préservée par le Blonay-Chamby depuis 1975.© transporturbain

Néanmoins, la consistance du réseau était encore globalement préservée, avec des moyens limités : entre 1925 et 1938, seules 4 lignes avaient été converties à l'autobus, reprenant la desserte de Ferney-Voltaire, Choulex, Saint-Julien-en-Genevois et le tronçon Bernex - Chancy de la ligne 15. De nouvelles dessertes apparaissaient sous l’égide de la Compagnie Genevoise des Autobus, née en 1936 en tant que filiale de la CGTE

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