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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Crealis : le nouveau trolleybus franco-tchèque

Retour du bus à perches en France

Le Cristalis n’a pas été un succès commercial (il s’est vendu à moitié moins d’exemplaires que son prédécesseur l’ER100) ni technique, avec une fiabilité moyenne due à une chaîne de traction innovante mais complexe, en plus d’être bruyante.

Néanmoins, Irisbus, désormais Iveco Bus, assurait aussi la production de trolleybus pour le marché d’Europe centrale sur la base des autobus à plancher bas : Agora, Citélis puis Urbanway Plus de 800 véhicules ont ainsi été produits notamment par l’usine Karosa en République Tchèque, et en partenariat avec Skoda pour la chaîne de traction.

Iveco Bus a donc fini par commercialiser à nouveau en France un trolleybus, qui revient donc dans le principe du « bus à perches ». Alors que le Cristalis affiche quand même – déjà – 20 ans de carrière, il fallait bien préparer la suite et éviter de laisser le champ libre à la concurrence, en particulier le trio HessSolarisVan Hool déjà bien présent en Europe.

Pour marquer quand même une certaine continuité avec le Cristalis et conférer au trolleybus une image « haut niveau de service », le modèle proposé repose sur la version Crealis avec une face avant profilé et arrondie. Les faces latérales et arrière sont en revanche directement transposée de la caisse classique de l’Urbanway.

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Limoges - Avenue du Général Catroux - 10 février 2021 - Deux vues d'un trolleybus Crealis sur la ligne 4, sur la section la plus récente près du terminus Saint Lazare, où un parc relais a été aménagé en face de l'hôpital. © ortferroviaire

La version Crealis a été vendue pour la première fois à Bologne, avec 49 exemplaires venant remplacer les Civis initialement commandés mais qui n’ont jamais été autorisés à circuler en service commercial. Ils ne sont pas équipés de batteries d'autonomie et ont été développés sur la base du Citelis, comme les premiers Crealis. A Bologne, un système de guidage optique, comme à Rouen, a été installé.

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Bologne - Via Aurelia Saffo - 12 avril 2017 - Les premiers trolleybus labellisés Iveco, après la recomposition de l'ex-Irisbus, avec ce Crealis Neo sur base Citelis, muni du système de guidage optique. (cliché X)

Les principales caractéristiques sont les suivantes :

  • longueur : 18,56 m
  • largeur : 2,55 m
  • hauteur : 3,56 m perches baissées
  • masse à vide : 19,1 t
  • motorisation : 250 kW
  • batteries :
  • vitesse maximale : 65 km/h
  • parcours maximal sur batteries : 12 km
  • 4 portes larges de 1,30 m
  • accès surbaissé sur les 4 portes à 340 mm du sol

L’aménagement intérieur est modulable comme pour tout autobus : en version articulée, la capacité assise varie de 28 à 44 sièges, variant aussi selon que le véhicule propose 3 ou 4 portes. A Limoges, le trolleybus dispose de 35 places assises pour une capacité d'emport d'environ 120 voyageurs (4 personnes debout par m²).

Une autonomie électrique

Certes, ce n’est pas une première car les trolleybus Jacquemond apparus en 1950 étaient déjà munis d’un accumulateur pour se sortir d’une section isolée ou d’un encombrement. Mais cette fois-ci, l’autonomie sans moteur thermique est bien devenue une réalité. Le Crealis est le premier trolleybus à recharge dynamique (In Motion Charging) à circuler en France, à Limoges, devançant de quelques mois les Lightram commandés par le réseau lyonnais.

Ainsi, le Crealis IMC est doté de batteries permettant une circulation en autonomie sur 12 à 15 km. La chaîne de traction fournie par Skoda est largement éprouvée puisqu’elle est déjà à l’œuvre sur les trolleybus fabriqués pour les réseaux d’Europe centrale.

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Limoges - Place Churchill - 10 février 2021 - Circulation en autonomie sur les batteries pour tester leurs performances... et limiter la sollicitation des installlations sur la partie centrale du réseau ? © ortferroviaire

Le coût d’acquisition des 3 Crealis par le réseau de Limoges atteint 3,2 M€, soit un peu plus d’un million par véhicules. La conséquence d’une micro-série.

Notre essai

Il fallait donc aller à Limoges, sur la ligne 4, pour trouver les 3 Crealis acquis par le réseau pour augmenter la capacité de cet axe reliant Montjovis au nord et le Pôle Saint Lazare au sud-est, desservant une clinique et dotée d’un parking de rabattement. C’est la ligne la plus chargée du réseau.

Le véhicule présente plutôt bien de l’extérieur : il dispose de 4 portes (mais on ne monte que par l’avant…). A l’intérieur, on retrouve les aménagements habituels de la gamme Iveco Bus, mais on peut considérer que les choix opérés par Limoges sont assez économiques. L’Urbanway est souvent critiqué par une qualité d’assemblage moyenne, générant de nombreuses vibrations. En traction électrique, elles sont fortement atténuées : reste l’état des chaussées. Bref, on peut élégamment affirmer que la finition du véhicule est plus adaptée à un trolleybus, dont la chaîne de traction exporte moins de contraintes sur le châssis et la carrosserie, qu’à un véhicule thermique.

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Limoges - Boulevard de la Révolution - 10 février 2021 - Emperchage automatique (rien de nouveau, les ER100 furent les premiers équipés) à la fin du domaine d'essais des batteries. Dommage que l'entonnoir n'ait pas été installé un tout petit plus plus loin, pour que l'opération s'effectue pendant l'arrêt. Il aurait aussi fallu pour cela légèrement désaxer les bifilaires pour que le trolleybus s'approche du trottoir de façon correcte. © ortferroviaire

Question confort pour le voyageur, le Lightram de Hess propose des sièges un peu plus accueillants. L’atout principal du trolleybus, c’est en principe (à l’exclusion des Cristalis), le niveau sonore : il faut bien reconnaître que l’équipement Skoda est très silencieux, un peu plus même que la chaîne de traction Kiepe (pour les premières générations) ou ABB (pour l'actuelle) des Lightram, pourtant déjà discrètes.

Niveau performances, c’est à peu près jeu égal : les véhicules sont souples et performants… du moins tant que le réseau électrique suit.

En revanche, d’après un conducteur, la position de conduite plus haute que sur les Hess et surtout un peu plus en retrait pose un problème de visibilité en partie basse que les rétroviseurs n’arrivent pas à compenser. Manifestement, cela se ressent et nécessite de bien appréhender les différences entre Lightram et Crealis.

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