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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains

Berlin : le tramway de Schöneiche

Numérotée 88, la ligne de 14,1 km reliant Rüdersdorf à la gare de Friedrichshagen sur la S3 se distingue immédiatement des deux autres lignes par sa voie métrique, qui la rend donc d’autant plus isolée des autres lignes berlinoises, quoique deux lignes du BVG desservent aussi la gare de Rüdersdorf, mais sur son flanc sud alors que la ligne 88 se situe devant ses accès nord.

Lancée presque en même temps que la ligne de Woltersdorf, la ligne de Schöneiche répondait à l’origine aux mêmes logiques d’urbanisation autour de Berlin. Sa construction débuta en février 1910.

Mise en service le 28 août 1910, sur 5,6 km entre Friedrichshagen et Schöneiche, la ligne était initialement exploitée avec de petites locomotives à essence tractant une remorque à essieux à une cadence horaire. Devant le succès rencontré, une seconde locomotive et 4 remorques ont été acquises, ces dernières d’occasion auprès du réseau de Leipzig. Parallèlement, les études étaient menées afin de répondre à la demande d’autres municipalités d’être desservies par le tramway. Ainsi, le 5 novembre 1912, une extension de 7,7 km prolongeait la ligne à Kalkberge, nécessitant notamment 3 nouvelles locomotives. Or le profil de cette nouvelle section les mettait en difficulté, motivant l’électrification du parcours, achevée le 5 novembre 1914, et accompagnée de la livraison de 5 motrices et 2 remorques oar AEG. Celles-ci bénéficièrent très rapidement de l’amélioration du freinage avec l’installation du système pneumatique Knorr-Bremse dont c’était l’une des premières applications en Allemagne.

Durant les années 1920, malgré les difficultés économiques considérables du pays, le développement urbain autour de Berlin s’accélérant, il fallut renforcer le service de la ligne de Schöneiche avec la mise à double voie partielle, opérée en 1926-1928 et autorisant une fréquence de 20 minutes. A cette époque fut aussi envisagé un projet reliant Erkner à Strausberg via Woltersdorf et Rüdersdorf, qui aurait relié les actuelles lignes 87 et 88, mais dont la réalisation fut abandonnée faute de moyens d’abord, et du fait de la guerre ensuite.

Plus atteinte que sa voisine de Woltersdorf, la ligne de Schöneiche put néanmoins reprendre très rapidement, dès le 19 août 1945 entre la gare de Rüdersdorf et Schöneiche, avec une cadence horaire, et à la demi-heure à Noël. Le service nominal à la cadence de 20 minutes était rétabli au cours de l’année 1946.

Transformée en régie (Verkehersbetrieb Schöneiche-Rüdersdorf) en 1950, l’un des premiers chantiers du nouvel exploitant s’attacha à la modernisation des voies et surtout à la mise en site propre. Faute de crédits suffisants accordés par le district de Francfort sur Oder, le VSR se résolut à améliorer autant que possible le matériel ancien : la suppression du tramway était envisagée en compensation au prolongement à Strausberg Nord de la S-Bahn en 1955, mais, moins bien placée par rapport à l’urbanisation, le tramway réussit finalement à survivre. Le VSR absorba, comme mentionné précédemment, la ligne de Woltersdorf en 1963 afin de réduire les frais de gestion de ces petites lignes locales.

L’introduction à partir de 1970 de motrices Rekowagen (reconstructions) se révéla malheureuse, en raison de leur agressivité sur le rail. Finalement, la ligne put récupérer quelques motrices Gotha – un peu meilleures – provenant de Halle et Görlitz.

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Schöneiche - Janvier 1990 - Ambiance glaciale pour ce cliché illustrant les compositions de motrices type Reko et leurs remorques, à l'entretien assez minimaliste, utilisée à partir de 1970 jusqu'à l'arrivée de matériels plus modernes de seconde main. Le mur de Berlin est tombé depuis quelques semaines seulement. (cliché X)

Le développement de l’extraction de la chaux à Kalkberge à la fin des années 1970 motiva une extension du tramway mise en service le 15 octobre 1977, nécessitant une nouvelle section de double voie pour maintenir la cadence de 20 minutes avec seulement 5 rames.

En revanche, la pénurie de moyens et le transfert imposé de conducteurs de tramways sur le réseau de Berlin entraina une réduction de moitié de l’offre entre 1988 et 1990.

Après la réunification allemande, un programme de modernisation de la ligne concerna la caténaire et le dépôt, puis le matériel roulant avec l’acquisition de 14 GT6 Düwag de 1966-1973, libérées par le réseau de Heidelberg, qui ont été pour partie utilisées afin de constituer un stock de pièces.

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Rüdersdorf - 22 mai 2012 - Incontestablement, les Düwag de seconde main ont permis une nette amélioration du confort et des performances. Ainsi, la priorité a eté accordée à l'infrastructure de cette ligne à voie métrique. © J. Sivatte

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Schöneiche - Marienstrasse - 22 mai 2012 - Des KT4D transformées par adjonction d'une caisse centrale surbaissée ont assuré pris leur part dans la modernisation du matériel roulant de la ligne 88. A noter la livrée imagée de cette rame. © J. Sivatte

La ligne 88 est assurée par du matériel ancien : d’abord 4 GT6 Düwag, et ensuite 2 KTNF6 Tatra, ex KT4D transformées par adjonction d’un module central à plancher surbaissé. Enfin, les deux prototypes Transtech Artic de Skoda ont été récupérés en vue d’amorcer le remplacement des Düwag.

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Rüdersdorf - Marienstrasse - 1er mai 2019 - Le SRS continue dans la tradition de récupération de matériels de seconde main : les prototypes Skoda du matériel destiné à Helsinki ont remplacé les Düwag. Occasion, mais faible kilométrage ! Elles ont même gardé leur livrée. © J. de Bandt

Elle sert ponctuellement de voie d’essai pour Stadler dont l’usine de Pankow n’est pas dotée de voie métrique, afin d’essayer grandeur nature les tramways avant livraison.

Depuis 2001, le Schöneicher-Rudersdorf Strassenbahn est exploité par le SRS, une filiale de Captrain Deutschland (elle-même filiale de la constellation SNCF), assimilable à une société d’économie mixte puisque détenue à 15% par les deux communes. Le contrat actuel court jusqu’en fin d’année 2024.

Découvrez aussi les reportages de transporturbain sur les autres lignes atypiques de Woltersdorf et de Strausberg.

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