Amiens : on a testé Nemo
Enfin ! Un peu plus d'un mois après l'inauguration du nouveau réseau composé de 4 lignes de bus à haut niveau de service, nous avons effectué notre premier test des lignes baptisées Nemo et de leurs autobus articulés électriques ie.tram produits par Irizar.
Amiens - Place Alphonse Fiquet - 21 juin 2019 - Intermodalité en gare centrale d'Amiens : les arrêts sont plutôt disposés autour du carrefour du boulevard Albert Ier, lui-même en travaux ce qui rend l'accès aux arrêts parfois délicat. © transporturbain
Amiens - Boulevard Albert Ier - 21 juin 2019 - Voies réservées mal délimitées = stationnement irrégulier assuré... © transporturbain
Amiens - Rue Leclerc - 21 juin 2019 - La ligne N4 n'est pas encore équipée des prometteurs bus électriques Irizar mais les Citaro articulés ont été redécorés pour adopter l'identité Nemo. Notez le couloir réservé dans l'axe de la chaussée à hauteut de cet arrêt aménagé en ilôt. © transporturbain
Du côté du matériel roulant, le bilan est assez satisfaisant et on a presque envie de dire qu'il ne manque que des perches pour en faire de bons trolleybus : le basque est nerveux, performant, mais reste silencieux. L'intérieur est très clair, amplifié par les sièges en plastique translucide : très à la mode mais pas forcément des plus confortables. C'est d'ailleurs une conséquence de la masse à vide accrue de ces autobus du fait des batteries : il faut alléger au maximum les aménagements intérieurs. C'est aussi la raison pour laquelle, dans la partie avant du véhicule, le nombre de places assises est très faible, puisqu'autour de la deuxième porte, on trouve 2 emplacements pour fauteuils roulant et un pour les poussettes. Au passage, la palette d'accès est manuelle, et il arrive même que les voyageurs s'occupent eux-mêmes de la manutention, ce qui accélère le service (en évitant au conducteur de quitter son poste) et montre qu'il existe encore une certaine forme de sociabilité et d'entraide. Tant mieux ! C'est aussi la raison pour laquelle l'intérieur recourt largement au plastique, toujours dans la chasse aux kilos.
Si le bus nerveux, cette qualité est à manier avec prudence : la tenue de route semble correcte sur chaussée sèche mais bien plus délicate sur des chaussées humides. C'est la conséquence du positionnement imposé des batteries en toiture, rehaussant le centre de gravité de l'autobus.
Toujours au chapitre du matériel roulant, la mode veut qu'on peigne les autobus en noir, de préférence avec un peu de gris métallisé : les plus sarcastiques diront que cela fait un peu trop corbillard, les spécialistes de la communication expliqueront que cela traduit un certain standing du transport public. Pour notre part, on trouve que cela fait triste surtout (que les picards n'y voient aucune offense) dans une ville où le taux d'ensoleillement n'est pas forcément très élevé.
Passons maintenant aux aménagements et à l'exploitation. Pour l'instant, les lignes N1, N2 et N3 sont exploitées avec le matériel Irizar dont les livraisons ne sont pas achevées. La ligne N4 demeure assurée en autobus articulés Citaro redécorés pour la cohérence des 4 lignes. Les travaux de voirie ne sont pas achévés et certaines situations sont un peu confuses y compris devant la gare où le piéton ne sait pas d'emblée où il se situe... l'automobiliste non plus. Les lignes Nemo ne bénéficient pas encore totalement des aménagements prévus. Ceux réalisés sont assez simples mais parfois dimensionnés au plus juste : croisement et girations sont parfois un peu délicates, et sur certains axes, la multiplication des plateaux piétonniers ralentit les bus tout en multipliant les secousses. Aux arrêts, l'information reste limitée en attendant la mise en place des écrans d'information dynamique.
Amiens - IUT - 13 juillet 2019 - Le pantographe du véhicule se lève pour rejoindre la borne de rechargement : l'ajustement du véhicule doit être précis pour que le captage soit efficace pendant le stationnement au terminus. © Ph. Nemery
L'exploitation semble progresser au fur et à mesure de la fiabilisation des autobus (mais il y a du chemin à parcourir). Les intervalles sont globalement respectés mais il faudra que les automobilistes soient un peu plus disciplinés car ils ont un peu trop tendance à considérer les voies pour autobus comme des voies de stationnement.
Le dossier de transporturbain, retraçant le cheminement du projet Nemo et l'échec du retour du tramway à Amiens, a été mis à jour.