Alstom développe un nouveau Citadis pour Francfort
C'est suffisamment rare pour le souligner, mais au-delà du symbole, il y a peut-être aussi une inflexion stratégique, à moins qu'il faille y voir une stratégie du constructeur français avant son mariage avec Siemens. Alstom a remporté un marché de 100 M€ pour la fourniture de 38 tramways en tranche ferme. Une option de 15 rames figure au marché. Le constructeur ne manque pas de souligner son retour sur le marché allemand, très largement dominé par Bombardier et Siemens, même si les percées de Stadler et CAF avaient été remarquées.
Pour l'emporter, Alstom a développé un nouveau produit, toujours appelé Citadis, mais très différent des matériels déjà produits depuis près de 20 ans, qui n'ont guère réussi à s'implanter sur des réseaux anciens. Il s'agit d'une des versions du Citadis Spirit, initialement développé pour le marché canadien (Ottawa et Toronto pour le moment), destinée à des lignes plus longues et surtout plus rapides pusiqu'Alstom annonce une vitesse maximale de 100 à 105 km/h.
L'architecture présentée pour Francort présente en apparence des similitudes avec les RégioCitadis circulant sur le Randstadrail et à Kassel, mais il s'agit bien d'une plateforme nouvelle.
D'une longueur de 31,5 m, il comprend 3 caisses longues reposant sur 4 bogies, dont 2 pour la seule caisse centrale. Il s'agira de véritables bogies pour respecter les contraintes géométriques du réseau de Francfort. Pour autant, les rames seront à plancher bas intégral, sans emmarchement intérieur. Elles disposeront de 4 portes doubles, dont 2 sur une des caisses d'extrémité. La capacité de ce nouveau Citadis est annoncée à 197 places. Ces rames devraient être assemblées sur le site espagnol de Barcelone.
Cette plateforme, assez radicalement différente des actuels Citadis avec bogies Arpège et même la nouvelle version avec bogies Xège, apparait adaptée à des lignes à caractère suburbain voire interurbain, par une configuration proposant un peu plus de places assises et une porte de moins à longueur comparable que la gamme urbaine existante. Si on prend deux exemples français de lignes de type urbain rapide, le T2 francilien et le T3 lyonnais, il serait intéressant de comparer les capacités atteignables en extrapolant la base Citadis Spirit à environ 65 m par comparaison à des compositions de 2 x 32 m (dont on semble commencer à parler à Lyon). Reste la perte d'une porte par rapport à la gamme urbaine, qui, sur des lignes très chargées, est toute aussi importante pour l'exploitation.
Réflexion faite, la proposition d'Alstom ressemble farouchement à une stratégie du tout pour le tout avant la fusion avec Siemens : à 2,63 M€ par rame sur un produit assez spécifique, on est même tenté de dire qu'Alstom cherche à casser les prix...