23 juin 2019

Amiens : on a testé Nemo

Enfin ! Un peu plus d'un mois après l'inauguration du nouveau réseau composé de 4 lignes de bus à haut niveau de service, nous avons effectué notre premier test des lignes baptisées Nemo et de leurs autobus articulés électriques ie.tram produits par Irizar.

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Amiens - Place Alphonse Fiquet - 21 juin 2019 - Intermodalité en gare centrale d'Amiens : les arrêts sont plutôt disposés autour du carrefour du boulevard Albert Ier, lui-même en travaux ce qui rend l'accès aux arrêts parfois délicat. © transporturbain

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Amiens - Boulevard Albert Ier - 21 juin 2019 - Voies réservées mal délimitées = stationnement irrégulier assuré... © transporturbain

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Amiens - Rue Leclerc - 21 juin 2019 - La ligne N4 n'est pas encore équipée des prometteurs bus électriques Irizar mais les Citaro articulés ont été redécorés pour adopter l'identité Nemo. Notez le couloir réservé dans l'axe de la chaussée à hauteut de cet arrêt aménagé en ilôt. © transporturbain

Du côté du matériel roulant, le bilan est assez satisfaisant et on a presque envie de dire qu'il ne manque que des perches pour en faire de bons trolleybus : le basque est nerveux, performant, mais reste silencieux. L'intérieur est très clair, amplifié par les sièges en plastique translucide : très à la mode mais pas forcément des plus confortables. C'est d'ailleurs une conséquence de la masse à vide accrue de ces autobus du fait des batteries : il faut alléger au maximum les aménagements intérieurs. C'est aussi la raison pour laquelle, dans la partie avant du véhicule, le nombre de places assises est très faible, puisqu'autour de la deuxième porte, on trouve 2 emplacements pour fauteuils roulant et un pour les poussettes. Au passage, la palette d'accès est manuelle, et il arrive même que les voyageurs s'occupent eux-mêmes de la manutention, ce qui accélère le service (en évitant au conducteur de quitter son poste) et montre qu'il existe encore une certaine forme de sociabilité et d'entraide. Tant mieux ! C'est aussi la raison pour laquelle l'intérieur recourt largement au plastique, toujours dans la chasse aux kilos.

Si le bus nerveux, cette qualité est à manier avec prudence : la tenue de route semble correcte sur chaussée sèche mais bien plus délicate sur des chaussées humides. C'est la conséquence du positionnement imposé des batteries en toiture, rehaussant le centre de gravité de l'autobus.

Toujours au chapitre du matériel roulant, la mode veut qu'on peigne les autobus en noir, de préférence avec un peu de gris métallisé : les plus sarcastiques diront que cela fait un peu trop corbillard, les spécialistes de la communication expliqueront que cela traduit un certain standing du transport public. Pour notre part, on trouve que cela fait triste surtout (que les picards n'y voient aucune offense) dans une ville où le taux d'ensoleillement n'est pas forcément très élevé.

Passons maintenant aux aménagements et à l'exploitation. Pour l'instant, les lignes N1, N2 et N3 sont exploitées avec le matériel Irizar dont les livraisons ne sont pas achevées. La ligne N4 demeure assurée en autobus articulés Citaro redécorés pour la cohérence des 4 lignes. Les travaux de voirie ne sont pas achévés et certaines situations sont un peu confuses y compris devant la gare où le piéton ne sait pas d'emblée où il se situe... l'automobiliste non plus. Les lignes Nemo ne bénéficient pas encore totalement des aménagements prévus. Ceux réalisés sont assez simples mais parfois dimensionnés au plus juste : croisement et girations sont parfois un peu délicates, et sur certains axes, la multiplication des plateaux piétonniers ralentit les bus tout en multipliant les secousses. Aux arrêts, l'information reste limitée en attendant la mise en place des écrans d'information dynamique.

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Amiens - IUT - 13 juillet 2019 - Le pantographe du véhicule se lève pour rejoindre la borne de rechargement : l'ajustement du véhicule doit être précis pour que le captage soit efficace pendant le stationnement au terminus. © Ph. Nemery

L'exploitation semble progresser au fur et à mesure de la fiabilisation des autobus (mais il y a du chemin à parcourir). Les intervalles sont globalement respectés mais il faudra que les automobilistes soient un peu plus disciplinés car ils ont un peu trop tendance à considérer les voies pour autobus comme des voies de stationnement.

Le dossier de transporturbain, retraçant le cheminement du projet Nemo et l'échec du retour du tramway à Amiens, a été mis à jour.

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24 mai 2019

Amiens : premier BHNS électrique par biberonnage en France

Mis en service le 11 mai dernier, le BHNS Nemo de l'agglomération d'Amiens se distingue à plusieurs égards. D'abord, il a pris la succession d'un projet de tramway insuffisamment soutenu localement, torpillé après l'alternance politique des élections municipales de 2014. Ensuite, Il s'agit d'un réseau composé de 4 lignes, entrainant une restructuration plus large de la desserte de l'agglomération. C'est aussi le premier BHNS électrique fonctionnant avec un dispositif de biberonnage en station, déjà expérimenté à Genève sur la ligne 23 et introduit en fin d'année dernière sur la ligne 17 à Berne (projet TOSA). Enfin, c'est la première exploitation commerciale à grande échelle d'autobus Irizar, dans la version articulée ie.tram18.

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Borne de recharge des batteries en station. Les conducteurs bénéficient d'une assistance pour lever le pantographe de captage pendant l'arrêt. (cliché X)

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Devant la gare d'Amiens, dont la place avait été transformée voici une bonne décennie. L'allure de ces véhicules n'est pas sans rappeler le tramway de Tours... mais sans recours à un designer célèbre. (cliché X)

D'une longueur de 18,73 m, les 43 véhicules commandés disposent de 32 places assises et de 4 portes. La porte avant est à vantail unique de 80 cm d'ouverture et les autres portes à 2 vantaux procurent une ouverture de 1,20 m.

La motorisation est founie par Alconza, filiale du groupe Irizar, d'une puissance de 235 kW et développant un couple maximal de 2300 Nm. Les batteries lithium-ion  nécessitent un temps de charge d'environ 5 minutes pour une puisssance maximale de 500 kW.

Les conducteurs sont assistés par un système embarqué pour l'accostage aux points de rechargement afin de positionner le pantographe, dissimulé dans le caréange de la toiture, . Ce guidage optique permet de corriger la trajectoire du bus pour que celui-ci se positionne au mieux sous le point de captage du courant. D'autres opérateurs ont fait le choix inverse avec des pantographes sur la borne de recharge qui descendent sur une zone de captage installée en toiture.

Jusqu'au 16 juin, le service est gratuit... le temps de roder le nouveau système, que les conducteurs s'habituent à ce nouveau type de véhicules. Irizar doit également achever la livraison des véhicules et fiabiliser le système de rechargement qui a causé quelques tracas les premiers jours avec de notables perturbations du service.

L'un de nos lecteurs nous a transmis (merci à lui) ses premiers commentaires :

  • actuellement, un tiers du parcours prévu d'être équipé en BHNS bénéficie d'un site propre, les équipements en station sont encore en cours d'installation et certains arrêts n'ont même pas encore d'abri ;
  • la ligne n4 est exploitée pour l'instant en bus articulés avec une livrée spécifiques. L'équipement BHNS est en cours mais les bus circulent actuellement au milieu des voitures ;
  • des déviations ont été mises en place sur les lignes n2 et n3 en raison de dysfonctionnements sur le site propre conxernant soit la gestion d'une section à voie unique soit les barrières de protection du site propre ;
  • le carrefour à l'ouest de la station Polycliniques vers Promenade se retrouve encombré par le bus en attente d'ouverture de son signal ;
  • quand ils fonctionnent, les ie.tram 18 sont assez performants, l'intérieur est lumineux. La Métropole a fait le choix de sièges en plastique pour l'hygiène ;
  • le libre-accès par les 4 portes améliore les temps de stationnement aux arrêts ;
  • certains regroupements de correspondances s'avèrent peu efficaces (Tanneurs, La Veillère et Vogel regroupés à l'arrêt Vogel).

Nous reviendrons ultérieurement sur Nemo (quand nous trouverons le temps d'aller faire un tour à Amiens...).

Irizar produira également les autobus électriques de Aixpress, le BHNS d'Aix en Provence, tandis qu'une autre nouveauté se profile avec Fébus, le BHNS de Pau, qui sera exploité avec des bus munis d'une pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène, fournis par Van Hool.

Dans tout ce foisonnement technologique, Saint Etienne fera preuve de classicisme (et de prudence) avec l'arrivée des nouveaux trolleybus Solaris... tandis qu'on attend le résultat de la commande de 20 trolleybus articulés à Lyon.

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19 novembre 2018

Amiens : début des essais des bus électriques

Le réseau de BHNS amiénois baptisé Nemo sera mis en service au mois de mars prochain mais les deux premiers autobus articulés "ie tram" du constructeur espagnol Irizar, livrés début novembre, débutent leurs essais, notamment pour vérifier la compatibilité entre le véhicule et les bornes de recharge des batteries implantées sur le parcours. Ensuite, d'autres essais plus conventionnels vont être menés, pour tester la conformité du gabarit sur les voiries réaménagées, le système de priorité aux carrefours, le tout avec une formation des conducteurs, moins pour la maîtrise des bus articulés (qui existent déjà de longue date à Amiens) mais surtout pour appréhender la conduite d'un véhicule électrique (le trolleybus à Amiens, c'est une histoire révolue depuis 1964) et  surtout la procédure d'accostage pour la recharge des batteries pendant les arrêts.

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Présentation des autobus électriques ie tram produits par le constructeur espagnol Irizar, également lauréat des projets de BHNS d'Aix en Provence et de Bayonne. Le matériel amienois se caractérise par des sérigraphies sur les côtés du véhicules et un liseré rouge qui égaie une livrée un peu sombre... (cliché X)

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24 octobre 2017

Après Bayonne, Amiens choisir Irizar

Deuxième succès pour le constructeur espagnol d'autobus, toujours dans le domaine des BHNS électriques. Après Bayonne, c'est Amiens qui adopte l'i2e, cette fois en version 18 m. Une jolie commande puisqu'elle comprend 43 véhicules à l'allure profilée, mais pour l'instant orné d'une livrée à dominante noire. Ces autobus à rechargement au terminus disposent d'un pantographe installé sur le véhicule. Le constructeur annonce un temps de "mise en contact" de 5 minutes pour permettre au véhicule d'assurer un trajet complet en toute autonomie.

Présentation à Busworld 2017 du BHNS d'Amiens avec son allure profilée et le système de biberonnage. (cliché Irizar)

Le coût d'acquisition des véhicules est de 30 M€. Amiens Métropole n'a pas encore tranché entre la location et l'achat des batteries.

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15 mars 2017

Amiens : enquête publique pour 4 lignes de BHNS

Après l'abandon du projet de tramway, l'agglomération d'Amiens a promu un projet de BHNS jugé suffisant par rapport à la densité de population et plus en phase avec les moyens mobilisables par la collectivité. Le nouveau projet propose 4 lignes de BHNS, totalisant 44 km dont 22 en site propre, qui devraient placer 62% de la population à moins de 400 m de ce réseau. Nouveauté, il prévoit l'acquisition de 43 bus articulés électriques rechargeables par biberonnage au terminus.

BHNS Amiens

Le coût du projet atteint 122 M€ : 7 M€ d'études, 56 M€ pour les aménagements de voirie, 34 M€ pour les autobus, 5 M€ pour les systèmes d'exploitation et de recharge des batteries et 20 M€ pour un nouveau dépôt.

On rappellera qu'après le changement de majorité suite aux élections municipales de 2014, le projet de tramway à 240 M€ pour 11 km avait été retoqué au profit d'un BHNS de 37 km pour 34 à 37 M€ pour l'infrastructure et 22 à 37 M€ pour les autobus (voir notre article du 1er septembre 2014). Mine de rien, entre temps, le budget alloué au BHNS a tout de même doublé...

En outre, le projet de BHNS concentre des critiques assez comparables au tramway en matière de travaux et d'impact sur les commerces, avec les arguments habituels sur les conséquences du réaménagement des voiries sur leur activité du fait du réaménagement du stationnement en surface : arguments auxquels on répondra que ce n'est pas le stationnement qui fait la chalandise d'un commerce mais la commodité d'accès et de circulation des piétons sur les trottoirs... et la politique générale d'urbanisme de villes un peu trop charmées par les arguments sur l'emploi (invérifiables) en faveur de la prolifération des zones commerciales périphériques...

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01 septembre 2014

Amiens : fini le tram, voici le BHNS

Après les élections municipales du printemps dernier, la nouvelle majorité a décidé d'abandonner le projet de tramway jugé trop coûteux. L'alliance avec Caen pour le matériel roulant a été rompue et l'agglomération a présenté son nouveau projet : 3 lignes de BHNS formant un réseau de 37 km estimé entre 34 et 37 M€, soit tout au plus 1 M€ du kilomètre. A ce prix, les aménagements devraient être réduits à leur plus simple expression... ou alors les amiénois doivent se préparer à l'annonce d'un coût supérieur une fois la décision de faire un BHNS actée. Le coût du matériel roulant oscillerait entre 22 et 37 M€.

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08 avril 2014

Amiens : douche écossaise pour le tramway

Les élections municipales ont entrainé une alternance politique à Amiens où le maire socialiste sortant, Thierry Bonté, a été défait par l'UMP Brigitte Fouré. Au coeur de la campagne électorale, le projet de tramway a été particulièrement malmené. La nouvelle maire d'Amiens souhaite remettre profondément en cause le projet considérant que seul un tramway sur pneus, plus économique, pourrait être maintenu.

Première gaffe - et de taille - pour le nouvel édile qui manifestement ne connaît pas vraiment la situation des réseaux exploitant des tramways sur pneus, Brigitte Fouré fait une entrée remarquée au hit-parade des "petites phrases maladroites" des nouveaux élus en prenant en référence... Nancy et son TVR !

A moins que madame la maire ne décide de s'orienter vers un simple trolleybus, auquel cas, la stratégie d'alliance avec Caen volerait en éclat.

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12 mai 2013

Amiens : premier tracé

Voici le premier schéma du projet de tramway d'Amiens, tel qu'il est proposé au débat par l'agglomération à ses habitants. Au nord, la desserte du quartier du Pigeonnier et d'un futur quartier sur la zone dite "Frange Nord" concernerait 17 900 habitants et 3100 emplois à terme avec cette zone aménagée. L'alternative plutôt orientée au nord-est viserait plus de 20 000 habitants et plus de 3300 emplois.

LE TRACÉ GLOBAL

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18 novembre 2012

Amiens vote pour le tramway

Depuis quatre ans, l'agglomération d'Amiens étudiait l'amélioration de son réseau de transports en commun et comparait les avantages et inconvénients du BHNS et du tramway. Finalement, hier soir, le tramway a été adopté à la majorité du conseil municipal. La première ligne, d'orientation nord - sud, devrait desservir l'hôpital, la gare et la citadelle.

Le contexte est peu favorable aux transports en commun dans cette agglomération : le réseau a perdu près de 40% de sa fréquentation entre 1997 et 2007. Les élus amiénois espèrent donc que le tramway sera l'outil permettant de relancer un réseau jugé peu attractif par la population. Il est vrai que les conditions de circulation sont assez favorables dans la capitale picarde...

280610_CITAROalbert1er_1Amiens, mail Albert 1er - 28 juin 2010 - Le réaménagement de la gare en 2009-2010 a permis de créer quelques aménagements pour les autobus sur le maire Albert 1er notamment emprunté par une ligne à haut niveau de service équipée de Citaro customisés. © transporturbain

Petite précision : c'est un tramway sur rails qui a été adopté par Amiens...

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