Vers l'interdiction des bus au gaz ?

Si l'objectif est d'abord de se passer du gasoil et des moteurs Diesel, la proposition, bientôt en débat, de la Commission Européenne, pourrait rapidement sceller le sort des motorisations thermiques : il s'agirait d'interdire la vente de bus avec motorisation au gaz à partir de 2030, étant entendu que les véhicules livrés avant la date retenue pourront continuer à circuler jusqu'à leur réforme.

Nice - Rue de France - 29 octobre 2012 - Dans les années 1990, plusieurs villes ont engagé une évolution de leur parc d'autobus vers des motorisations au gaz, comme ici avec ce GX217 Volvo-Heuliez circulant sur un axe où a depuis été réalisée la deuxième ligne de tramway. Le cliché est pris à la hauteur de l'actuelle station Centre Universitaire Méditerranéen. © transporturbain

Cependant, les alternatives, électriques, sont pensées d'abord avec des batteries et éventuellement avec de l'hydrogène, posant de nombreuses questions :

• compte tenu du nombre de véhicules concernés, il faudrait une industrie de la batteries bien implantée en Europe, tant pour l'extraction des matériaux nécessaires que leur production : or actuellement, les importations de Chine sont largement dominantes... et on mesure à quel point être dépendants d'un fournisseur de matières stratégiques peut être un problème... ;
• la solution recourant à l'hydrogène est encore en phase de développement et d'expérimentation avec des piles à combustible nécessitant de toute façon des batteries en complément ;
• la perspective d'utilisation de l'hydrogène non plus avec une pile à combustible mais avec un moteur thermique commence à être examinée par les motoristes ;
• évidemment, il n'est même pas certain que dans le champ des possibles, on ne réserve ne serait-ce qu'un strapontin au trolleybus, qui, certes, a besoin de métaux pour la construction des infrastructures, et de batteries pour assurer leur autonomie (a minima en secours), mais dans des proportions nettement moindres que pour des autobus totalement indépendants d'installations fixes.

Mettre une croix sur une solution technique est possible... encore faut-il tracer un chemin clair pour engager la transition.

Comments

[Eric_S]

Ça reste curieux de mettre plus de contraintes sur les transports en commun que sur les véhicules individuels, dans le cas présent d'interdire les bus thermiques en 2030 avant les voitures thermiques en 2035. Ça revient à pénaliser les transports en commun et favoriser la voiture, qui, même électrique, est loin d'être une solution environnementalement acceptable.

[Grand Veneur]

> compte tenu du nombre de véhicules concernés, il faudrait une industrie de la batteries bien implantée en Europe, tant pour l'extraction des matériaux nécessaires que leur production



Cela sera nécessaire pour les voitures électriques, construites en beaucoup plus grand nombre que les bus.

[dbastien]

L’hydrogène n’est intéressant que s’il est ”fatal” (sous-produit de l’industrie aujourd’hui brûlé) ou stocké à partir d’énergies décarbonées.

Sinon, il vaut mieux utiliser directement l’électricité.

Quand aux "bio-énergies", il y a de quoi être sceptique. C’est souvent utiliser du végétal pour produire du CO2 en se disant que plus tard la nature en absorbera autant.

[Mickaël]

Il y a une nuance très importante qu'il reste à éclaircir: les carburants BioGNV sont-ils concernés par la mesure ?

S'ils le sont au profit de l'hydrogène, alors ce sera la plus grande hypocrisie de l'histoire de la lutte climatique, quand on sait dans quelles conditions continuera d'être produit l'hydrogène en 2030.

L'hydrogène en tant que moyen de propulsion n'est même pas au point et l'électrique à batteries n'est pas convainquant, donc je ne comprends pas ce que cherche à faire l'UE là dedans...

[François LH]

Comme le disait Coluche : "Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tord qu'ils ont raison".

[BONIN Stéphane]

L' UE veut encore se faire remarquer . Alors que le reste du Monde n' à pas prévu d' abandonner le thermique !