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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains
15 février 2023

Pas de ZFE ni de ZTL sans bons transports en commun !

Condamné en 2017 pour inaction en matière de transition écologique, l'Etat ne cesse de trainer les pieds : le délai de 3 ans accordé par le Conseil d'Etat a expiré sans mesure concrète, amenant cette institution à prononcer une sanction financière de 10 M€ par semestre d'inaction, portée à 20 M€ l'été dernier. La loi Climat et Résilience a été adoptée à l'été 2021 et reste de portée très insuffisante : elle se cantonne à l'incitation à l'achat de véhicules électriques (voitures et vélos), à l'interdiction des vols intérieurs sur un trajet de moins de 2h30 en train, au développement de la formation à l'écoconduite et à l'instauration de Zones à Faibles Emissions en milieu urbain. C'est assez léger, non ?

Ces dernières seront obligatoires pour toute agglomération d'au moins 150 000 habitants à compter de 2025, soit 43 ZFE. Actuellement, 4 existent et 7 sont en cours d'élaboration. Pour l'instant, ces zones ne sont qu'incitatives, mais l'Etat prévoit l'installation de nouveaux radars adaptés pour verbaliser les véhicules ne répondant pas aux critères d'émission (amende prévue : 68 €).

Cette mesure s'inscrit dans une forme de continuité d'orientations pas vraiment favorables aux transports en commun. Pour résumer, la ZFE crée une barrière technologique sur un seuil d'émissions des motorisations pour tendre vers la voiture électrique, sans remettre en question l'usage et les effets de congestion. Elle peut aussi créer une barrière sociologique selon la capacité des ménages à pouvoir disposer d'un véhicule autorisé.

Il existe une autre forme de restriction, la Zone à Trafic Limité, qui sélectionne par l'usage (en excluant les flux de transit et les non-résidents), mais qui sont parfois assimilées au principe du péage urbain : ce n'est cependant pas automatique.

Le nouveau dossier de transporturbain tente une analyse sur ce thème et rappelle que les bons leviers de réduction de la dépendance à la voiture sont déjà connus de longue date et ont déjà commencé à être mis en oeuvre par nombre de collectivités : améliorer les transports en commun, les coordonner entre eux (y compris les modes individuels), les intégrer à des politiques d'urbanisme durable fondées sur une maîtrise de l'étalement urbain et une planification coordonnée rendant naturelle l'usage de ces réseaux.

Finalement, ne serait-on pas en train de confondre - à dessein - le gâteau (planification coordonnée transport - urbanisme) avec la cerise (les mesures de restrictions de circulation des voitures particulières) ? D'oublier de nombreux facteurs (la congestion par exemple), voire provoquer des clivages sociologiques, selon la capacité des ménages à éviter d'aller toujours plus loin trouver un logement compatible avec leurs revenus, et donc dépendre de plus en plus de la voiture qui leur est pour partie inaccessible, du fait du coût d'acquisition d'un modèle électrique, malgré le fort soutien gouvernemental à cette filière ?

Mais il est vrai que cet axe finalement très classique d'évolution des villes suppose d'importants investissements et des choix politiques forts, y compris contre des acteurs (pas seulement économiques) à fort pouvoir de pression sur les élus locaux et nationaux...

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Commentaires
D
Dossier très intéressant sur la distinction ZTL/ZFE. Sentiment à la lecture que le but recherché est noble mais les moyens, plus orientés sur les conséquences que sur les causes (la dépendance automobile, l'étalement urbain...). En particulier en ce qui concerne la ZFE, la question de l'acceptabilité sociale apparait centrale un contexte d'inflation et avec le précédent des gilets jaunes (et j'ai l'impression que c'est que la fameuse "France périphérique", qui ne bénéficie pas d'une offre TC performante et dépend de l'automobile pour accéder aux centres urbains, qui sera pénalisée).<br /> <br /> A l'heure où l'on parle beaucoup de "RER provinces" ou "REM" il me semblerait intéressant de lier les deux sujets, en clair : pas de ZFE sans REM = pas de contrainte sur les VP sans investissements dans les TC. En effet ces REM visent justement à desservir des zones plus éloignées des centres et qui sont plus fortement dépendantes de l'automobile. Ce serait aussi une façon de doser "le sucré et le salé" pour reprendre un concept à la mode sur les réformes des retraites. <br /> <br /> Il serait aussi intéressant d'accompagner la mise en place de ces futurs REM avec la constitution d'autorités organisatrices qui couvriraient les périmètres REM, avec dans leur feuille de route l'intégration tarifaire et la coordination entre modes. Ces autorités pourraient être les bons organismes pour définir les modalités et périmètres de mise en place des ZFE/ZTL.
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B
Vous écriviez plus haut, @dbastien : <br /> <br /> <br /> <br /> "La ZTL a pour but de changer la vie des centres-villes en bannissant presque entièrement, quand ce n'est pas totalement, la circulation automobile. Est-ce que cela va accélérer ou ralentir le déclin des centres-villes ? "<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai constaté que, parmi les pays que je connais, celui qui a le plus généré le déclin de ses centres villes, c'est celui qui a le plus permis leur accès par l'automobile : <br /> <br /> <br /> <br /> je parle des USA, ou des agglomérations moyennes qui dans les années 70 se composaient encore de "banlieue - CENTRE - banlieue" étaient devenues 15 ou 20 ans plus tard "banlieue - BANLIEUE - banlieue"<br /> <br /> <br /> <br /> Quoi qu'on fasse, les centres urbains ne sont et seront jamais compétitifs en matière de facilité de desserte automobile. La question du déclin que vous posez mérite de l'être, mais la réponse n'est pas à trouver sous la forme automobile : celle ci contribue à les tuer.<br /> <br /> <br /> <br /> "On ne peut pas résoudre un problème avec le mode de pensée qui l’a engendré" (a dit Albert Einstein).
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D
Mais vous vous trouvez hors sujet avec le gros électroménager et les meubles. Certes Paris est une ville suffisamment dense et importante pour qu'on y trouve des Boulanger ou Darty. Et même des Leroy-Merlin. Mais rares sont les villes de province à avoir encore ce type de commerce dans le centre.<br /> <br /> Et pour les meubles, j'étais il y a 4 jours dans une ville où le dernier magasin de meubles (je parle de vrais meubles encombrants) affichait : "Nous avons déménagé. Retrouvez-nous dans la zone ...".
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D
Il faut bien voir que ZTL et ZFE ne répondent pas du tout au même objectif, sauf celui de réduire la pollution atmosphérique en centre-ville.<br /> <br /> <br /> <br /> Les ZFE n'ont, en principe, pas le but de réduire la circulation, mais d'obliger les citoyens à avoir un comportement écoresponsable en s'achetant de nouvelles voitures. Avec quelques dégâts sociaux.<br /> <br /> <br /> <br /> La ZTL a pour but de changer la vie des centres-villes en bannissant presque entièrement, quand ce n'est pas totalement, la circulation automobile. Est-ce que cela va accélérer ou ralentir le déclin des centres-villes ? Car c'est bien la question du devenir du centre-ville qui se pose aujourd'hui. Comme on le disait sur une radio ce matin : "On ne repart pas du BHV en vélo avec ses tringles à rideau". Ou comme le déclarait un gérant de magasin frappé de plein fouet par une nouvelle zone piétonne (-30% de fréquentation selon lui) :"On ferme sans attendre la catastrophe".<br /> <br /> <br /> <br /> De bon TC permettent-ils de limiter les dégâts, ou faut-il se résigner à faire du centre-ville une zone uniquement récréative et touristique ?
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B
Merci pour vos explications <br /> <br /> . Visiblement, pour faire plaisir à certains, on va ennuyer 1 Français sur 2 . Aucune ZFE ne devenue être autorisée sans une alternative crédible en TC, RER notamment pour Toulouse, Bordeaux, et quelques autres.
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B
Bernard, vous dîtes bien une ZTL de 3 kilomètres carrés pour Bologne, et 1 pour Ferrare ? Alors qu' en France, se sont de véritables agglomérations qui seraient interdites à la moitié de la population ????????
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B
Comme d'habitude, on ignore la première solution évidente et peu coûteuse : rendre les villes marchable et cyclable.<br /> <br /> On règle d'autant plus facilement un problème qu'on en a diminué l'ampleur.<br /> <br /> Mais comme cela ne rapporterait rien aux copains et aux coquins...
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B
Les ZTL italiennes (le pays qui pratique le plus) sont généralement assez vastes. <br /> <br /> 3 km2 à Bologne, <br /> <br /> 4,5 km2 à Florence, <br /> <br /> 1 km2 à Ferrare<br /> <br /> Les lignes de bus les traversent, tout simplement. <br /> <br /> Ferrare - modeste en population - a une part modale du vélo de 27 %.<br /> <br /> Bologne est à 20 %
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B
Dans le Marianne n° 1352 (peut-être encore en kiosque ce jeudi), page 16 et 17, la ZFE kafkaïen de Toulouse.
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H
600 milliards d'€ dépensés depuis la crise COVID et peu pour les TC, pas besoin de deviner que les TC ne sont pas une priorité de l’État. En périphérie, le RER avec les infrastructures ferroviaires reste un vaste projet...<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, il y a un autre sujet pas évoqué dans l'article.<br /> <br /> <br /> <br /> Ceux qui ne peuvent pas acheter une voiture électrique, que font-ils ? C'est simple, le leasing à 100 € par mois. Je ne sais plus quel politique élu à Bruxelles parlait avec "beauté" de cette possibilité. Sauf qu'aujourd'hui, le leasing à 100 € par mois pour l'électrique, ça n'existe pas au alors ce sera une voiturette !<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ajouter les bornes de recharge dans l'habitat collectif, la solution existe. Le sujet a été évoqué à ma dernière AG de copro. Il faut signer un contrat avec une société. La pose des bornes est gratuite, mais l'utilisateur qui veut en bénéficier doit payer un abonnement + consommation d'énergie. Mais surtout, la société bénéficiera pour je ne sais plus si c'est 10/15/20 ans d'une exclusivité de gestion et maintenance, c'est à dire qu'aucun autre prestataire ne pourra fournir de l'énergie à la place de celui sélectionné. Donc, rente de situation.<br /> <br /> <br /> <br /> Autre problème, avec quelle énergie on va recharger les batteries de tous ces véhicules ? Vu que déjà, c'est difficile d'en produire pour couvrir les besoins actuels...<br /> <br /> <br /> <br /> Le composants électroniques ne sont pas non plus disponibles à l'infini. Peut-être serait-ce la raison à privilégier les TC...<br /> <br /> <br /> <br /> En fait derrière tout ça en effet, il y a clairement une volonté de différencier les usagers selon ceux qui peuvent acheter un véhicule électrique et ceux qui ne pourront pas même en leasing.<br /> <br /> <br /> <br /> L’État cherche à ne pas s'engager financièrement et laisse le soins aux citoyens de se débrouiller eux-mêmes et les collectivités de faire ce qu'il faut avec les moyens restants.<br /> <br /> <br /> <br /> Pourtant, les faits sont là, la raréfaction des ressources nécessite en effet de développer les TC au lieu d'envoyer l'illusion qu'il suffit de remplacer des moteurs thermiques par de l'électrique.
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G
Un pays endetté à hauteur de 6000 milliards, un pays qui ne produit plus rien (180 milliards de déficit commercial) avec des dépenses publiques couvertes seulement à 55% par des recettes… on le trouve où le bon brouzouf pour les transports dans les ZFE ? Ah oui vite : une taxe …
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