Bordeaux réfléchit quand même encore au tramway
Le tramway, finalement, on y revient ?
L'année prochaine, la ligne A du réseau de tramways bordelais disposera d'une antenne de plus entre Mérignac et l'aéroport. Au-delà, à ce stade, aucune nouvelle extension n'est envisagée, le prolongement de la ligne D étant différé. Certains font replonger la Métropole dans les vieilles lubbies des années 1980 avec l'espoir - le mirage ? - d'un métro. Néanmoins, quelques études vont être réalisées en 2023 pour compléter le maillage du réseau, signe qu'une approche pragmatique est peut-être en train de mûrir :
- le shunt de Mériadeck sur la ligne A pour accélérer certains services, avec une courte section sur le cours Maréchal Juin (numéro 1 sur la carte ci-dessus) : elle pourrait faire gagner environ 2 minutes pour les missions l'empruntant, le crochet par Mériadeck imposant 4 courbes négociées à faible allure, mais la fréquentation de la station demeure importante ;
- une jonction entre la Cité du Vin et la gare de Cenon via le pont Jacques Chaban-Delmas, mais qui téléscope l'étude en cours sur le téléphérique (numéro 2) ;
- le bouclage des lignes B et C entre les terminus Berges de la Garonne et Parc des Expositions (numéro 3).
Le point de vue de transporturbain
Rappelons préalablement que si l'exploitation des tramways bordelais est tendue, c'est d'abord en raison de l'organisation du réseau en étoile autour de l'hypercentre, avec la concentration du trafic et des correspondances dans le triangle Quinconces - Porte de Bourgogne - Pey-Berland. Cette géographie provoque aussi la surfréquentation des sections centrales. Il faut donc desserrer le réseau. Comme l'a déjà exposé transporturbain dans son analyse des perspectives de développement du réseau, les besoins portent d'abord sur la consistution de rocades.
En ce sens, l'étude de la liaison entre les deux rives de la Garonne (numéro 2 sur le plan ci-dessus) nous semble prioritaire : la rive droite se développe rapidement mais n'a qu'une seule ligne de tramway parvenue en limite de capacité. Il faut donc envisager une deuxième liaison. Aussi, plutôt qu'une jonction entre les lignes B et C par leurs terminus au nord, il serait probablement plus intéressant d'amorcer notre proposition de rocade sur les Boulevards en réalisant non seulement le barreau entre Cenon (idéalement à la gare) et la Cité du Vin, mais en prolongeant ce barreau pour rejoindre la ligne C, soit place Ravezies soit à la station Cracovie. Le bénéfice serait assez significatif :
- nouvelle liaison entre la rive droite et la rive gauche, desservant directement les emplois situés dans ce secteur moteur de la Métropole ;
- délestage des sections centrales des lignes A et C pour les flux allant vers les quartiers au nord des Quinconces ;
- délestage de la gare Saint Jean puisque les voyageurs arrivant par les trains régionaux desservant Cenon pourront rejoindre ce secteur de l'agglomération en faisant une correspondance en amont : c'est donc un scénario totalement compatible avec le projet de RER bordelais, qui aura aussi pour effet de soulager un peu le tronc commun aux lignes C et D entre la gare Saint Jean, les Quinconces et Ravezies ;
- compatibilité avec la poursuite d'un système de rocades tel que proposé par transporturbain avec la ligne des Boulevards (l'étape suivante serait d'atteindre l'hôpital Pellegrin pour créer des connexions avec les lignes A et D), mais aussi avec la valorisation de la ligne ferroviaire de ceinture pour former une rocade express Cenon - Pessac parfaitement complémentaire du projet de RER.