Bien avant le projet d'une cinquième ligne de métro, le tronçon Ouest du périphérique de Lyon (alias TOP et rebaptisé pompeusement Anneau des Sciences) est l'autre sparadrap qui vient se coller à toutes les campagnes électorales locales dans la métropole lyonnaise.
Mais cette fois-ci, on est peut être enfin en train de s'en débarrasser, plutôt par le haut et de façon inattendue. La présidence de la République ne serait pas du tout favorable à la poursuite d'un tel projet pour diverses raisons.Voici d'abord la déclaration via twitter du chef de l'Etat :
« On ne peut pas prétendre lutter contre le réchauffement climatique et continuer à financer des infrastructures, en France ou à l'étranger, qui augmentent les émissions de CO2. Là encore, nous serons cohérents : si elles polluent, nous ne les financerons pas ».
Appliqué au cas du TOP, une telle déclaration équivaut sans aucun doute possible à un enterrement de première classe. Qui plus est, le magazine Lyon Capitale détaille les réserves du ministère des Transports sur ce projet. Dès lors que l'Etat ne participerait pas à son financement, le TOP ne serait plus réalisable avec les seules ressources de la Métropole qui, si elle voulait le réaliser, devrait, comme pour le tronçon Nord, recourir à une concession... et donc un péage. Sujet sensible : à Lyon, on n'a pas attendu de revêtir un gilet fluorescent pour exprimer son mécontentement : dès les années 1990, le TNP enflammait les débats !
Tassin - Place Vauboin - 17 décembre 2018 - Pendant que le microcosme lyonnais dissertait sur des grands projets routiers, la desserte de la banlieue ouest de Lyon reste presque intégralement assurée par des autobus, qui ne sont évidemment pas suffisants pour envisager engager un report modal significatif et constituer une alternative réelle à l'arlésienne du périphérique ouest. © transporturbain
Autre critique, la réalisation d'échangeurs dans la banlieue ouest, dans un secteur vallonné et encore un peu boisé de l'ouest lyonnais, n'a pas vraiment les faveurs d'un Etat qui cherche à montrer que le virage écologique ne se résume pas à quelques déclarations d'intention devant des caméras. Qui plus est, l'argument de la dépollution du transport automobile par la conjonction de la voiture électrique et du véhicule autonome n'arrive pas à résister à l'épreuve des faits : la voiture électrique n'est pas si propre que cela, et le fut-elle qu'elle dédouanerait ses utilisateurs avec par conséquent une hausse du trafic... accentuée par l'autre évolution promise, celle du véhicule autonome (avec une multiplication de ce qu'on appelle, dans le langage des transports en commun, les parcours à vide), comme semble l'indiquer plusieurs études (dont celle de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich et celle d'un chercheur californien)
Après l'abandon de A45, le coup d'arrêt au bouclage du périphérique serait donc de nature à provoquer une inflexion majeure dans la politique des transports à l'échelle du bassin de vie lyonnais. Quitte à enfoncer le clou, il semble chaque jour plus évident que l'agitation lyonnaise actuelle autour d'une éventuelle cinquième ligne de métro n'est pas de nature à répondre aux besoins de l'ouest de la Métropole, ce qui remet en avant la proposition de transporturbain et de Lyon Métro Transports Publics.
Si l'abandon de l'A45 doit plutôt se traduire par le développement du RER lyonnais, à commencer par la liaison Lyon - Saint Etienne, l'abandon du TOP devrait amener à repenser complètement le schéma de desserte urbain de ce secteur, avec d'une part une remise à plat de la question de la desserte fine du plateau Ouest et une revalorisation de l'important potentiel du tram-train de l'Ouest Lyonnais. Pour cela, il faudra coordonner les offres urbaines et ferroviaires, par une convergence de vue entre la Région et la Métropole qui n'est malheureusement pas à l'ordre du jour...
Lyon Perrache - 6 septembre 2019 - Le train a un rôle considérable à jouer dans la desserte du bassin de vie lyonnais, et la rive droite du Rhône, entre Lyon et Givors puis Saint Etienne, fait partie de ces infrastructures à très haut potentiel capacitaire... mais il faudra d'abord un accord tarifaire entre une Métropole et une Région qui passent trop de temps à s'ignorer... © transporturbain
Tassin - 6 septembre 2019 - Son rôle est aujourd'hui encore trop confidentiel alors qu'il devrait être l'épine dorsale du schéma de desserte de l'ouest de la Métropole lyonnaise. Entre l'abandon de l'A45 et celle du périphérique ouest, le tram-train de l'Ouest Lyonnais constitue un puissant réservoir de capacité, moyennant des travaux complémentaires, et notamment la modernisation de la branche de Lozanne. © transporturbain
Dernier point : la Métropole a obtenu de l'Etat le déclassement des autoroutes A6 et A7 entre Dardilly et Pierre-Bénite, incluant le bien connu tunnel de Fourvière, mais la réappropriation urbaine de ces saignées routières était en partie conditionné au bouclage du périphérique. Il faut donc espérer que l'abandon de ce dernier n'emporte pas les mesures de recivilisation étudiées sur les sections déclassées...
Quelle bizarrerie que cette République où la majorité des régions en charge des transports sont résolument pro-bagnoles, et rejettent sur l'État toute responsabilité environnementale.