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transporturbain - Le webmagazine des transports urbains
15 novembre 2018

A propos du prix des carburants

C'est un sujet récurrent depuis le choc pétrolier de 1973. A l'époque, on n'avait pas de pétrole mais on avait des idées : la télé s'arrêtait à 23 heures pile, et tant pis si Guy Lux n'avait pas fini ses variétés, tandis que l'industrie automobile développait les moteurs Diesel, parce que ce carburant peu taxé était donc moins cher. Qu'importe si la R5TS consommait 17 l / 100 km en ville et si la 404 Diesel fumait bleu en dégageant un aimable nuage grisâtre... De toute façon, avec 17000 morts par an sur les routes, la voiture était reine. Les transports en commun étaient au creux de la vague, le démantèlement du réseau ferroviaire omnibus battait son plein et la modernité, c'était l'aérotrain et le Concorde...

Le prix des carburants est un marronnier médiatique et un sujet de débat récurrent, amplifié par 60 ans d'un modèle d'urbanisme organisé autour de la voiture, et plus largement sur une dépendance aux transports, selon des concepts développés dans les années 1930 entre autres par Le Corbusier. A tel point que cette relation à la voiture en est devenu quasi-maladive dans les villes, puisque la très grande majorité des trajets quotidiens n'excède pas 5 km... et 58% d'entre eux ne dépassent pas une longueur d'un seul kilomètre. Il y a toujours des excuses, plus ou moins valables (plutôt moins que plus en général)... et pendant ce temps, la pollution augmente, l'air est de plus en plus vicié, les maladies respiratoires augmentent et apparaissent de plus en plus tôt. Mais le problème, c'est d'augmenter le prix des carburants.

D'abord, cette hausse est d'abord le fait de la conjoncture internationale et de la partié dollar / euro. Ensuite, il est vrai que la décision d'augmenter les taxes intérieures sur les produits pétroliers coïncide avec un pic à peu près comparable à celui de 2012. Mais si on veut que la transition énergétique soit autre chose qu'un discours, il faut bien une dose d'incitation, et les belles paroles ne suffisent pas. Plus contestable en revanche est l'absence de transparence quant à la destination de ces recettes supplémentaires, surtout quand on constate que l'Etat est devenu complètement défaillant en matière de financement des infrastructures, qu'elles soient ferroviaires ou routières, et ne s'avère plus un partenaire fiable des collectivités locales pour les accompagner dans la mise en oeuvre de projets d'amélioration des transports en commun. Même chose quant à sa responsabilité en matière d'aménagement du territoire, à ceci près que, sur ce point, les collectivités ne sont pas non plus exemplaires pour favoriser la réduction des distances parcourues et une maîtrise des besoins énergétiques.

Alors dans cette actualité chaude, le point de vue de transporturbain ne manquera certainement pas de susciter des commentaires... mais nous vous incitons aussi à (re)lire notre dossier Urbanisme, déplacements et choix modaux, tout comme le dossier de transportrail sur l'écotaxe.

Lire également l'excellente chronique d'Olivier Razemon.

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Commentaires
G
Pour ceux que ça intéresse, une émission intéressante ici sur les problèmes de logement, évidemment fortement liés à la question de l'étalement urbain et du recours à l'automobile :<br /> <br /> https://fr.sputniknews.com/radio_sapir/201811231039026984-marseille-pourquoi-le-mal-logement-tue-en-france/<br /> <br /> <br /> <br /> Si c'est trop HS, le modérateur peut évidemment sucrer.
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R
La complainte s'accompagne de l'auto-désignation classique de "vache à lait" par l'automobiliste. En fait, c'est le contribuable qui est la vache à lait du bagnoliste.
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R
Concernant les endroits où on utilise plus le vélo qu'en France, les cyclistes n'ont pas peur d'affronter les mauvaises conditions météo. Ils ont tout le matériel qu'il faut pour ça. Ils ont toutes sortes de vélos pour remplir diverses fonctions. Nous pourrions le faire en France, ça ne demanderait pas des moyens gigantesques. Mais la bagnole rend extrêmement flemmard, physiquement et mentalement.
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R
La complainte du carburant trop cher vaut pour tous les pays bagnolisés. C'est bizarre, non ? :)
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R
C'est parce que la bagnole ne coûte pas cher et que l'État a laissé le marché immobilier libre que l'on ne peut qu'aller à perpette pour se loger quand on n'a pas de gros moyens. C'est parce que l'énergie même taxée est bon marché que toute la société en est devenue totalement dépendante. Il faudra bien, à un moment, commencer le sevrage. Il faudra que l'État reprenne très fermement la main dans bien des domaines (logement, étalement urbain, transports en commun, etc.) pour que le sevrage soit juste. Ou alors on choisit le chaos et l'effondrement programmé.
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T
Puisque ce gouvernement a du mal à sortir de l'incitation par la taxation, niant et même prolongeant le modèle "auto-centré" (cf. projets A31bis, RN2, RCEA, etc.), il pourrait dans ce cas-là taxer les surfaces dévolues au stationnement automobile.<br /> <br /> <br /> <br /> Stationnement sur voirie, parking public en surface, parking des centres commerciaux, parking des entreprises...<br /> <br /> Collectivités, centres commerciaux et entreprises auraient du coup intérêt à proposer des alternatives pour réduire la facture.<br /> <br /> Le barème favoriserait a minima l'empilement des places en silo pour éviter un étalement délirant ; l'argent récolté pourrait alors abonder l'AFITF qui devrait par ailleurs commencer à financer des aménagements cyclables.
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P
"Mais il faudra aussi tordre le cou à la croyance tenace selon laquelle la vitalité du commerce de centre-ville est liée à la capacité de stationnement et à sa gratuité… alors que la majorité de leurs clients sont des piétons."<br /> <br /> <br /> <br /> Forcément, puisque les automobilistes peinent à se garer !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, ce n'est pas en envoyant de grosses doses de mépris aux gens (et il n'y a pas qu'ici), qu'on résoudra ces questions. <br /> <br /> Je ne connais pas une seule personne qui prenne sa voiture pour un trajet de moins d'un kilomètre, donc j'ai des doutes sur la façon dont ces statistiques sont calculées. <br /> <br /> <br /> <br /> Le problème, c'est qu'on mélange tout. Pour commencer, la première priorité, c'est le réchauffement climatique. Or sur cet aspect le diesel avait un avantage sur l'essence, mais maintenant, c'est haro sur le diesel, donc ça va favoriser in fine le réchauffement climatique. Bien joué. <br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, on dit aux gens qu'il faut qu'ils arrêtent avec leurs voitures, quand bien même elles ne pollueraient en rien. Et pourtant on est bien d'accord que les transports en commun ne sont pas à la hauteur, si ce n'est dans quelques endroits où le coût du logement est exorbitant.<br /> <br /> <br /> <br /> Au final, ça commence à s'apparenter à un mépris de classe envers les moins aisés, et après, on s'étonne qu'il y ait des jacqueries...
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P
Et toujours pas de taxe sur le kérosène !!!!
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T
Je me dis surtout que les gens avant d’etre des automobilistes sont des citoyens....et que l’impot sert a financer les depenses publiques type armee education,redistribution sociale pour prendre les postes les plus importants...<br /> <br /> <br /> <br /> Cette crispation sur le prix des carburants tend a faire oublier tout cela et que d’autres impots existent qui eux ont qussi augmente (taxes foncieres,tva,impot sur le revenu....)
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P
Oui à la hausse du carburant pour inciter les ménages à délaisser leur voiture mais il faut proposer des alternatives aux ménages habitant dans des zones dépourvues de transports propres avant de taper sur le porte monnaie. Pour cela, il faudrait rouvrir ou accroître l'offre ferroviaire sur les lignes rurales or les pouvoirs publics n'ont ni l'argent (en réalité l'argent public coule à flots mais est mal utilisé par exemple la région Rhône-Alpes prête à lâcher des milliards dans l'autouroute Lyon - St-Etienne alors que les lignes ferrées entre Clermont-Ferrand et Lyon ne sont même pas électrifiées), ni la volonté politique de le faire.<br /> <br /> <br /> <br /> L'idée d'un chèque carburant est une fausse bonne idée car cela inciterait les classes populaires à habiter dans des zones dépourvues de transport en commun où le foncier est moins cher en profitant de la levée de contrainte du prix du carburant.<br /> <br /> <br /> <br /> Le mieux que l'on puisse faire, en attendant la voiture électrique et la valorisation des lignes ferroviaires rurales et des incitations financières plus généreuses à l'achat de voitures hybrides moins polluantes. À moyen terme également stopper l'étalement urbain massif en province notamment et arrêter la folie des zones commerciales (accessibles uniquement en voiture) et qui cannibalisent le commerce de centre-ville mais l'Etat est complètement aliéné par les lobbys de la Grande Distribution.
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