Bruxelles milite pour la "tramification" du 71
La ligne 71 des autobus bruxellois relie la place De Brouckere à la gare Delta, et se distingue en étant la plus fréquentée des lignes d'autobus. Maintes fois évoquée, sa conversion en tramway est régulièrement évoquée mais butte invariablement sur l'opposition de la commune d'Ixelles, alors que les instances décisionnelles de la Région de Bruxelles;
Le dossier réapparaît au travers de la demande de permis d'urbanisme (permis de construire chez nous) destiné d'une part à améliorer la circulation des lignes 25, 71 et 94 - le 25 et le 94 étant déjà en tramway - au carrefour Buyl, et d'autre part à réaménager le boulevard Général Jacques emprunté par la ligne 7 (elle aussi en tramway).
Bruxelles, 28 juillet 2012 - Au terminus de la place De Brouckere, un Citaro G de la ligne 71 au départ. Malgré la forte fréquence et l'emploi d'autobus articulés, la ligne est saturée. La conversion au tramway du 71 signifierait aussi le retour en plein coeur de Bruxelles du tramway, d'où il a disparu par les forces conjugées de la mise en tunnel de l'axe nord-sud (au carrefour situé à l'arrière-plan) et de la conversion à l'autobus de plusieurs dizaines de lignes. © transporturbain
Afin de sensibiliser les usagers, qui se plaignent régulièrement des désagréments de l'irrégularité et du manque de capacité de la ligne, la STIB a décidé de faire campagne, à sa façon, en installant des affiches suspendues aux mains courantes des autobus engagés sur le 71. La STIB prend donc parti, s'appuyant sur la légitimité des votes qui ont conduit à décider la "tramification", quitte à stigmatiser une commune, Ixelles, réputée ne pas être des plus favorables aux transports en commun. La STIB s'appuie aussi sur les déclarations du Ministre-Président, qui ne souhaite pas remettre en cause la décision de la Région. Autant dire que les réunions de concertation, dont la première se tient le 19 juin, s'annoncent animées.
On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec la situation de certains projets en France, où malgré des décisions des autorités organisatrices, certaines communes - qui ont à leur actif un pouvoir de blocage considérable avec la compétence sur la voirie mais oubliant qu'elles sont incompétentes sur l'organisation des transports en commun - retardent depuis des lustres la réalisation de certaines lignes. On pense évidemment à Noisy le Sec et le prolongement de T1, en Ile de France, feuilleton le plus emblématique des transports urbains français.
La politique de la STIB, incitant les usagers à s'exprimer - sur l'air "si vous voulez du tram, dites-le !" - pourrait aussi faire école pour les projets lors de la concertation, souvent occasion de récupération politique : c'est par exemple le cas d'Avignon où l'opposition se focalise contre le projet, plus dans la perspective des élections municipales que de l'intérêt général.
Toutefois, les exploitants, délégataires d'un service public confié par la collectivité, oseraient-ils en France prendre les latitudes d'expression que la STIB s'est octroyée ?