Genève : vers la restructuration du réseau ?
D'habitude, la Suisse donne le bon exemple ferroviaire. Pour une fois, on pourrait presque leur décerner un zéro de conduite. Selon La Tribune de Genève, les Transports Publics Genevois prévoient de restructurer le réseau de tramways en 2011, quand le projet de desserte de Bernex sera réalisé. Actuellement, 6 lignes maillées permettent des liaisons directes entre les différentes sections élémentaires du réseau, sans correspondances pour les voyageurs. Autant dire que le projet ne suscite pas un grand enthousiasme de leur part.
La ligne 12 relierait de l'est au sud Moillesulaz au Bachet via Carouge. La ligne 13, orientée nord-sud, irait des Nations au Bachet via Lancy. La ligne 14, depuis Saint-Genis - Pouilly et Meyrin La Gravière au nord-ouest serait connectée au projet Cornavin - Onex - Bernex actuellement en construction au sud-ouest de la ville. Pour les voyageurs, des correspondances à Cornavin, Bel Air et Plainpalais. Du côté de la Ville, les commentaires sont prudents compte tenu du nombre de voyageurs qui devraient changer de tramways dans ces secteurs déjà complexes pour l'ensemble des circulations (piétons, vélos, TPG et automobiles).
Les TPG prévoient des fréquences comparables sur les sections, de l'ordre de 3 minutes sur la ligne 12, de 5 minutes sur la ligne 13 et de 4 à 6 minutes sur la ligne 14. D'après les exploitants genevois, l'accumulation de tramways pénalise la régularité et la vitesse commerciale. L'argument sera-t-il suffisant pour convaincre une population qui s'est réapproprié le tramway, malgré les régulières campagnes pour le moins rugueuses du lobby automobile ? Pourtant, en Suisse alémanique, les réseaux de Bâle, Bern et Zurich sont exemplaires quant à la qualité de service, notamment grâce au maillage serré du réseau dans la zone dense.
Alors que les voix se multiplient en France pour développer les réseaux de tramways et mailler progressivement les sections élémentaires afin de proposer des liaisons directes rompant avec la logique du métro léger "une ligne = une infrastructure", la confirmation du projet genevois serait dommageable aux partisans d'un développement des réseaux dans des agglomérations où la culture du tramway est, à de rares exceptions, voisine du néant. Pour certains experts français encore empreints de la nostalgie du métro, l'orientation genevoise pourrait être assimilée à une petite victoire dont ils pourraient profiter pour vanter les mérites de la suprématie de l'ingénierie française en matière d'exploitation des tramways : il est vrai que face à la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie ou même la Belgique et les Pays-Bas, nous avons "déjà" ou "seulement" (selon les avis) 25 ans d'expérience en la matière !